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Présidentielle - Dans toutes les régions, une carte électorale bousculée

Avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen qualifiés pour le deuxième tour de la présidentielle, le scrutin de dimanche dessine un paysage politique totalement inédit. Les deux candidats s'opposent sur la plupart des sujets. On se souvient de ce que l'un et l'autre ont annoncé lors de la campagne concernant le devenir des collectivités locales. Selon les régions et selon le type de territoire - urbain ou rural notamment -, les résultats du premier tour sont contrastés.

La bataille pour le second tour de la présidentielle démarre ce lundi 24 avril entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, en position de favori, après le premier tour de l’élection présidentielle qui a vu l'élimination du parti socialiste et des Républicains. Arrivé en tête du premier tour, l'ancien ministre de l’Economie devance, avec 23,75% des voix, la candidate FN (21,53%), selon les résultats globaux (hors Français de l'étranger) du ministère de l'Intérieur (ces résultats peuvent être consultés, commune par commune, sur le site du ministère).
"En une année, nous avons changé le visage de la vie politique française", a lancé Emmanuel Macron devant ses partisans réunis dimanche soir à Paris. Devant ses soutiens, Marine Le Pen s'est réjouie d'un résultat "historique", au-delà des 7,6 millions de voix. "La première étape est franchie", a affirmé celle qui dès lundi battra la campagne, sans doute sur un marché en Picardie.
Le candidat des Républicains François Fillon (19,94%) termine troisième, juste devant le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon (19,62%). Très loin derrière vient le candidat socialiste, Benoît Hamon, à 6,35%. À l'inverse de François Fillon, Jean-Luc Mélenchon a refusé de reconnaître sa défaite, n'a pas donné de consigne de vote et laissera décider les militants de son mouvement.
Ce scénario Macron-Le Pen rebat les cartes de la politique française : c'est la première fois sous la Ve République que la droite est absente du second tour, et la première fois qu'aucun des deux grands partis qui ont dominé la vie électorale depuis près d'un demi-siècle, Les Républicains (LR) et le Parti socialiste, n'y est présent. 
Jamais élu, Emmanuel Macron est en bonne position pour emporter le scrutin suprême le 7 mai et devenir, à 39 ans, le plus jeune président de la République de l'histoire. Ce premier succès récompense le pari audacieux du secrétaire général adjoint, puis ministre de François Hollande qui, prétendant transcender le clivage droite-gauche, a lancé son mouvement politique, En Marche!, en avril 2016.
Selon deux sondages publiés dimanche soir, il s'imposerait avec 62 ou 64% des voix le 7 mai. Il n'a pas indiqué s'il souhaitait un débat télévisé face à Marine Le Pen, ce qu'avait refusé Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen en 2002. Contrairement à il y a 15 ans, la qualification de la candidate du Front national n'est pas une surprise : elle était prédite par tous les sondages depuis 2013.
Emmanuel Macron a enregistré de nombreux ralliements dès dimanche, dont celui, immédiat, de Benoît Hamon, ainsi que ceux du Premier ministre, Bernard Cazeneuve, et de son prédécesseur à Matignon, Manuel Valls, déjà rallié avant le scrutin. François Hollande, qui a félicité son ancien ministre, exprimera "très clairement" et "rapidement" son choix, a annoncé l’Elysée. À droite, François Fillon a jugé n'avoir "pas d'autre choix que de voter contre l'extrême droite". "Je voterai donc pour Emmanuel Macron." Au sein du parti LR, François Baroin "à titre personnel" ou Alain Juppé ont fait de même. Plus nuancé, le vice-président des Républicains Laurent Wauquiez, qui incarne l'aile droite du parti, s'est contenté d'appeler à "ne pas voter pour Marine Le Pen".
Alors que les sondeurs anticipaient une abstention record, le scrutin a mobilisé les Français : le taux de participation devrait avoisiner 78,5%, selon les résultats quasi définitifs (79,5% en 2012).

Des "petits candidats" cantonnés aux petits scores

Ils avaient tous rêvé de créer la surprise, mais à l'exception de Nicolas Dupont-Aignan, les "petits candidats", victimes des divers "votes utiles", ont dû se contenter dimanche de maigres scores dans la lignée de ceux déjà réalisés en 2012 par la plupart d'entre eux.
Candidat pour la seconde fois à une présidentielle, cinq ans après ses 1,79% de 2012, Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France, espérait franchir un cap lors de cette élection, en profitant des déboires de François Fillon qui lui offrait un espace électoral à droite. Selon des résultats portant sur 96% des inscrits, il échoue finalement sous la barre des 5%, à environ 4,8%, celle qui ouvre symboliquement la porte à un changement de catégorie et surtout au remboursement complet des frais de campagne. Il pourra toutefois se consoler avec un score qui a pratiquement triplé en cinq ans. Fort de ce résultat, il fait durer le suspense avant d'annoncer son choix pour le second tour "en début de semaine".
Candidat atypique, Jean Lassalle, 61 ans, se disait persuadé d'être le prochain locataire de l'Elysée. Elu pour la première fois en 1977 maire de sa commune natale de 150 habitants dans la vallée d'Aspe, le "candidat-berger", député centriste depuis quinze ans des Pyrénées-Atlantiques, a su marquer les archives médiatiques grâce à son tour de France à pied de 5.000 kilomètres en 2013 et sa grève de la faim de 39 jours en 2006 pour protester contre la délocalisation d'une usine de sa région. Mais le succès d'estime n'a pas vraiment trouvé sa traduction dans les urnes, même si, avec environ 1,2%, il se hisse dès sa première candidature en deuxième position des "petits candidats".
Comme Nicolas Dupont-Aignan, il se présentait à la présidentielle pour la deuxième fois, mais Philippe Poutou, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), aura finalement davantage brillé à la télévision que dans les urnes. Lors du débat télévisé entre les onze postulants le 4 avril, le "candidat-ouvrier" travaillant comme réparateur de machines-outils de l'usine automobile Ford de Blanquefort, en Gironde, avait crevé l'écran en attaquant Marine Le Pen et François Fillon sur les affaires judiciaires, se faisant le porte-parole des Français qui ont un "travail normal". Avec un score d'environ 1,1%, celui qui avait succédé au populaire "candidat-facteur" Olivier Besancenot (4,08% en 2007), reste au même niveau qu'en 2012, où il avait récolté 1,15% des voix. Le très haut score de Jean-Luc Mélenchon l'a manifestement privé d'espace. Mais il a continué à marquer des points sur le plan de la notoriété.
Nathalie Arthaud, l'autre candidate trotskiste, ne réussit pas davantage à améliorer significativement son score de 2012. La figure de proue de Lutte ouvrière, qui se considérait comme "la seule candidate communiste" dans cette élection, a obtenu dimanche environ 0,65% des suffrages, à peine au-dessus des 0,56% de 2012. Malgré son discours radical, la professeur d'économie et de gestion au lycée Le Corbusier à Aubervilliers est très loin de faire aussi bien qu'Arlette Laguiller, qui, en 2002, avait profité à plein de la dispersion des voix de gauche pour réaliser un score historique de 5,72%.
Pour sa première candidature, François Asselineau, 59 ans, avait mené campagne avant tout sur le web et par voie d'affiches avec son projet de sortie de l'Union européenne, le Frexit, de l'euro et de l'Otan. Diplômé d'HEC et de l'ENA, le fondateur en 2007 de l'Union populaire républicaine (UPR), un petit parti peu connu, avait dénoncé le vote utile qui est "un vote futile". Crédité d'environ 0,9%, il semble néanmoins en avoir été victime, peinant à exister électoralement aux côtés de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.
Vingt-deux ans après une première candidature, Jacques Cheminade, le senior (75 ans) de cette compétition, était le seul à y participer pour la troisième fois. Mais sa persévérance n'a pas vraiment été payante. Cet énarque, ancien haut fonctionnaire, souverainiste et europhobe, qui se dit "gaulliste de gauche" et "adversaire du monde de la finance", avait atteint en 1995 0,28% des voix mais il avait vu ses comptes de campagne invalidés par le Conseil constitutionnel. En 2012, il avait obtenu 0,25% des voix. Cette fois-ci, selon les estimations, il reste dans les mêmes eaux, avec à peine 0,2%.

