De nouvelles innovations numériques simplifient la retraite des agents territoriaux
La direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts vient de lancer de nouveaux services numériques qui facilitent les démarches des agents territoriaux. L'un d'eux permet de réduire nettement le non-recours aux droits à la retraite liés au régime de l'Ircantec. La plateforme destinée aux employeurs est également enrichie de services qui rendent plus aisée la gestion des dossiers en matière de retraite.
La direction des politiques sociales de la Caisse des dépôts a mis en œuvre ces derniers mois une vague de nouveaux services en ligne permettant de simplifier les démarches tant des agents territoriaux que de leurs employeurs. L'objectif est notamment de "mieux accompagner les affiliés, de simplifier leurs démarches et de les rendre plus autonomes, pour faciliter, in fine, les échanges avec leurs régimes de retraite et limiter les délais de traitement". C'est ce qu'expliquaient plusieurs responsables de la Caisse des dépôts lors d'une conférence de presse, le 16 novembre.
Côté affiliés, un nouveau service est disponible pour les agents ayant cotisé à l'Ircantec, la caisse de retraite complémentaire des agents contractuels et des agents titulaires à temps non complet. Accessible à partir du site Ma retraite publique – à savoir l’espace personnel des affiliés des régimes de retraite gérés par la Caisse des dépôts –, le parcours affilié Ircantec s'adresse avant tout aux agents ayant peu cotisé à ce régime et bénéficiant, donc, de montants de retraite modestes, versés en une seule fois sous forme d'un capital. Récemment encore, plus du tiers des agents concernés oubliaient ou négligeaient de faire la demande de retraite à laquelle ils avaient droit. Avec le parcours affilié, la démarche est "drastiquement simplifiée" : de la demande de retraite à la mise en paiement, elle est à 100% digitale. Concrètement, l'agent qui réalise une demande de retraite n'a pas à cocher la case correspond à l'Ircantec. S'il dispose de seulement quelques points au titre de ce régime de retraite, une demande de retraite est systématiquement réalisée. L'agent fournit les informations manquantes. Mais "on ne lui redemandera jamais un justificatif qui a déjà été demandé lors de la demande unique de retraite", précise Julie Pineau, chef de projet au service Affiliés de la Gestion Ircantec à la Caisse des dépôts. Aucun gestionnaire n'intervient : la démarche est entièrement automatisée. De ce fait, les délais de traitement sont fortement raccourcis. "On constate qu'il y a une appétence assez forte" pour le service, se réjouit Arnaud Cartron, directeur de la gestion Ircantec à la Caisse des Dépôts.
Services en ligne adaptés
Depuis quelques mois, les affiliés ont également accès à une version modernisée et plus ergonomique de la plateforme Ma retraite publique. Avec aujourd'hui plus de 2,5 millions de comptes créés, celle-ci offre un accompagnement personnalisé et adapté au profil des utilisateurs. Cinq situations sont prédéfinies : "suivre ma carrière", "préparer ma retraite", "demander ma retraite", "suivre ma demande" et "vivre ma retraite". L'utilisateur est prépositionné sur une des situations, en fonction de ses caractéristiques et des éventuelles démarches en cours. Des services en ligne et des informations adaptés lui sont proposés. "Un utilisateur de 45 ans et un autre de 55 ans n'ont pas accès à la même plateforme, parce qu'on donne simplement à chacun les services qui lui sont utiles", résume Frédérique Brault, responsable du pôle Plateformes Retraite de la direction du projet Retraites à la direction des politiques sociales de la Caisse des dépôts.
