Aménagement numérique - David El Fassy : les opérateurs d'infrastructures sont "les partenaires des collectivités"
En devenant le premier opérateur d'infrastructures (1) des réseaux d'initiative publique (RIP) début 2016, Altitude Infrastructure a endossé une lourde responsabilité : être l'une des "locomotives" de la révolution numérique pour les territoires les moins denses. Ce nouveau rôle, son président David El Fassy l'assume pleinement et souhaite le consolider dans les années à venir. A l'occasion de la présentation de son "Plan Million", il est revenu plus longuement sur les RIP et le rôle des opérateurs d'infrastructures auprès des collectivités.
Les opérateurs : "des partenaires" pour les collectivités
Sur les 3 millions de prises en fibre optique déjà programmées dans la cadre du plan France très haut débit, 1,2 million ont été attribuées à Altitude Infrastructure. Pour rappel, d'ici 2022, ce sont plus de 7 millions de prises qui sont prévues sur les RIP. Désormais gestionnaire de 20 RIP, l'opérateur a récemment signé des partenariats avec la région Alsace sur Rosace (370.000 prises), avec Manche Numérique sur Manche Fibre (300.000 prises), ou encore avec Paca THD sur Provence Alpes ConnecT (215.500 prises). Soit près de 847 millions d'euros d'investissements. Pour David El Fassy, la relation qui lie les collectivités et les opérateurs sur les RIP doit être comprise comme "un partenariat" ou "celle de co-investisseurs". En effet, pour lui, les "clients" de la collectivité et de l'opérateur d'infrastructures sont les opérateurs de services (fournisseurs d'accès à internet par exemple) ou les utilisateurs finaux, à qui il s'agit de vendre du débit. "Les collectivités ont également tout intérêt à associer les opérateurs très tôt dans leur projet de RIP afin que ces derniers ne puissent pas le 'dévaloriser' une fois construit, en critiquant certains choix". Une association qu'il admet profitable pour l'opérateur mais qui ne "se fait pas au frais du contribuable", car en fonction des contrats les opérateurs reversent une redevance (affermage) ou investissent à parts égales dans le réseau (concession). "Les RIP sont les autoroutes à péage du numérique pour les collectivités, qui pourront en bénéficier encore longtemps après la fin des baux", précise-t-il.
Le président n'a, par ailleurs, pas caché les ambitions de son groupe et "vise au moins 2 millions de prises sur les 7 millions prévues, avec, on l'espère, une possibilité de travailler à l'échelle de régions entières, ce qui permettrait de mailler plus intelligemment le réseau et les territoires".
Déployer "les réseaux de demain"
"La fibre est progressivement devenue une marque". Pour David El Fassy, la fibre est le "réseau de demain" et le "message passe de plus en plus facilement auprès des clients finaux et des élus". Si le maintien des technologies cuivre ou radio (LTE) peut parfois s'avérer pertinent, la fibre offre selon lui une "qualité et une égalité de services qui doivent être privilégiées et étendues à tous". Afin d'assurer le respect de ses engagements auprès des collectivités et atteindre ses objectifs commerciaux (un million de clients finaux), Altitude Infrastructure mise sur le "Plan Million" : industrialisation des processus afin d'accroître par 10 le nombre de prises livrées par mois, valoriser la fibre face aux autres technologies et enfin établir des partenariats financiers durables comme c'est le cas avec la Caisse des Dépôts par exemple. L'objectif : arriver à 500.000 prises construites en 2018, soit une prise construite toutes les 4 minutes. Enfin, lorsqu'on lui demande si les délais seront respectés, David El Fassy répond par l'affirmative. Comme il le rappelle, "les opérateurs d'infrastructures sont tenus contractuellement, sous peine de pénalités, à respecter leurs engagements". "A l'inverse des opérateurs nationaux sur les zones conventionnées, d'où les retards ou les atermoiements parfois observés", ajoute-t-il.
Si le groupe compte engager une trentaine de personnes sur l'année à venir, David El Fassy a rappelé que les besoins en main-d'œuvre sur les chantiers pourraient ne pas être satisfaits. Pour lui, "le problème se situe au niveau de la construction, car nous n'avons plus les compétences acquises lors des déploiements cuivre et un travail de formation doit être fait". "Sur l'exploitation, des ajustements s'imposeront mais globalement les bases sont très bonnes". "Nous faisons un travail d'insertion et de formation mais il serait bon que les entreprises de travaux publics et que les politiques publiques évoluent vers ces nouveaux métiers si nous voulons garantir une qualité de réseau équivalente partout". Concrètement, ce sont par exemple des "câbliers, des agents de raccordements ou des personnes pour relever les adresses qui seront nécessaires".
"Crédibiliser les RIP" et leurs acteurs
Les déploiements dans les zones conventionnées devraient couvrir 57% de la population, uniquement dans les zones les plus denses. Inversement, les RIP couvriront tout le reste du territoire. Face à ce constat, David El Fassy a insisté sur "l'importance des RIP" et sur "le travail mené par les collectivités et les opérateurs spécialisés tels qu'Altitude Infrastructure pour garantir l'accès au numérique pour tous". Une importance qui ne se traduit pas forcément dans la gouvernance du plan France très haut débit où "les opérateurs de RIP ne sont pas autant représentés que les opérateurs nationaux dans le dialogue avec l'Etat". Un état de fait qu'il regrette et souhaite voir évoluer.
Enfin, interrogé sur ce qu'il attend des collectivités dans les années à venir, David El Fassy incite "les collectivités à faire la promotion de leurs réseaux auprès de leurs administrés, qui ont payé pour les avoir". "La parole des élus permet de crédibiliser les projets, qui sont de très bonne qualité, auprès des utilisateurs". Tout en notant que dans les zones jusqu'ici privées de toute connectivité, les taux d'adhésion sont rapidement très élevés.
(1) En nombre de prises.