Deux programmes aux antipodes

Les programmes d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui s'affronteront le 7 mai au second tour de la présidentielle française, sont aux antipodes sur la plupart des sujets, avec une opposition au paroxysme sur l'Europe.
Europe  - La présidente du Front national (FN) Marine Le Pen veut négocier à Bruxelles la sortie de l'euro et de l'espace Schengen. A l'issue des négociations, se tiendrait un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne. Elle réclame aussi la suppression de la directive sur les travailleurs détachés et refuse le traité de libre-échange Ceta entre l'UE et le Canada. Emmanuel Macron propose, lui, le lancement dans toute l'Union européenne, après les élections allemandes de l'automne 2017, de conventions démocratiques, qui aboutiront à un projet adopté par tous les pays le souhaitant. Il prône pour la zone euro un budget propre, un Parlement et un ministre des Finances. Il souhaite limiter à un an la durée autorisée de séjour d'un travailleur détaché. Il défend le traité Ceta.
Immigration - Marine Le Pen entend réduire l'immigration à un solde annuel de 10.000 personnes. Elle a même prôné en fin de campagne un "moratoire" sur l'immigration légale. Elle restreindrait les conditions de l'asile, durcirait le regroupement familial et rendrait impossible la régularisation des étrangers en situation illégale. Elle prévoit l'expulsion automatique des criminels et délinquants étrangers. Elle supprimerait le droit du sol pour l'acquisition de la nationalité française, supprimerait l'aide médicale d'Etat et imposerait un délai de 2 ans de présence régulière pour qu'un étranger puisse voir ses soins remboursés. Elle bannirait voile et burkini de l'espace public, contrairement à Emmanuel Macron. Ce dernier promet l'examen des demandes d'asile en moins de 6 mois, recours compris.  
Social - Marine Le Pen veut rétablir la retraite à 60 ans et abolir la loi Travail, contrairement à son adversaire. Les deux candidats gardent une durée légale du travail à 35 heures. Emmanuel Macron prévoit l'unification des régimes de retraite et le passage de l'assurance chômage (actuellement gérée par les partenaires sociaux) sous le giron de l'Etat. Un chômeur refusant deux offres d'emplois "décentes" verrait ses allocations suspendues. Le centriste supprimerait 120.000 postes de fonctionnaires, en épargnant l'hôpital, en créant 10.000 postes de policiers et 4 à 5.000 d'enseignants. Marine Le Pen veut plus de personnel au service de l'Etat et des hôpitaux, et moins des collectivités locales. Avec 21.000 embauches dans la police et la douane.  
Fiscalité - Marine Le Pen taxerait à 35% les produits des entreprises délocalisant leurs usines et pénaliserait l'embauche de salariés étrangers. Elle baisserait de 10% l'impôt sur le revenu sur les trois tranches les plus basses. Elle annulerait l'instauration du prélèvement à la source, prévu en 2018 tandis qu'Emmanuel Macron expérimenterait la mesure pendant un an. Ce dernier veut exonérer dans les trois ans 80% des foyers de la taxe d'habitation et transformerait l'impôt sur la fortune en un "impôt sur la fortune immobilière" dont serait donc exempté le patrimoine financier. Marine Le Pen ne toucherait pas à cet impôt.  
Energie et agriculture - Emmanuel Macron réduirait d'ici 2025 la part du nucléaire à 50% de la production d'énergie alors que Marine Le Pen défend le nucléaire et veut suspendre l'éolien. Elle baisserait la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur l'élevage français tandis qu'Emmanuel Macron s'engage à n'ajouter, pour les agriculteurs, aucune norme française aux normes européennes. 
Education - Marine Le Pen supprimerait le collège unique et la réforme des rythmes scolaires et imposerait le port de l'uniforme à l'école. Emmanuel Macron donnerait l'autonomie aux établissements pour recruter, favoriserait les zones d'éducation prioritaire par des primes aux enseignants et des classes plus réduites et interdirait les téléphones portables à l'école.
Institutions - Emmanuel Macron exigerait des élus un casier judiciaire vierge et limiterait à trois le nombre de mandats successifs. Marine Le Pen convoquerait un référendum pour inscrire la "préférence nationale" dans la Constitution. Elle instaurerait la représentation proportionnelle avec une prime majoritaire, une réforme à laquelle Emmanuel Macron n'est pas opposée.

Et les collectivités dans tout ça ?

S'agissant des collectivités locales, du côté du Front national, on le sait, les choses sont simples : on prévoit une "grande réforme de simplification" consistant à supprimer les régions et les intercommunalités et "ne garder que les communes, les départements et l’Etat". Pour les "projets interdépartementaux", l’échelle régionale subsisterait en tant que "simple organe de coopération, sans élus propres". Une partie des compétences régionales actuelles iraient au département (lycées par exemple) tandis que d’autres reviendraient à l’Etat (telles que les TER) avec, en parallèle, un transfert des agents concernés.
Pas de raz-de-marée institutionnel en vue chez Emmanuel Macron en revanche. Celui-ci parle avant tout de "changement de méthode". Il se dit par exemple favorable au maintien du système du fléchage pour la désignation des conseillers communautaires, à l'exception du cas de certaines métropoles. Il prévoit en outre de convoquer une "conférence des territoires" tous les six mois. Et dit souhaiter "donner la possibilité aux élus locaux de mettre en œuvre des réformes de structures" en fonction de "la réalité des territoires". Il a certes un objectif de réduction d’un quart du nombre des départements "à horizon 2022", mais cet objectif serait bien mis en œuvre "dans une logique de projets de territoire". La dissolution de certains conseils départementaux se ferait là où se situent "les principales métropoles" - et non l’ensemble des 22 métropoles désormais listées par la loi -, "à commencer par la métropole de Paris". 
Sur le terrain des finances, le Front national parle de "pacte financier" et met en avant la nécessité, pour les collectivités comme pour l’Etat, de "faire des économies". Celles-ci se réaliseraient avant tout grâce au "principe de priorité nationale" défendu par Marine Le Pen, principe qui "limitera les dépenses", notamment sociales. Mais aussi grâce aux "plans anti-fraude".
Pour le candidat de En Marche !, sur les 60 milliards d’euros d’"efforts" qui seraient attendus de l’Etat, de la sécurité sociale et des collectivités sur la durée du quinquennat, 10 milliards d’économies seraient réalisés par les collectivités. Toutefois, dans la mesure où ces économies devront être "essentiellement fléchées sur les dépenses de fonctionnement", elles ne "passeront pas par une baisse unilatérale des dotations" mais par "des objectifs de réduction des dépenses évalués chaque année".
"L'idée est que vous vous engagiez sur une baisse de vos dépenses de fonctionnement", avait-il dit aux maires au mars dernier, sans toutefois préciser par quel biais l'Etat pourrait dicter les choix budgétaires des collectivités. Dans le même temps, l'investissement local serait encouragé : sur les 50 milliards de son "plan d'investissement", 10 milliards iraient aux investissements des collectivités.
Reste sa proposition d'exonération de taxe d'habitation pour 80% des ménages. Emmanuel Macron a dit et redit qu'il jugeait cet impôt injuste à la fois socialement et territorialement, que l'Etat "remboursera les communes à l'euro près" et que "les maires conserveront leur pouvoir de taux". En précisant toutefois que "s'il y a augmentation du taux, cette hausse ne sera pas prise en charge par l'Etat". Et que la "dynamique des bases" sera bien prise en compte. Emmanuel Macron a en outre précisé que la mesure "sera financée en trois tranches par les économies réalisées sur la sphère publique". L'ensemble du dispositif ferait l'objet d'un "suivi par une instance formée par des élus locaux et des représentants de la Cour des comptes".
Malgré ces diverses précisions, la proposition a jusqu’ici suscité craintes et incompréhensions chez les élus locaux. Parce qu'ils savent bien que les promesses de compensation intégrale risquent de s'étioler dans le temps. Parce qu'ils jugent qu'une telle disposition risque de figer des inégalités. Et parce qu'ils ne voient pas encore clairement ce qui se dessine en termes de vases communicants entre les 10 milliards d'économies demandées, les 10 milliards de soutien à l'investissement et les quelque 10 milliards que coûteraient à l'Etat ces exonérations de taxe d'habitation.

