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Déconfinement : les acteurs du transport s’orientent sans boussole

La piste d’un déconfinement à partir du 11 mai et d’une réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées laisse augurer une reprise partielle de certains transports collectifs notamment scolaires, dans des modalités qui restent floues et interrogent les acteurs du secteur.

Lors de son audition (en visioconférence) le 10 avril, devant les sénateurs de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, sur les conséquences de la crise du Covid-19 sur le transport de voyageurs, un secteur complètement paralysé, le secrétaire d’État chargé des transports Jean-Baptiste Djebbari a beaucoup parlé du transport aérien, moins du transport routier de voyageurs.
Or le cap du 11 mai prochain fixé depuis par Emmanuel Macron change la donne puisque si des écoles rouvrent, il faudra bien que des cars et bus puissent circuler pour y amener les élèves. Mais dans quelle mesure et en suivant quelles modalités ? Les autorités organisatrices, leurs opérateurs et les associations spécialisées évoluent dans un flou opérationnel du fait de la situation inédite. Suite à cette audition, les sénateurs qui en sont membres se sont fait l’écho des "inquiétudes légitimes des salariés de ces entreprises de transport qui rencontrent de grandes difficultés à s’approvisionner en masques et produits désinfectants compte tenu des tensions sur le marché mondial".
Réagissant à l’annonce du 11 mai, le syndicat général de l’éducation nationale SGEN-CFDT estime pour sa part que si des transports scolaires "nécessaires" sont relancés, leur organisation devra répondre aux priorités qui resteront à cette date la santé et la sécurité des personnels et des élèves. Ce qui interroge la capacité à mettre en oeuvre la distanciation et les gestes barrières dans des moyens de transports qui ne s’y prêtent guère, du moins à première vue.
A l’Association nationale pour les transports éducatifs de l'enseignement public (Anateep), le directeur des études Eric Breton partage sur son compte Twitter son scepticisme quant au respect de cette distanciation sociale dans un car scolaire bondé d’enfants. L'Association a listé sur son site de nombreuses questions dont elle attend des réponses "sous quinzaine" de la part  du gouvernement et des autorités organisatrices (AO), notamment en matière de désinfection des véhicules, de port de masques et de gants par les élèves, de protections pour les conducteurs, etc.
"Les autorités organisatrices vont devoir adapter leur service, revoir la fréquence pour que les bus soient moins remplis tout en tirant parti de la diminution de la circulation automobile", confie Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports. La Fnaut évoquera ces questions lors de son audition, prévue dans les prochaines semaines, devant cette même commission sénatoriale. L’association redoute que la crainte d’emprunter les transports en commun accélère le choix du "tout-voiture", observé en Chine lors du retour progressif à la normale dans des écoles. "Il va falloir rassurer et accompagner les usagers dans cette nouvelle étape à venir", conclut Bruno Gazeau.

Valérie Pécresse alerte sur le risque de "goulet d'étranglement" des transports en Ile-de-France

Valérie Pécresse a mis en garde ce 15 avril sur France Inter sur le risque de "goulet d'étranglement" que constituent les transports franciliens pour le déconfinement à partir du 11 mai annoncé par Emmanuel Macron lundi. La présidente de l'exécutif régional a insisté sur le fait que le déconfinement devait être "progressif et différencié selon les régions".
"La région Île-de-France a une spécificité, c'est que tous les jours, nous avons en temps normal 5 millions de Franciliens dans les transports en commun. Est-ce qu'on imagine aujourd'hui remettre 5 millions de personnes dans des métros et dans des RER ?", a-t-elle demandé en précisant "qu'aujourd'hui il n'y a plus que 500.000 personnes chaque matin dans les transports en commun". "La marche est très haute, donc ça veut dire qu'il va falloir y aller très progressivement" dans les écoles et les entreprises, a-t-elle averti, car il "faudra aller sur le lieu du travail et des études et que ça, ce sera un vrai facteur bloquant" pour des raisons de sécurité sanitaire. "Je pense qu'on télétravaillera encore énormément après le 11 mai, ce sera souhaitable, parce qu'il faudra limiter les déplacements", a ajouté la présidente de région, également à la tête d'Ile-de-France Mobilités.
"Ce que j'imagine, c'est que la reprise du travail pour les écoles, pour les lycées, ne puisse être que progressive, qu'on puisse imaginer, par exemple, faire des classes dédoublées, qu'on puisse avoir des arrivées à des heures différentes par exemple, peut-être les petits entre 8 heures et 9 heures, les collégiens entre 9 heures et 10 heures, les lycéens entre 10 heures et 11 heures", a-t-elle suggéré.
A.L.

 

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