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Recensement - Démographie française : quoi de neuf ?

L'Insee lance la campagne 2014 du recensement auprès d'environ 9 millions de personnes dans 8.000 communes en s'appuyant sur 23.000 agents recrutés par les mairies. Il rend public à cette occasion le bilan démographique 2013, toujours marqué par une croissance, bien que moindre. Mais aussi une étude sur "Trente ans de démographie des territoires", qui met notamment l'accent sur le poids des aires urbaines et de leurs périphéries.

En 2013…

La population de la France a continué d'augmenter l'an dernier, atteignant les 66 millions d'habitants, mais cette croissance démographique a été la plus basse depuis l'an 2000, en raison notamment d'une baisse de la fécondité, selon les chiffres annuels publiés ce mardi 14 janvier par l'Insee. La France compte aujourd'hui 280.000 habitants de plus qu'en janvier 2013 (+0,4%). 63,9 millions de personnes vivent en France métropolitaine et 2,1 millions dans les cinq départements d'outre-mer (dont 0,2 million à Mayotte, devenu département en 2011).
"La croissance démographique française reste supérieure à la moyenne de l'Union européenne, mais c'est la plus basse depuis l'an 2000", a commenté Pascale Breuil, chef de l'unité des études démographiques et sociales de l'Insee. "On est sur une tendance de ralentissement due principalement à une légère baisse du nombre d'enfants par femme en 2013, et à une tendance d'augmentation du nombre de décès, malgré les progrès d'espérance de vie", a-t-elle ajouté.
En 2013, le taux de fécondité (hors Mayotte) a reculé à 1,99 enfant par femme contre 2,01 en 2012 et 2,03 en 2010, année où le nombre de naissances avait atteint un pic. Le recul s'explique notamment par une baisse du nombre de femmes en âge de procréer. La France reste toutefois le pays le plus fécond de l'Union européenne avec l'Irlande. L'âge moyen à l'accouchement est resté à 30,1 ans.

Comme par le passé, la croissance de la population est principalement portée par le "solde naturel", c'est-à-dire l'excédent des naissances (810.000) sur les décès (572.000). Le "solde migratoire", soit l'excédent des entrées par rapport aux sorties du territoire, a pour sa part contribué de manière plus marginale à la croissance de la population.
Mais en 2013, cet excédent des naissances (238.000) est le plus bas enregistré depuis 2003 (année de la canicule), avec des naissances moins nombreuses et des décès en augmentation.
Le vieillissement de la population est plus rapide depuis 2011, année au cours de laquelle les premiers baby-boomers ont atteint 65 ans. Au 1er janvier 2014, la France comptait 18% d'habitants âgés d'au moins 65 ans (+3,4 points en 20 ans). Les 75 ans et plus représentaient 9,1% de la population (+3 points en 20 ans). Le vieillissement des générations nombreuses du baby-boom (nées entre 1946 et 1974) devrait continuer d'entraîner une hausse du nombre de décès à l'avenir. En 2013, l'augmentation des décès s'explique aussi par une mortalité particulièrement importante sur les quatre premiers mois, février et mars ayant été froids et l'épidémie de grippe ayant duré 13 semaines. Après avoir marqué le pas en 2012, l'espérance de vie a augmenté à 85 ans pour les femmes et 78,7 ans pour les hommes.

En 2013, 238.000 mariages ont été célébrés. Un chiffre en baisse par rapport au petit pic ponctuel de 2012 (245.930). Sur ce total, l'Insee a comptabilisé 7.000 mariages homosexuels depuis la promulgation, le 17 mai, de la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe.
Au sein de ces couples de même sexe, les hommes se sont mariés à 50 ans en moyenne et les femmes à 43 ans, contre respectivement 37 et 34 ans pour les mariés de sexe différent. "Les mariés de même sexe de 2013 sont ainsi plus âgés que ceux de sexe différent, mais cette différence est sans doute pour partie liée au fait qu'il s'agit de la première année d'ouverture du mariage aux conjoints de même sexe", peut-on lire dans la publication de l'Insee consacrée aux mariages. Dans trois cas sur cinq, le mariage concernait des hommes.
Plus de 2.900 communes ont déjà célébré au moins un mariage entre conjoints de même sexe, ajoute l'institut. Depuis juin, un quart de ces mariages ont été célébrés dans des villes de plus de 200.000 habitants - dont près de 14% à Paris - et un quart dans des communes de moins de 2.000 habitants. "La montée en charge s'est faite progressivement" pour atteindre un pic de 1.500 en septembre, informe l'Insee, avant "une baisse des mariages mensuels en octobre et novembre", observée pour l'ensemble des mariages.

… et en 30 ans ?