Les résultats région par région

Centre-Val de Loire

Marine Le Pen est arrivée en tête avec 23,08% des voix devant Emmanuel Macron (22,68%) grâce au vote rural dans la région Centre-Val de Loire, où seul l'Indre-et-Loire fait de la résistance.
Les électeurs des six villes chefs-lieux de département de la région ont donné l'avantage à l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande, mais les votes des petites communes, notamment rurales, ont renversé la tendance au niveau régional au bénéfice de la présidente du FN. L'électorat de François Fillon résiste en lui donnant 21,04% mais M. Mélenchon fait en revanche moins bien que son score national à 17,67%. Seul des six départements de la région à ne pas donner sa faveur à la présidente du FN, l'Indre-et-Loire la relègue même en quatrième position à 19,01%, derrière Emmanuel Macron qui domine le scrutin en Touraine avec 24,46% des voix, suivi par François Fillon (21,21%) et Jean-Luc Mélenchon (19,39%).
Tours se démarque en mettant le leader de la France Insoumise avec 23,48% des voix juste derrière celui d'En Marche ! (26,71) tandis que Mme Le Pen ne séduit que 12,38% des électeurs de la capitale tourangelle.
Dans l'Indre et le Cher, départements votant traditionnellement à gauche lors des scrutins présidentiels, la présidente du FN passe la barre des 24% et devance largement Emmanuel Macron tandis que François Fillon et Jean-Luc Mélenchon sont au coude-à-coude. En 2012, François Hollande était arrivé en tête du 1er tour dans ces deux départements.
Dans le Loir-et-Cher, Marine Le Pen enregistre un score de 25,12% devant François Fillon en deuxième position (22,07%), le leader d'En Marche ! étant relégué en troisième position à 20,98%, tandis que Jean-Luc Mélenchon est largement distancé avec 16,30% des suffrages. En 2012, Nicolas Sarkozy (28,35%) y avait viré en tête devant François Hollande (25,01%) et Mme Le Pen (20,88%).
Le scénario se répète en Eure-et-Loir où la leader d'extrême droite (25,08%) supplante nettement M. Fillon (21,84%), dans un mouchoir de poche avec Emmanuel Macron (21,74%). Le leader de la France Insoumise est relégué en quatrième position à 16,20%. Lors du précédent scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy avait dominé le score avec 29,39% des voix. Les écarts se resserrent cependant dans le Loiret où Mme Le Pen (23,53%) devance de justesse Emmanuel Macron (23,48%), suivis de près par M. Fillon avec 21,28%. M. Mélenchon doit pour sa part se contenter de 16,35% des suffrages. Le président sortant Nicolas Sarkozy y avait obtenu en 2012 29,31% des voix, devant M. Hollande (25,45%) et Marine Le Pen (20,58%).

Nouvelle-Aquitaine

Emmanuel Macron est sans grande surprise arrivé en tête dans la quasi-totalité des départements de Nouvelle-Aquitaine, qui ont souvent relégué Marine Le Pen à la troisième place, voire la quatrième, comme dans les Pyrénées-Atlantiques, traditionnellement modérées et centristes.
Sur l'ensemble de la région, Marine Le Pen n'atteint que la troisième marche du podium, derrière Jean-Luc Mélenchon (18,9% contre 20,75%).
C'est dans le département agricole du Lot-et-Garonne que la candidate du Front national a réalisé son meilleur score dans la région : elle y devance largement les autres candidats avec 25% des voix dans des terres où l'extrême droite a confirmé son implantation au cours des derniers scrutins, qu'ils soient locaux ou nationaux (21,5% au premier tour de l'élection présidentielle de 2012, 32% pour le FN aux régionales de 2015).
Partout ailleurs, c'est Emmanuel Macron qui obtient la première place, à l'exception de la Dordogne, traditionnelle terre de gauche, où Jean-Luc Mélenchon devance d'un cheveu le candidat d'En Marche (23% contre 22,5%).
C'est dans les Deux-Sèvres, fief de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, qu'Emmanuel Macron enregistre son meilleur score dans la région (27%), département où Marine Le Pen (18%) est reléguée à la quatrième place, derrière Jean-Luc Mélenchon et François Fillon.
Même cas de figure en Corrèze, où Emmanuel Macron signe un très bon score (près de 27%), particulièrement à Tulle, fief du président sortant François Hollande, avec 31% des voix, loin devant Jean-Luc Mélenchon (23,7%) et François Fillon (14%). Le candidat officiel du PS, Benoît Hamon, obtient seulement 9% des voix, guère mieux qu'au niveau national.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, où Emmanuel Macron (26,27%) pouvait notamment compter sur le soutien du maire MoDem de Pau, François Bayrou, la candidate du Front national n'a obtenu que 13,74% des suffrages, à peine plus qu'en 2012 (12%) et en net recul par rapport au score du FN aux dernières régionales (18,5%).
Le régional de l'étape, le candidat indépendant et député Jean Lassalle, maire du petit village béarnais de Lourdios-Ichère, a récolté plus de 7,5% des voix dans son département, contre seulement 1,2% environ à l'échelle nationale.
Dans la Creuse, la Dordogne, la Vienne et la Haute-Vienne, Marine Le Pen arrive en troisième position. C'est aussi le cas dans les Landes, département du défunt cacique socialiste Henri Emmanuelli qui avait officiellement adoubé Benoît Hamon et où le candidat PS n'obtient que 8,7% des voix, un score marquant un effondrement dramatique par rapport aux Régionales de 2015 (35,33%).
Quant à François Fillon, son résultat paraît relativement médiocre dans de nombreux départements de Nouvelle-Aquitaine: le candidat de la droite est devancé par Jean-Luc Mélenchon - et donc seulement en quatrième position - en Charente, en Creuse, en Dordogne, en Lot-et-Garonne, dans les Landes, ainsi qu'en Gironde.
Dans ce département, qui avait majoritairement voté pour Alain Juppé à la primaire de la droite, François Fillon n'obtient que 17% des voix, alors que Nicolas Sarkozy y avait recueilli 30% des suffrages au premier tour en 2012 et la droite 27,5% aux régionales.
Désaveu encore plus cuisant à Bordeaux, la ville dirigée par son rival malheureux à la primaire et où Emmanuel Macron remporte plus de 31% des voix. François Fillon y est aussi devancé par Jean-Luc Mélenchon (23,4% contre 21,8%). Marine Le Pen arrive à la cinquième place, avec 7,4%.  Alain Juppé a appelé dimanche soir à voter au second tour pour Emmanuel Macron.

Bretagne

Emmanuel Macron s'est imposé dimanche, au premier tour de l'élection présidentielle, dans l'ensemble des quatre départements de la Bretagne, Jean-Luc Mélenchon créant la surprise en s'octroyant la deuxième place.
Le candidat de la France Insoumise pointe toutefois près de 10 points derrière Emmanuel Macron. Ce dernier réunit 29,05% des suffrages contre 19,28% pour Jean-Luc Mélenchon.
François Fillon arrive à la troisième place et talonne Jean-Luc Mélenchon, avec 19,04%. Il devance Marine Le Pen, qui, en arrivant quatrième avec 15,33%, recule d'une place par rapport à l'ordre d'arrivée du précédent scrutin présidentiel, en 2012.
Dans une région dont les quatre départements s'étaient prononcés unanimement en faveur de François Hollande il y a cinq ans, à chacun des deux tours, Benoit Hamon est relégué à la cinquième place.
Seules consolations pour le candidat socialiste, il y totalise un peu plus de 9% des suffrages (9,04), un score supérieur à celui réalisé au niveau national, selon les dernières estimations. A Brest, où ce Breton a fait ses armes en politique, il dépasse légèrement les 14% (14,04%) et arrive à devancer Marine Le Pen, qui obtient 12,98%.
C'est en Ille-et-Vilaine qu'Emmanuel Macron, qui a reçu le soutien du président socialiste de la région et ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, réalise son meilleur score (30,26%).
A Rennes, capitale de la Bretagne où la maire Nathalie Appéré soutenait la candidature de Benoît Hamon, Emmanuel Macron frôle les 32% (31,86%) contre 13,82% pour M. Hamon.
"Benoît Hamon, au terme d'une campagne digne et courageuse, réalise dans notre ville un score sensiblement plus élevé qu'au niveau national: c'est néanmoins une lourde défaite dont nous devrons tirer tous les enseignements", a réagi Mme Appéré avant d'appeler à voter pour l'ancien ministre de l’Economie au second tour "malgré de vraies divergences avec son programme".
Le Finistère place aussi Emmanuel Macron largement en tête (29,45%), les Côtes-d'Armor et le Morbihan lui offrant de la même manière un score supérieur à ce qu'il réalise au niveau national (respectivement 27,99% et 27,86% des voix).
Séduits par le discours du leader de la France insoumise, trois départements offrent à Jean-Luc Mélenchon la deuxième place: l'Ille-et-Vilaine, le Finistère et les Côtes-d'Armor où M. Mélenchon flirte avec les 20% des suffrages (respectivement 19,70%, 19,67% et 20,27%).
M. Mélenchon a gagné plus de huit points par rapport au premier tour du précédent scrutin présidentiel, en 2012. C'est "un résultat historique", qui "annonce une gauche renouvelée, combative, porteuse de progrès social, écologique, de paix et démocratie", a salué le Parti communiste d'Ille-et-Vilaine.
En revanche, dans le Morbihan, terre traditionnellement à droite, c'est François Fillon qui arrive en deuxième position, avec 20,88% des suffrages contre 27,86% pour Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon est relégué à la quatrième place, derrière Marine Le Pen.
Cette dernière, au niveau régional, ne se classe qu'en quatrième position mais elle y améliore tout de même son score de 2012 (13,24%) de deux points.
La percée se fait sentir particulièrement dans les Côtes-d'Armor, l'un des principaux départements agricoles français frappé par les crises à répétition, où elle gagne plus de 10.000 électeurs alors que le nombre de votants est en baisse.

