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Mobilité - De plus en plus de Français utilisent les transports publics pour des raisons économiques

La demande de transport public dans les dix prochaines années devrait s'accroître fortement et le facteur économique devient un critère déterminant pour nombre d'utilisateurs. Selon un sondage CSA réalisé à la demande du GIE Objectif transport public Gart-UTP (1) à l'occasion de la 4e Journée du transport public qui a lieu le 15 septembre, 39% des Français affirment qu'ils utiliseront davantage les transports publics. Cette proportion monte à 48% chez les seniors et les catégories socio-professionnelles supérieures et descend à 29% chez les habitants de la région parisienne. Ceux qui pensent moins utiliser les transports qu'aujourd'hui ne sont que 12% mais ce taux grimpe à 20% chez les moins de 30 ans. 42% des personnes interrogées pensent que leur fréquentation des transports en commun sera la même qu'aujourd'hui.

Parmi les principaux facteurs qui peuvent conduire à emprunter davantage les transports collectifs, 44% citent l'amélioration de l'offre, 42% la volonté de limiter les émissions de gaz à effet de serre et 35% l'augmentation du prix de l'essence. Mais ce dernier facteur est jugé déterminant par 48% des personnes appartenant aux catégories sociales moins favorisées alors que les cadres et les catégories les plus aisées parlent avant tout de la qualité de l'offre (desserte, ponctualité, fréquence, régularité…). Par rapport à une enquête similaire menée en 2005, la contrainte économique devient plus forte. Alors qu'il y a cinq ans les difficultés de stationnement (37%) et les embouteillages (35%) apparaissaient comme les principaux motifs d'utilisation des transports publics, c'est aujourd'hui l'absence de véhicule (39%) qui explique le plus ce choix et l'idée que prendre les transports en commun revient moins cher que l'usage de la voiture est citée par 25% des personnes interrogées contre 22% en 2005. "Aujourd'hui, la problématique environnementale reste forte mais elle se tasse dans l'arbitrage des urgences", a affirmé Julien Goarant, directeur d'études chez CSA en commentant les résultats du sondage.

La problématique du financement... entre besoins et pistes 

Autre signe d'évolution notable : la majorité des sondés (54%) et en particulier les jeunes estiment qu'il appartient surtout aux individus de changer leur comportement personnel en matière de déplacements pour résoudre les problèmes de circulation et de pollution. Alors qu'en 2005, 61% des Français répondaient qu'il fallait avant tout de nouvelles politiques de transport pour apporter des solutions, ils ne sont plus que 42% de cet avis aujourd'hui. Selon le sondage, le recours aux nouvelles technologies constitue aussi un levier important pour attirer davantage de personnes vers les transports publics : 59% des Français déclarent que le fait de pouvoir consulter les horaires en temps réel via internet ou sur leur téléphone portable pourrait les inciter à utiliser davantage les transports en commun. Pour 53% des répondants, le fait de disposer de billets électroniques pour les trains grande ligne joue également un rôle en ce sens et 51% seraient enclins à emprunter plus les transports collectifs s'ils pouvaient acheter leur billet sur internet, par SMS ou à un distributeur bancaire.
"Ce sondage vient confirmer les analyses de nos adhérents", a affirmé Cyrille du Peloux, président de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) et directeur général de Veolia Transport. "La demande va continuer à progresser et nous allons devoir étendre notre offre en termes de capacité mais aussi de qualité car le voyageur veut devenir de plus en plus son propre acteur de mobilité et avoir la possibilité d'optimiser son parcours", a-t-il précisé. Selon lui, "cela va reposer la problématique du financement, sujet clé dans un contexte de crise des finances publiques". "Dans les appels d'offres en cours, de plus en plus d'autorités organisatrices nous demandent de prendre un risque commercial et de participer au financement des investissements", a-t-il poursuivi. "L'optimisation de la tarification" en fonction des besoins des utilisateurs ou des heures de pointe, par exemple, pourrait être selon lui une réponse aux problèmes de financement.
Pour Roland Ries, sénateur-maire de Strasbourg et président du Groupement des autorités responsables de transport (Gart), la question des financements est effectivement "centrale". Il a rappelé que ces dix dernières années, les autorités organisatrices (AO) avaient "investi et épongé les déficits de fonctionnement à hauteur de 100 milliards d'euros". Aujourd'hui, le taux de couverture par les recettes commerciales est "au mieux à 30% sur les réseaux les plus performants", a-t-il indiqué. La loi Grenelle 2 a ouvert de nouvelles pistes de financements comme la taxation des plus-values foncières ou la possibilité de créer des péages urbains mais cela reste selon lui insuffisant par rapport aux besoins de financements, d'autant que les projets de transports en commun en site propre se multiplient un peu partout et intéressent de plus en plus les villes moyennes. Dans les agglomérations de moins de 100.000 habitants, le Gart propose donc de relever de 0,6% à 0,9% le taux du versement transport payé par les entreprises de plus de 9 salariés.
 

Anne Lenormand
 

(1) Sondage réalisé par téléphone les 25, 26 août, 1er et 2 septembre 2010 auprès d'un échantillon représentatif de 1.093 personnes âgées de 18 ans et plus habitant des agglomérations de plus de 30.000 habitants.

 

191 réseaux participent à la Journée du Transport public
 

"Faire (re)découvir les transports du quotidien à ceux qui n'en sont pas les utilisateurs habituels" : telle est selon Joël Lebreton, président du GIE Objectif transport public la finalité de la 4e Journée du transport public qui mobilise cette année 191 réseaux dans toute la France. A l'exception notable de l'Ile-de-France, la grande majorité des agglomérations de plus de 100.000 habitants participent à l'opération (Lille, Bordeaux, Nice, Nantes, Toulon, Strasbourg, Grenoble, Valenciennes, Nancy, Metz, Montpellier, Tours, Rennes, Clermont-Ferrand, Dijon, Reims, Caen, Limoges…). Parmi les 191 réseaux participants, on trouve 145 réseaux urbains (bus, tramways, métro…), 35 réseaux départementaux (cars) et 11 réseaux régionaux (TER). Chaque collectivité et chaque opérateur peuvent faire ce 15 septembre des offres tarifaires promotionnelles sur mesure. En Champagne-Ardenne, par exemple, toutes les collectivités proposent une journée à 1 euro. A Bordeaux, il sera aussi possible d'emprunter les transports en commun pour un euro. A Montpellier, le pass hebdomadaire est proposé à 10 euros.   

 

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