La France a gagné 9,4 millions d'habitants entre 1982 et 2011, pour atteindre 64,9 millions, une croissance de 0,5% par an tirée essentiellement par les grandes villes et leurs aires d'influence, qui s'étendent parfois au-delà des agglomérations, selon une autre étude de l'Insee publiée ce 14 janvier intitulée "Trente ans de démographie des territoires".
L'agglomération parisienne, qui abritait 10,5 millions d'habitants en 2011, a gagné chaque année près de 48.000 nouveaux habitants depuis 1982. L'influence du bassin parisien s'étend sur un rayon de 100 kilomètres autour de la capitale, au-delà même de la région Ile-de-France, souligne François Clanché, chef du département démographie de l'Institut national de la statistique. "Le sud de la Picardie, l'est de la Normandie, et le nord de la région Centre profitent de l'attractivité économique du pôle parisien pour gagner des habitants", relève-t-il ainsi.
Au total, l'aire urbaine parisienne s'étend sur pas moins de 1.798 communes et concentre 12,3 millions d'habitants, soit 19% de la population du pays. Elle contribue pour 20% à la hausse de la population, gagnant 66.000 nouveaux habitants en moyenne par an.

En région, les 13 plus grandes aires urbaines abritent pour leur part 20% de la population, et ont contribué pour 30% à la croissance démographique sur les trente dernières années.
Les aires les plus dynamiques sont situées à l'ouest et au sud-ouest du pays (Toulouse, Nantes, Rennes, Montpellier, Bordeaux) et dans le quart sud-est (Toulon, Nice, Lyon, Grenoble, Strasbourg), tandis que Marseille-Aix est dans le rythme national. En revanche, Rouen et Lille ont une démographie moins dynamique que la moyenne nationale.
"La population augmente dans le coeur des villes et leur périphérie, laquelle est de plus en plus grande", souligne François Clanché : 30 kilomètres autour de Nantes, Rennes ou Montpellier, 50 kilomètres autour de Bordeaux, Toulouse et Lyon…
Les autres grandes villes connaissent des fortunes diverses : "Elles gagnent de la population dans l'Ouest, certaines dans le Sud-Ouest et la vallée du Rhône, mais beaucoup d'agglomérations du Nord et de l'Est perdent de la population", comme Dunkerque, Douai, Le Havre, ou encore Saint-Etienne.
Dans certaines agglomérations, le centre-ville en revanche perd des habitants tandis que la périphérie en gagne. Tel est le cas pour Le Mans, Limoges, Clermont-Ferrand ou Pau.
Les communes rurales ne perdent pas de population depuis 30 ans. L'Insee confirme donc bien que "l'exode rural" est achevé depuis les années 1970… Mais ces communes n'en gagnent que lorsqu'elles sont situées à proximité d'une grande ville, ou dans un "couloir" : le long des axes routiers Paris-Tours, le long de la Garonne, entre Toulouse et Montpellier, sur la vallée du Rhône.
Lorsqu'elles sont éloignées de toute grande ville en revanche, elles perdent de la population, même dans des régions en croissance comme la Bretagne et Midi-Pyrénées.

La campagne 2014 est lancée

La campagne 2014 du recensement, effectué chaque année sur un échantillon de la population, commence jeudi 16 janvier et durera environ un mois, a rappelé l'Insee lors de sa conférence de presse.
La campagne se déroulera jusqu'au 15 février dans 7.135 communes de moins de 10.000 habitants et jusqu'au 22 février pour 983 villes de plus de 10.000 âmes en métropole, dans les Antilles et en Guyane. A La Réunion, elle commencera le 30 janvier pour s'achever le 8 mars, a précisé l'Institut de la statistique.
Au total, neuf millions de personnes seront recensées cette année par quelque 23.000 agents recrutés par les mairies, et porteurs d'une carte tricolore avec photo d'identité. Les agents recenseurs se présenteront au domicile des administrés avec deux formulaires : une "feuille de logement", qui permet de recueillir des informations sur leur habitation, et un "bulletin individuel" pour chaque habitant.
Les Français pourront soit remplir les documents papier et les rendre à l'agent ou les poster à leur mairie ou à l'Insee, soit choisir l'option internet sur le site www.le-recensement-et-moi.fr, disponible pour 412 communes (la liste de ces communes est elle-même fournie sur ce site). En 2012 et 2013, années test, un ménage sur trois avait choisi l'option numérique. En sachant que dès 2015, toutes les communes concernées par le recensement offriront cette possibilité à leurs administrés.
Comme tous les ans, une campagne de communication est prévue, mettant cette année l'accent sur "l'utilité" avec un visuel mettant en scène "ce sur quoi le recensement permet d’agir : les équipements collectifs, l'aménagement du territoire et la vie quotidienne…". Sans oublier bien sûr le fait de déterminer la population légale de chaque commune et donc aussi plus de 350 dispositions législatives ou réglementaires liées à cette population (taille du conseil municipal, budget, implantation des pharmacies...).
Des outils ludiques (animations, infographies, quiz…) ont été conçus dans ce cadre, ainsi qu'une série d'outils spécifiques mis à disposition des communes pour "accompagner leur communication locale tout au long de la collecte" (affiches, annonces pour les magazines municipaux, bannières pour le site internet…).