Bourgogne-Franche-Comté

Marine Le Pen est arrivée dimanche nettement en tête du premier tour de l'élection présidentielle en Bourgogne-Franche-Comté, s'imposant dans sept départements sur huit avec 25,09% des suffrages, réalisant une percée par rapport au premier tour de 2012.
La candidate du Front national - qui avait recueilli en 2012 20,36% des voix en Bourgogne et 21,29% en Franche-Comté - devance ainsi largement Emmanuel Macron, qui obtient 21,89% des suffrages dans la région.
Marine Le Pen réalise son score le plus élevé dans le département rural de la Haute-Saône, avec 31,36% des suffrages, plus de 10 points de plus qu'Emmanuel Macron (19,59%) et François Fillon (18,05%). Dans l'Yonne, elle totalise 28,52% des voix, loin devant M. Fillon (19,91%) et M. Macron (19,63%) là aussi.
La candidate du Front national enregistre 26,89% des voix dans le Territoire-de-Belfort, devant Emmanuel Macron (20,64 %) et Jean-Luc Mélenchon (19,10%), dans un département notamment marqué en septembre dernier par la menace de fermeture du site historique du constructeur ferroviaire Alstom (400 emplois), finalement sauvé par le gouvernement.
"Ce sont les ouvriers, les salariés et les classes moyennes et populaires qui nous portent. Les thématiques du Front sont porteuses dans cette région où il y a beaucoup de désindustrialisation", s'est félicité Sophie Montel, tête de file du FN dans la région et proche du vice-président du parti Florian Philippot.
"Depuis la présidentielle 2012, il y a une dynamique qui nous porte", a-t-elle déclaré à l'AFP, se disant "confiante" pour le deuxième tour.
M. Macron a cependant pris la tête en Côte d'Or (23,65%), devant Marine Le Pen (22,52%) et François Fillon (21,26%). Dans le seul département de la région qu'il remporte, le candidat d'En Marche! avait notamment pu compter sur le ralliement du maire de Dijon, François Rebsamen, un proche de François Hollande.
"Le 7 mai, pour les valeurs de la République, un seul vote est possible: Emmanuel Macron", a-t-il réagi dimanche dans un communiqué. Les propositions du candidat d'En Marche "présentent de nombreuses convergences avec mon engagement social-démocrate et mes convictions profondes sur l’Europe notamment", a-t-il ajouté.
Dans la capitale de la région, le candidat d'En Marche! s'est facilement imposé (27,31%) devant Jean-Luc Mélenchon (21,89%). Marine Le Pen n'arrive qu'en quatrième position, à 14,52%, après François Fillon (20,91%).
Dans le Doubs et le Jura, Marine Le Pen (23,45 % et 24,14 %) devance de quelques points le candidat d'En Marche! (22,50 % et 21,33 %) et celui des Républicains (21,09% et 18,97%).
Jean-Luc Mélenchon termine troisième dans le Jura avec 20,28 % des suffrages et il enregistre un score notable à Besançon (25,55%), l'ancienne capitale franc-comtoise historiquement à gauche où Macron, soutenu par le maire PS Jean-Louis Fousseret arrive premier (26,44 %).
En Saône-et-Loire, l'écart n'est aussi que de quelques points entre la candidate frontiste (24,28%) et M. Macron (22,33%), selon les résultats définitifs. Mais le centriste est arrivé en tête dans la ville de Chalon-sur-Saône (24,89%) devant Jean-Luc Mélenchon (21,18%) et François Fillon (19,70%).
Dans cette ville, la campagne avait d’ailleurs été marquée par un meeting commun de l'ancien maire de la ville et ex-garde des Sceaux de Jacques Chirac Dominique Perben et de l'ex-ministre de l'Agriculture de Lionel Jospin et sénateur de Côte-d'Or Fançois Patriat, tous deux ralliés à Macron.
Dans la Nièvre, où Marine Le Pen (24,77%) s'impose devant Emmanuel Macron (22,72%), le candidat d'En Marche! remporte une nette majorité des suffrages à Château-Chinon, l'ancien fief de François Mitterrand, à 28,01%, loin devant la candidate frontiste (20,09%).
Benoît Hamon ne totalise en Bourgogne-Franche-Comté que 5,66% des suffrages, juste devant Nicolas Dupont-Aignan (5,65%). Le taux de participation s'est élevé à 79,37%, inférieur aux 82,07% enregistrés en 2012.

Normandie

En Normandie, où droite et gauche étaient au coude à coude lors des dernières élections régionales, Marine Le Pen est arrivée dimanche en tête du 1er tour de l'élection présidentielle avec 23,93%, devant Emmanuel Macron (22,36%) qui la devance au plan national.
La candidate du Front national réalise son meilleur score dans l'Eure avec 29,31%, et dépasse les 30% dans plusieurs communes rurales, confirmant ainsi des scores élevés déjà enregistrés aux dernières élections régionales et départementales.
Dans ce département souvent cité pour ses déserts médicaux et ses zones blanches pour le téléphone et l'internet, Evreux, le chef-lieu, ne place cependant la présidente frontiste qu'à la troisième place avec 19,18% derrière Emmanuel Macron (24,53%) et Jean-Luc Mélenchon (23,4%). Dans cette ville, anciennement dirigée par Jean-Louis Debré, et repassée à droite aux dernières élections municipales, François Fillon termine seulement 4e avec 17,6% des voix.
En Seine-Maritime, le département normand le plus peuplé et le plus industrialisé, Marine Le Pen est également en tête et frôle les 25%. Jean-Luc Mélenchon arrive en deuxième position avec 22,20%.
Le candidat de la "France insoumise", approche les 30% (29,81%) au Havre, ancien bastion communiste passé à droite en 1995, qui avait gagné le surnom de "capitale de la grève" l'an dernier lors du mouvement social contre la loi Travail.
A Dieppe, ville communiste, il engrange 26,75%, mais Marine Le Pen n'est pas loin avec 24,46%.
Dans l'agglomération de Rouen, les résultats sont contrastés. La ville centre, dirigée par le PS, place Emmanuel Macron en tête avec 27,53%, devant Jean-Luc Mélenchon à 25,92%, alors que Mme Le Pen n'est qu'à 12,02%, loin derrière François Fillon (18,9%).
Mais au Grand-Quevilly, ancien fief de Laurent Fabius, la candidate de l'extrême droite est en tête (26,5%) de peu devant Jean-Luc Mélenchon, alors qu'Emmanuel Macron n'est que troisième.
Dans les départements de l'ouest normand, qui votent traditionnellement davantage pour la droite modérée, François Fillon réalise ses meilleurs scores.
Il est en tête, avec 24,74% dans l'Orne, département très agricole, et devance Marine Le Pen (23,80%).
Dans la Manche, le candidat des Républicains obtient 21,59%, devant la candidate frontiste (20,51%) mais derrière Emmanuel Macron (24,85%).
Dans le Calvados, il arrive également en deuxième position (20,50%), de très peu devant Marine Le Pen mais nettement derrière le candidat d'En Marche !.
A Deauville, l'ancien Premier ministre obtient 45,43%, loin devant M. Macron, pourtant soutenu par le maire centriste de cette station balnéaire huppée.
Comme Rouen, Caen, ancienne capitale de l'ex Basse-Normandie, et siège du conseil régional de la Normandie réunifiée, a boudé l'extrême droite. Marine Le Pen n'obtient que 10,33% des suffrages. Emmanuel Macron frôle les 30% et Benoît Hamon réalise un score à deux chiffres (10,28%).
Dans un communiqué, le président de "Les centristes" (ex Nouveau centre) et président de la Normandie Hervé Morin s'est déclaré "déçu" par le résultat de François Fillon, qui avait, selon lui, "le programme qu'il fallait pour sortir la France de l'ornière". Il a appelé "la grande famille centriste à s'unir franchement et massivement derrière Emmanuel Macron", estimant que "aucune voix centriste ne doit lui manquer le 7 mai prochain".