Le groupe public vient aussi d'apporter une contribution clé permettant l'ouverture d'un nouveau service en ligne d'identification des contrats d'épargne retraite supplémentaire et de leurs souscripteurs, qu'ils soient des affiliés des régimes de retraite public, ou de ceux du secteur privé. La mission a été réalisée pour le compte du GIP Union retraite, dans le but de la mise en œuvre de la loi Labaronne de février 2021. Un texte voté à l'unanimité qui entendait renforcer l’information des épargnants sur les dispositifs d’épargne retraite qu’ils détiennent. Pour cause : avant l'entrée en vigueur de cette loi, quelque 6,5 milliards d'euros d'épargne retraite demeuraient non-réclamés par leurs titulaires, passé l’âge de 65 ans. Désormais, le site Info-retraite permet à chacun de consulter ses droits liés aux régimes de retraite obligatoires – de base et complémentaires –, mais aussi le cas échéant ceux qui découlent d'un contrat de retraite supplémentaire souscrit à titre individuel ou collectif. "On a ajouté ce troisième étage aux services existants", explique Stéphane Bonnet, directeur du GIP Union retraite. Avec ce nouveau service, la France dispose du "système d'information retraite le plus performant en Europe", se félicite-t-il.
Datavisualisation
La Caisse des dépôts a également amélioré récemment les outils numériques dédiés aux employeurs et, d'abord, le principal d'entre eux, la plateforme PEP's. Désormais, celle-ci offre aux organismes publics un accès direct à partir du compte Net entreprises, sans qu'il soit besoin d'effectuer une nouvelle identification. On notera aussi que les échanges relatifs aux déclarations et aux cotisations sont désormais numériques. "On est dans une solution 100% dématérialisée, car ce sont l'ensemble des courriers qui ne sont plus envoyés par voie postale", a indiqué Bérengère Varvou, chef du produit Ma retraite publique au sein du pôle Plateformes retraite de la Caisse des Dépôts. La direction des politiques sociales a par ailleurs lancé un service innovant reposant sur la datavisualisation, qui restitue aux employeurs les données carrière de leurs agents titulaires et non titulaires. Ces données sont issues notamment des comptes individuels retraite. Les collectivités peuvent ainsi faire le point sur le nombre de leurs agents, leur âge moyen, leur genre, leur statut, leur rémunération, leur quotité de travail… Elles peuvent, en outre, comparer leurs données avec celles des employeurs de la même catégorie.
Les services numériques de la direction des politiques sociales de la Caisse des dépôts s'avèrent également utiles aux centres de gestion, lesquels ont, en matière de retraite, "une mission d'accompagnement des agents et des employeurs". Le centre interdépartemental de gestion (CIG) de la Grande couronne met en œuvre cette mission dans le cadre d'un "partenariat de longue date" avec la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), comme l'a indiqué Pierre-Yves Blanchard, directeur général adjoint du CIG. Le service Retraites de l'établissement aide ainsi les 1.100 employeurs de son ressort géographique à utiliser la plateforme PEP's, qu'il s'agisse de la saisie des dossiers ou de la lecture de certains résultats.
"Les agents ont besoin d'être rassurés"
À la demande de la CNRACL, le CIG apporte également son aide aux agents. Sur rendez-vous, ses experts leur apportent les indications nécessaires à l'utilisation de la plateforme Ma retraite publique, notamment pour la préparation du dossier de retraite et pour effectuer une demande de retraite en ligne. "Très souvent, on nous demande : est-ce que ce que j'ai lu, c'est bien la réalité ? Il y a quelque chose de cet ordre-là sur lequel les agents ont besoin d'être rassurés", témoigne Pierre-Yves Blanchard. Qui ajoute : "tous les agents ne sont pas très à l'aise avec les outils numériques, même si ceux-ci sont extraordinairement simplifiés, avec une information qui est lisible".
Le directeur adjoint du CIG Grande couronne met en avant le rôle que son établissement joue ainsi pour "éviter tout risque de fracture numérique". Un risque que la Caisse des dépôts a bien intégré. "Le numérique doit être un complément, et non un substitut à la relation humaine. On souhaite vous aider, vous appuyer dans la relation humaine, en l'occurrence avec les employeurs", a lancé Laure de la Bretèche, directrice déléguée des politiques sociales au sein du groupe.