Hauts-de-France

Le Front national de Marine Le Pen a confirmé un peu plus dimanche son ancrage dans les Hauts-de-France, l'une de ses places fortes, arrivant en tête du premier tour de la présidentielle sur l'ensemble des cinq départements, devant Jean-Luc Mélenchon.
La présidente du FN, en troisième position lors du premier tour de 2012 avec 23,8% des suffrages, derrière François Hollande (27,9%) et Nicolas Sarkozy (24,09%), a cette fois nettement viré en tête dans la troisième région la plus peuplée de France, après l'Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.
Elle ratisse en effet près 31,03% des voix, soit près de 10 points de plus que sa moyenne nationale et 220.000 bulletins de plus qu'en 2012.
Elle s'inscrit aussi dans la lignée de son score des régionales de 2015, où elle avait terminé en tête au premier tour, avec 40%. La région Hauts-de-France, deuxième plus pauvre de France métropolitaine après la Corse, était alors devenue l'une des deux, avec PACA, où l'exécutif régional, dirigé par LR, compte le FN comme unique adversaire dans son hémicycle.
Xavier Bertrand, le président LR du conseil régional, a du reste rapidement appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour. "Dans cette région des Hauts-de-France, nous affrontons au quotidien l'extrême droite. Je n'adhère pas plus aujourd'hui qu'hier au projet de Monsieur Macron mais il s'agit bel et bien de barrer la route à l'extrême droite et à ses dirigeants, il en va de l'avenir de notre pays", a déclaré l'ancien maire de Saint-Quentin (Aisne), où le FN a aussi viré en tête.
La poussée du FN se manifeste sur tout le territoire. D'abord dans ses bastions du bassin minier comme Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), ville conquise en 2014 (46,50%, contre 35,48% au premier tour de 2012) ou dans l'Aisne à Villers-Cotterêts, seconde municipalité frontiste de la région (34,26%). C'est dans ce dernier département que Marine Le Pen atteint son plus haut régional avec 35,67% des voix.
Elle progresse aussi dans le Nord, terreau historique de la gauche et département le plus peuplé de France, où elle était encore nettement distancée au premier tour de 2012 (21,91%), derrière François Hollande (27,97%) et Nicolas Sarkozy (24,70%). La bascule est cette fois impressionnante: elle y totalise 28,22%, loin devant Jean-Luc Mélenchon (21,28%) et Emmanuel Macron (19,85%).
Marine Le Pen fait également course en tête dans la Somme (30,37%), symbole d'une France en voie de désindustrialisation, par exemple avec la fermeture annoncée de Whirlpool à Amiens. L'autre candidat estampillé Hauts-de-France, son adversaire du 2e tour Emmanuel Macron, qui avait lancé le mouvement En Marche! en avril 2016 dans sa ville natale d'Amiens, arrive loin derrière dans ce département, avec 21,75%. A Amiens même, il se taille en revanche la part du lion, avec 28%, devant Jean-Luc Mélenchon (24,87%) et Marine Le Pen (18,42%).
Le candidat de La France insoumise engrange pour sa part des performances notables dans certains secteurs dominés autrefois par le PS, en particulier dans le Nord.
Le plus symbolique: Lille, dont la maire PS Martine Aubry n'avait pas ménagé son engagement au côté de Benoît Hamon. Avec 29,92% des voix, Jean-Luc Mélenchon y réalise l'un de ses meilleurs scores dans une grande ville de province. Benoît Hamon ne démérite pas à Lille non plus, avec ses 10,91%. Maigre consolation pour la gauche, la capitale régionale demeure ainsi bel et bien un territoire à sa main.

Occitanie

Marine Le Pen a décroché dimanche d'une courte tête la première place en Occitanie, région traditionnellement à gauche, confirmant l'ancrage local du FN, juste devant Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Les trois candidats sont dans un mouchoir de poche à l'issue du premier tour de la présidentielle: la candidate du FN avec 22,98%, suivie par M. Macron (22,32%) et M. Mélenchon (22,14%), qui est en tête à Toulouse, Montpellier et Nîmes. Loin devant François Fillon (17,07%) et surtout Benoît Hamon (6,52%).
Mme Le Pen arrive en tête dans 6 des 13 département que compte la région, en réalisant son score le plus élevé dans les Pyrénées-Orientales (30,05%), loin devant M. Mélenchon (21,14%), améliorant très sensiblement le score du FN dans ce département par rapport aux 1er tours de 2012 (24,23%) et de 2007 (14,21%).
Vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot est conseiller municipal de Perpignan, ville qui a placé Marine Le Pen en tête (25,86%).
Juste derrière les Pyrénées-Orientales, c'est dans le Gard que le FN fait son meilleur score (29,30%) - même si à Nîmes le candidat de la France insoumise arrive en tête (23%) - devant l'Aude (28,26%).
Les électeurs du Tarn ont aussi placé la candidate d'extrême droite en tête (de justesse avec 22,42% contre 22,14% pour M. Macron) tout comme, plus largement, ceux du Tarn-et-Garonne (26,69%), ancien fief du ministre PRG de l'Aménagement du territoire Jean-Michel Baylet.
Dans l'Hérault, deuxième département le plus peuplé, les électeurs ont placé Mme Le Pen en tête avec 25,70% des voix.
A Béziers, seconde ville de l'Hérault, dirigée par un maire proche du FN, Robert Ménard, Marine Le Pen progresse (31,23% contre 25,70% en 2012). Autre ville héraultaise emblématique: à Lunel, traumatisée par le départ et la mort de certains de ses enfants en Syrie et en Irak, le FN atteint 30,48%.
Mais Montpellier confirme sa réputation de ville de gauche en choisissant le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon (31,46% contre 15,69% en 2012), qui devance très largement M. Macron.
Au premier tour de la présidentielle de 2012, les anciennes régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, qui forment l'actuelle Occitanie, avaient toutes deux placé François Hollande en tête, avec respectivement 31,90% (jusqu'à 34,51% dans le Lot) et 26,65%.
Pour ce nouveau scrutin, c'est également dans le Lot que M. Macron réalise son meilleur score régional (26,65%). Dans ce département ancré à gauche, où plusieurs ténors avaient rejoint le candidat d'En Marche! avant le 1er tour, ce dernier distance de plus de trois points M. Mélenchon (23,48%).
En Haute-Garonne, département le plus peuplé d'Occitanie, il obtient 26,43%, près de trois points de plus que M. Mélenchon. Ce dernier est toutefois premier à Toulouse (29,16%).
M. Macron arrive également en tête en Aveyron (25,83%), un ancien bastion de la droite qui glisse progressivement vers la gauche et avait déjà voté pour M. Hollande en 2012. M. Macron décroche également la pôle position dans les Hautes-Pyrénées et le Gers.
Exemple de cette déroute : en Ariège, jusqu'alors bastion du PS, où M. Hollande avait obtenu plus de 34% des voix au 1er tour et 64,69% au second tour en 2012, le candidat de la France insoumise arrive en tête avec 26,74%, devant MM. Macron, Fillon et Mme Le Pen, reléguant le candidat PS en 5ème position avec seulement 7,84%.
Autre symbole, sur les terres de Jean Jaurès à Carmaux, M. Mélenchon est en tête (25,51%) devant Mme Le Pen (22,93%). Le candidat PS n'arrive qu'en 5ème position avec un peu plus de 10%.
Le département de la Lozère, le moins peuplé d'Occitanie, est le seul à avoir placé M. Fillon en tête (22,82%) sans constituer toutefois un bastion, le candidat d'En Marche! (21,73%) étant sur ses talons.

Ile-de-France

Emmanuel Macron arrive largement en tête en Ile-de-France comme à Paris, où il remporte six départements sur sept et 13 arrondissements de la capitale sur 20.
A Paris, où l'on a davantage voté dans le centre et l'ouest que dans le nord-est populaire, M. Macron arrive largement en tête avec presque 35% des voix et plus de huit points devant François Fillon, en deuxième position.
L'ancien ministre de l'Economie arrive même à s'adjuger quatre arrondissements détenus par la droite, le Ier, le Ve, le IXe et le XVe.
François Fillon, député de Paris, remporte les arrondissements des beaux quartiers: le VIe (39,7%), le VIIe où il a voté (52,70% des voix), le VIIIe (50,48%), le XVIIe (37,71%) ou le XVIe (58,45%).
Jean-Luc Mélenchon prend la troisième position avec 19,5%. Il remporte les populaires XIXe et XXe arrondissements (30,69% et 31,80%) et arrive en deuxième position dans le Xe, où il a voté.
Avec 10% des voix, Benoît Hamon, qui était soutenu par la maire de Paris, fait mieux qu'au niveau national mais ne se place que quatrième.
La capitale fait par ailleurs plus que jamais de la résistance au Front National. Sa présidente Marine Le Pen frise les 5% (à 4,99%). Le Front national avait remporté 6,2% des voix en 2012.
Sur Twitter, Mme Hidalgo s'est félicitée que "l'extrême droite divise son score par deux à Paris par rapport aux élections régionales de décembre 2015". "Dans la ville qui a été frappée par le terrorisme à la veille du scrutin, c’est le réflexe républicain qui l’a emporté", a-t-elle salué. La maire de Paris s'est par ailleurs félicitée d'une participation à Paris "nettement supérieure à la moyenne nationale, à 84%".
Comme dans tout le pays, pour "faire barrage au FN", les principales personnalités franciliennes qui ferraillent d'ordinaire, ont appelé à voter pour Emmanuel Macron: Anne Hidalgo, la maire PS de Paris et soutien de Benoît Hamon; son opposante LR au Conseil de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet; la présidente LR de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse.
François Fillon caracole en tête de bastions de droite comme Versailles (42,99%), Maisons-Lafitte dans les Yvelines, Boulogne-Billancourt et Marne-la-Coquette (53,32%) dans les Hauts-de-Seine.
En Seine-et-Marne, le département le plus rural de l'Ile-de-France, Marine Le Pen progresse de trois points par rapport à 2012 et talonne M. Macron qui ne la dépasse que de 0,26% et 1.763 voix. Dans le village de Mauregard (225 inscrits), elle s'adjuge plus de 51% des voix loin devant M. Mélenchon en seconde position à 19%.
La Seine-Saint-Denis, département populaire de la banlieue nord-est de Paris, est le seul département à ne pas préférer Emmanuel Macron. M. Mélenchon arrive en tête, quelquefois de très loin, à Bagnolet, au Bourget, au Pré-Saint-Gervais, Stains ou Villetaneuse.
Dans le Val d'Oise et le Val-de-Marne, que remporte également l'ancien ministre de l'Economie, le candidat de la France Insoumise se place en deuxième position mais prend largement la tête de villes comme Garges-lès-Gonesse, Vitry-sur-Seine, Ivry-sur-Seine ou Orly avec plus de 35% des voix.
A Trappes (Yvelines), où votait Benoît Hamon, le candidat socialiste remporte 24,23 % des voix mais se fait quand même distancer par Jean-Luc Mélenchon, qui en prend 32,61%.
Enfin, comme en 2012, Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France), est en première position (28,62%) à Yerres, ville de l'Essonne dont il est député-maire, avec plus de quatre points d'avance sur M. Macron.
Nathalie Arthaud, qui votait à Pantin (Seine-Saint-Denis) n'y a remporté que 144 voix (0,77%), moins que Philippe Poutou (178 voix).

Auvergne-Rhône-Alpes

Emmanuel Macron a viré en tête à l'issue du premier tour en Auvergne-Rhône-Alpes, où plusieurs élus influents s'étaient engagés à ses côtés, mais Marine Le Pen fait bonne figure sur ces terres traditionnellement modérées.
Si le candidat d'En Marche! s'impose dans six départements ainsi que dans la métropole de Lyon, Marine Le Pen n'est pas loin derrière, raflant quatre départements.
Avec 24,50% des suffrages, M. Macron réalise une performance légèrement supérieure à son score national. Il est suivi de Marine Le Pen (20,72%), de François Fillon (20,20%) et de Jean-Luc Mélenchon (19,24%).
Les deux composantes qui forment désormais la deuxième région française s'étaient exprimées de manière divergente il y a cinq ans: l'Auvergne avait massivement voté à gauche et Rhône-Alpes avait donné une petite majorité à la droite.
Dans la capitale régionale Lyon, dont le maire Gérard Collomb s'était engagé très tôt à ses côtés, M. Macron passe la barre des 30% des suffrages, devançant François Fillon (23,35%) et Jean-Luc Mélenchon (22,97%).
Le candidat d'En Marche! arrive aussi en tête dans la ville voisine de Villeurbanne (27,73% des voix), devant Jean-Luc Mélenchon (26,48%). Benoît Hamon y est relégué à 9,15%, augurant d'une campagne difficile aux législatives pour son soutien Najat Vallaud-Belkacem qui se présente dans cette ville.
"L'électorat de gauche, en particulier socialiste, a cédé aux sirènes de la nécessité", en votant utile, a déploré le maire socialiste de la ville, Jean-Paul Bret.
M. Macron s'impose dans la plupart des préfectures de la région: il remporte ainsi Annecy (Haute-Savoie), Aurillac (Cantal), Bourg-en-Bresse (Ain), Chambéry (Savoie), Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Privas (Ardèche) et Valence (Drôme). Mais aussi Montluçon, sous-préfecture de l'Allier.
Jean-Luc Mélenchon arrive largement en tête dans les villes de tradition ouvrière de la banlieue lyonnaise, comme Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Pierre-Bénite et Feyzin, avec des scores dépassant souvent les 30% des suffrages.
Il réussit des performances notables dans le département de la Loire, frappé lui aussi par le déclin de ses industries traditionnelles: il est en tête à Saint-Etienne, Rive-de-Gier ou Firminy, mais n'empêche pas Marine Le Pen de remporter le département.
A Grenoble, seule grande ville française dirigée par les écologistes dont le maire Eric Piolle avait appelé à voter Mélenchon, le candidat de la France insoumise devance M. Macron de 150 voix. Mme Le Pen y fait l'un de ses plus faibles scores, à 10,70%, devancée par Benoît Hamon.
François Fillon n'arrive en tête que dans la seule Haute-Savoie, département traditionnellement le plus à droite de la région, ainsi que dans le Nouveau Rhône (la partie rurale de l'ancien département du Rhône), qui recouvre essentiellement la zone viticole du Beaujolais.
En Haute-Loire, fief du président de région Laurent Wauquiez, M. Fillon échoue en troisième position, cinq points derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Au Puy-en-Velay, ville dont M. Wauquiez fut maire jusqu'au début 2016, le candidat LR n'enregistre que 21,78% des voix et est devancé par MM. Macron et Mélenchon.
Marine Le Pen arrive en tête en Ardèche, un des rares départements de la région encore contrôlé par la gauche, ainsi que dans la Loire, dans l'Ain et dans la Drôme où elle s'impose notamment à Montélimar. Avec 20,72% des voix, elle progresse par rapport à son score d'il y a cinq ans (18,38% en Rhône-Alpes et 17,07% en Auvergne).
Le Puy-de-Dôme, traditionnellement ancré à gauche, avait vu il y a cinq ans François Hollande devancer Nicolas Sarkozy de 21 points. La lutte entre héritiers de la gauche a tourné à l'avantage d'Emmanuel Macron (27,15% des voix) qui a nettement devancé Jean-Luc Mélenchon (21,99%), Benoît Hamon faisant à peine mieux que son score national à 7,24%.

Paca

Marine Le Pen a frôlé dimanche au premier tour de la présidentielle le carton plein en Paca, terre historique de l'extrême droite, mais elle a été coiffée sur le poteau par Jean-Luc Mélenchon à Marseille, la deuxième ville de France.
Presque tous les départements, à l'exception des Hautes-Alpes, ont donné la présidente du Front national en tête, dont des fiefs de la droite comme les Alpes-Maritimes et le Var.
Au niveau régional, Marine Le Pen remporte 28,17% des voix, en progrès de plus de 4 points par rapport aux présidentielles de 2012, devant François Fillon (22,37%), Emmanuel Macron (18,94%) et Jean-Luc Mélenchon (18,74%).
Dans ce sud-est acquis à la droite et à l'extrême droite, Marseille se distingue avec la victoire du leader de La France insoumise, en tête, avec 24,82% des suffrages, 11 points de plus qu'en 2012. M. Mélenchon est également en tête à Avignon.
Dans la cité phocéenne, Marine Le Pen s'assure la deuxième place, avec 23,66% des voix, et continue d'engranger des points par rapport à 2012. Emmanuel Macron ne récolte que 20,44% des voix, en retrait par rapport à son score national, tandis que François Fillon n'est que quatrième, avec 19,81% des voix, dans une ville dirigée depuis 22 ans par le sénateur LR Jean-Claude Gaudin.
Dans les Alpes-Maritimes, terre sarkozyste, François Fillon sauve à peine les meubles, en deuxième position (27,39%) à un cheveu de Marine Le Pen (27,75%). Le candidat Les Républicains perd 10 points par rapport à Nicolas Sarkozy en 2012. Emmanuel Macron reste 8 points derrière la candidate FN.
A Nice, fief du président Les Républicains de la région Christian Estrosi marqué par l'attentat du 14-Juillet, François Fillon parvient à s'assurer une première place (26,10%). Marine Le Pen gagne deux points par rapport à 2012, à 25,28%, et Emmanuel Macron est troisième (20,52%).
M. Fillon parvient à se placer en tête dans une série de communes balnéaires de la Côte d'Azur, dépassant même les 50% à Saint-Tropez, mais n'arrive qu'en deuxième place dans l'ensemble du Var, avec 24,87%, contre 30,43% à Marine Le Pen.
Le Vaucluse, autre place forte de l'extrême droite dont Marion Maréchal-Le Pen est députée, met Marine Le Pen très largement en tête (30,55%). Elle laisse loin derrière Jean-Luc Mélenchon, François Fillon et Emmanuel Macron, dans un mouchoir de poche entre 18% et 19% des suffrages.
Mme Le Pen distance également largement François Fillon dans le Var, ainsi que dans les Bouches-du-Rhône, où le candidat LR échoue à la troisième place derrière Jean-Luc Mélenchon. M. Macron n'y est que quatrième, et dans ce qui fût l'une des fédérations les plus puissantes du PS, Benoît Hamon (4,53%) ne passe pas la barre des 5%.
La présidente du FN fait des scores élevés dans les villes que son parti a remportées aux municipales de 2014, mais en retrait par rapport aux derniers scrutins régionaux et municipaux. A Fréjus, dirigée par son directeur de campagne David Rachline, elle est nettement en tête (33,50%, 7 points devant François Fillon). Elle améliore son score par rapport à la présidentielle de 2012 (+7 pts). A Cogolin (Var) et au Pontet (Vaucluse), Marine Le Pen arrive également première avec respectivement 33,43% et 34,05% des voix.
Municipalités emblématiques des succès électoraux de l'extrême droite en 1997, perdues depuis par le FN, Marignane et Vitrolles placent également la fille de Jean-Marie Le Pen en tête, avec 42,47% et 33,79% des voix.
Dans le reste de la région, Marine Le Pen arrive en tête dans les Alpes-de-Haute-Provence (24,53% des voix, 4 points de plus qu'en 2012), devant le chef de file des Insoumis (22,51%). A Forcalquier, Emmanuel Macron n'a pas profité du soutien du député-maire Christophe Castaner, l'un de ses porte-parole nationaux: le candidat d'En Marche! (22,45%) est deuxième, surclassé par Jean-Luc Mélenchon (26,98%).
Les Hautes-Alpes sont le seul département de la région à offrir la pole position à Emmanuel Macron (21,80% des voix) et une deuxième place à Jean-Luc Mélenchon (21,62%). Marine Le Pen est troisième (21,25%), en-dessous de son score national.

Pays de la Loire

François Fillon a bien résisté dans les Pays de la Loire, région qu'il a dirigée de 1998 à 2002, se classant deuxième dimanche derrière Emmanuel Macron mais devant Jean­Luc Mélenchon et Marine Le Pen, reléguée à la quatrième place. Dans cette région où le vote penche traditionnellement à droite, et présidée par Bruno Retailleau, son coordinateur de campagne et l'un de ses plus fervents soutiens, François Fillon engrange 23,56% des suffrages, talonnant Emmanuel Macron (26,27%) et devançant nettement Jean­Luc Mélenchon (18,41%) et Marine Le Pen (16,62%). Il perd néanmoins près de 100.000 voix par rapport à Nicolas Sarkozy lors du premier tour de la présidentielle en 2012.
L'ancien Premier ministre prend le large dans son fief de la Sarthe, avec 28,61% des voix. Il fait notamment le plein dans sa ville de Sablé­sur­Sarthe (45,08%), où le taux d'abstention s'élève à 26,65% (contre 16,73% dans les Pays de la Loire).
Le candidat Les Républicains arrive également en tête en Mayenne (27,06% des voix), département qui avait majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy en 2012 et en 2007. Il est cependant relégué en deuxième position en Vendée, le fief de Bruno Retailleau, tout comme dans le département centriste du Maine-­et-­Loire, derrière le favori du second tour.
En Loire­Atlantique, conservé de justesse par la gauche il y a deux ans lors des départementales, François Fillon ne prend que la troisième place (19,68%), derrière Emmanuel Macron (28,66%) et Jean­Luc Mélenchon (21,98%), mais devant Marine Le Pen (13,70%).
Troisième du premier tour en 2012, la candidate du Front national est reléguée à la quatrième place, mais gagne quelque 55.000 voix en cinq ans dans la région. Elle progresse dans tous les départements et prend même la deuxième place dans la Sarthe (20,80%), devant Emmanuel Macron (20,04%). Le leader du mouvement "En marche" arrive en tête dans trois départements sur cinq et dans la plupart des grandes villes de la région, devançant Jean­Luc Mélenchon dans les communes votant traditionnellement à gauche, comme Nantes, Rezé, Saint-Herblain ou Saint­Nazaire, et François Fillon dans d'autres grandes villes dirigées par des élus LR, comme Angers et Laval.
Cinquième en 2012 avec 10,14% des voix, Jean­-Luc Mélenchon s'arroge la troisième place cinq ans plus tard, engrangeant plus de 185.000 suffrages supplémentaires, grâce à ses bons scores en Loire­-Atlantique et en Maine­et­-Loire. Il prend la deuxième place à Nantes, comme dans la cité portuaire de Saint­Nazaire (Loire­Atlantique). Le candidat de La France insoumise, qui souhaite l'abrogation du projet de nouvel aéroport nantais à Notre ­Dame ­des ­Landes, un dossier qui a empoisonné le quinquennat Hollande, arrive très largement en tête dans cette commune bocagère. Il y enregistre 30,60% des voix, très loin devant Emmanuel Macron et Marine Le Pen au coude à coude, avec respectivement 18,82% et 18,52%.
François Fillon, qui avait signé le décret déclarant le projet d'utilité publique en tant que Premier ministre, n'obtient que 13,16% des voix. Benoît Hamon, qui avait pourtant le soutien de la plupart des ténors socialistes de Loire­Atlantique, ne fait que 8,03% dans ce département, un score toutefois supérieur à sa moyenne nationale. Dans la région, qui avait placé François Hollande en tête du second tour de la présidentielle en 2012, le candidat du Parti socialiste réalise 6,55%. Seul Nicolas Dupont­-Aignan dépasse les 5% dans la région, avec 5,01%. Les autres candidats sont tous en­dessous des 2%.

Grand Est

Marine Le Pen a réalisé un carton plein dimanche dans le Grand Est (3 millions d'électeurs), où elle est arrivée en tête partout, avec des scores dépassant 30% des suffrages dans 5 des 10 départements.
Dans cette nouvelle "grande région" - où le numéro deux du FN, Florian Philippot, s'était largement imposé au premier tour des élections régionales fin 2015, avant de s'incliner au second - Mme Le Pen améliore nettement son score par rapport à la présidentielle de 2012: elle totalise 27,78% des voix (soit 4 points de plus qu'il y a 5 ans).
Emmanuel Macron (20,72%), François Fillon (19,73%), et Jean-Luc Mélenchon (16,31%) sont largement distancés.
La candidate du FN surclasse Emmanuel Macron de 7 points dans le Haut-Rhin, l'Aube ou la Moselle, et même de 14 à 15 points en Haute-Marne et dans les Ardennes.
Seules les grandes villes de la région échappent à la domination frontiste: Marine Le Pen n'obtient que 12,17% des voix à Strasbourg (contre 27,76% à M. Macron), moins de 19% à Metz (contre 26,68%), et 21,90% à Reims (contre 24,35%).
Sans surprise, le président (LR) de la région, Philippe Richert a appelé à voter pour le candidat d'En Marche!, afin de rejeter le "projet anti-européen" frontiste.
"On est dans un remake des régionales de 2015, c'est la confirmation de la prégnance du FN au premier tour", a commenté auprès de l'AFP le politologue strasbourgeois Richard Kleinschmager, qui y voit le succès d'un "FN social, plutôt qu'identitaire".
"Dans ces régions où l'implantation de la gauche était modeste, les électeurs sont facilement passés de la gauche au FN", analyse-t-il, en particulier dans la Meuse, les Ardennes ou l'Aube, des zones "en dépeuplement, frappées par une déstructuration lente des activités qui n'ont pas eu de substitution".
Les électeurs du PS se sont déchirés "entre Macron et Mélenchon", selon M. Kleinschmager.
En Lorraine, où François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient arrivés au coude à coude en 2012 avec un peu plus de 25% des voix chacun, l'effondrement du parti socialiste s'est particulièrement fait sentir dans une des villes phare du quinquennat qui s'achève: Florange.
Là où M. Hollande avait recueilli plus de 32% des suffrages, Benoît Hamon en engrange 7,3%, très loin derrière Marine Le Pen, en tête avec près de 30%, et surtout loin derrière Jean-Luc Mélenchon.
Le candidat "insoumis" a plus que doublé son score, avec 24,3% des suffrages.
Comme à Florange, la candidate du Front National est arrivée en tête à Hayange, ville dirigée par le FN, et à Forbach, le fief de Florian Philippot, qui avait cependant échoué à en conquérir la mairie. Dans ces trois villes, François Hollande était arrivé premier en 2012.
De l'autre côté du spectre politique, Jean-Luc Mélenchon a lui aussi progressé partout. En Moselle, il passe de 9,5 à 17,9% des sondages, et gagne 7 points dans les Vosges, à 16,64%.
Mais cette percée de La France Insoumise ne cache pas la très forte baisse de la gauche: si l'on additionne les scores de MM. Hollande et Mélenchon en 2012 et de MM. Hamon et Mélenchon en 2017, le total passe de 35,1% des votants en Lorraine à 22,7%.
Dans l'ex-Champagne-Ardenne, la candidate FN enregistre une forte progression dans les quatre départements. Dans ces terres rurales historiquement marquées à droite, c'est François Fillon qui se hisse en deuxième position, avec 22 à 23% dans la Marne et l'Aube, et 19% en Haute-Marne.
Contrairement au résultat national, Emmanuel Macron fait figure de pâle deuxième dans les Ardennes (18,33%) voire est rélégué troisième dans les trois autres départements où il a réalisé 20,75% dans la Marne, et 18 à 19% en Haute-Marne et dans l'Aube.

Corse

La candidate du FN Marine Le Pen est arrivée largement en tête en Corse dimanche au premier tour du scrutin présidentiel, une première dans la région, où le candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron, ne se classe qu'en troisième position, loin derrière François Fillon.
Dans une île qui avait toujours placé le candidat de la droite en tête, au premier comme au second tour de la présidentielle depuis 2002, et qui a offert une victoire historique aux nationalistes aux élections territoriales en décembre 2015, Mme Le Pen a obtenu 27,88% des suffrages exprimés, deux points devant François Fillon (25,52%) et près de 10 points devant Emmanuel Macron (18,48%). Jean-Luc Mélenchon se classe en 4e position, avec 13,74% des suffrages exprimés. La candidate du Front National arrive nettement en tête avec près de 31% des suffrages dans les deux plus grandes villes corses, à Ajaccio devant François Fillon et à Bastia devant Emmanuel Macron.
Marine Le Pen confirme ainsi l'importante progression du FN sur l'île, où elle avait effectué une percée surprise en 2012 en arrivant deuxième derrière Nicolas Sarkozy avec près d'un quart des suffrages (24,4%). En visite à Ajaccio pour séduire l'électorat corse le 8 avril, Marine Le Pen avait vu son meeting perturbé par un collectif anti-fasciste mais aussi par des jeunes indépendantistes. En 1992 et 1994, déjà, Jean-Marie Le Pen, à qui il était reproché d'avoir "demandé la peine de mort pour les prisonniers politiques corses", avait été empêché d'atterrir ou de s'exprimer sur l'île. En 2002 et 2007, le père de l'actuelle candidate du FN avait respectivement obtenu 15,68% et 15,26% des suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle, culminant à 20,24% au second tour en 2002.
C'est à Venaco, dans le fief du député DVG Paul Giacobbi, un des hommes forts de Haute-Corse pendant de nombreuses années qui avait annoncé soutenir Emmanuel Macron que le candidat d'En Marche! a réalisé certains de ses meilleurs scores sur l'Ile de Beauté, finissant en tête avec 28,57% des suffrages exprimés, devant Marine Le Pen (20,84%). Récemment condamné pour détournement de fonds publics, Paul Giacobbi a annoncé qu'il ne se représenterait pas aux prochaines législatives. Mais Emmanuel Macron n'est en revanche arrivé qu'en troisième place (21,69%) à Bonifacio - dont le maire Jean-Charles Orsucci était un des plus importants relais du candidat d'En Marche! sur l'île - après François Fillon (27,56%) et Marine Le Pen (26,32%). Derrière les quatre candidats de tête, une surprise : Jean Lassalle, avec 5,68% des voix exprimées, a devancé de près de deux points le candidat du Parti socialiste Benoit Hamon (3,74%). Le taux d'abstention, qui a augmenté dans toute la France par rapport à la dernière présidentielle, a enregistré une forte hausse en Corse, atteignant près de 32%, soit plus de six points de plus qu'en 2012. Au terme d'une campagne dont le dossier corse a été absent, ni Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, ni Gilles Simeoni, dirigeant autonomiste du Conseil exécutif de Corse, ne s'étaient prononcé en faveur d'un des 11 candidats.

Outre-mer

Toujours marqués par une forte abstention, les Outre-mer ont voté de manière très disparates et souvent loin du choix de l'Hexagone. Jean-Luc Mélenchon est en tête en Guyane, à la Réunion, en Martinique et à St-Pierre-et-Miquelon, tandis que la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie ont choisi François Fillon. Seuls la Guadeloupe et Wallis et Futuna ont préféré Emmanuel Macron. Marine le Pen arrive en seconde position partout, sauf aux Antilles et à Wallis-etFutuna.
GUYANE : La Guyane, marquée par un conflit social de plus d'un mois qui a largement occulté la campagne, a placé M. Mélenchon en tête (24,72%), au coude à coude avec Mme Le Pen (24,29%), qui a su séduire avec son discours anti-immigration dans ce territoire qui connait une forte insécurité et une immigration massive du Suriname et du Brésil. Ils sont suivis par M. Macron (18,75%) devant M. Fillon (14,6%). Fort taux d'abstention (65,31%) et nombre inédit de bulletins blancs (11% des votants).

MARTINIQUE : Traditionnellement à gauche, la Martinique a choisi Jean-Luc Mélenchon (27,36%), devant Emmanuel Macron (25,53%). M. Fillon (16,85%), devance Mme Le Pen (10,94%) et M. Hamon (9,75%). Une majorité d'électeurs s'est abstenue (60,12%). GUADELOUPE: Les Guadeloupéens, qui se sont abstenus à 59,96%, ont choisi M. Macron (30,22%), devant M. Mélenchon (24,12%), M. Fillon (14,52%) et Mme Le Pen (13,51%), qui progresse de 8 pts par rapport à 2012. Le candidat d'En marche était soutenu par le président de la Région Guadeloupe. M. Mélenchon, qui a fait une campagne très active sur le territoire, n'avait obtenu que 5,36% en 2012.
SAINT-MARTIN ET SAINT-BARTHELEMY : Les deux collectivités, dont les présidents sont LR, ont choisi M. Fillon (32,02%), devant Mme Le Pen (23,32%) et M. Macron (19,99%).
SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON : Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête (35,45%), devant Marine Le Pen (18,16%), suivie d'Emmanuel Macron (17,97%). M. Fillon et Hamon font moins de 10%.
LA REUNION : La Réunion, qui vote traditionnellement à gauche, a préféré M. Mélenchon (24,53%). Mme Le Pen arrive en seconde position avec 23,46%. Dans ce département de l'océan Indien, avec 42% de la population sous le seuil de pauvreté et un taux de chômage très élevé, un sentiment de ras le bol lui a profité. M. Fillona terminé en 4ème place (17,26%) derrière M. Macron (18,91%).
MAYOTTE : Les Mahorais ont choisi majoritairement François Fillon (32,6%) et Marine Le Pen (27,28%). Son discours anti-immigration a séduit la population, confrontée à l'arrivée massive de clandestins comoriens. Macron a attiré 19,13% des suffrages.
NOUVELLE-CALEDONIE : M. Fillon est arrivé en tête (31,13%) juste devant Mme Le Pen (29,09%), qui effectue une percée dans ce territoire, traditionnellement à droite, où elle avait obtenu 11,66% il y a 5 ans. L'approche du référendum d'autodétermination et la radicalisation du discours de la frange la plus à droite des non-indépendantistes a profité au FN qui n'a aucun élu territorial. Benoit Hamon, soutenu par plusieurs partis indépendantistes, ne passe pas la barre des 10% et est devancé par Macron (12,76%). 51,86% des électeurs ont boudé les urnes.
POLYNESIE : M. Fillon (35,28%) et Mme Le Pen (32,53%) sont les grands gagnants, devant M. Macron (14,70%). Leurs scores s'expliquent par le soutien des deux principaux leaders autonomistes, Edouard Fritch (Pour Fillon) et Gaston Flosse (pour Le Pen), traditionnellement suivis par les Polynésiens. En 2012, au premier tour, le Front National n'avait obtenu que 5,47%. 61,06% des électeurs n'ont pas voté.
WALLIS-ET-FUTUNA : Les Wallisiens ont choisi M. Macron (30,48%), qui a reçu le soutien du seul député et de plusieurs élus territoriaux. M. Fillon recueille 28,53% des suffrages tandis que M. Hamon en rassemble 25,22%. C'est le seul territoire où ce dernier obtient plus de 10% des voix. M. Le Pen (7,11%) et M. Mélenchon (3,59%) y réalisent leur plus faible score outremer.
 

 

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