Dans les Hautes Vosges, les rivières courent sans obstacle (88)

La communauté de communes des Hautes Vosges finalise un programme de restauration de cours d'eau lancé en 2010. Les continuités écologiques ont été rétablies grâce à l'effacement de certains ouvrages et la fonctionnalité des milieux restaurée par l'entretien de la végétation, la requalification des berges et l’aménagement de lits mineurs d’étiages. 

 

Dans le massif vosgien, les rivières, en particulier la force motrice de l’eau, a joué un rôle majeur dans le développement économique du territoire. L’artificialisation des cours d’eau qui en a découlé a fortement impacté les fonctionnalités des milieux et dégradé ce patrimoine précieux. L'entretien des cours d'eau a longtemps été pris en charge par les propriétaires privés. Ce sont eux qui enlevaient les bouchons de végétation pour que l'eau circule et qu'il n'y ait pas de problèmes en cas de crues, eux qui taillaient les arbres pour se procurer du bois de chauffage. Depuis une cinquantaine d'années, ces pratiques se sont perdues, laissant de nombreux cours d'eau à l'abandon.

Identifier les ouvrages à l’abandon

En 2010, partant du constat de l’importante altération de la qualité des milieux et de l’eau, grâce à l’impulsion de l'agence de l'eau et le département des Vosges, la communauté de communes des Vallons du Bouchot et du Rupt (intégrée désormais au périmètre de la communauté de communes des Hautes Vosges) s’engage dans des études afin de planifier un programme pluriannuel de restauration de ses cours d’eau. 

Il s'agit, dans un premier temps, d'identifier les ouvrages à l'abandon : anciens barrages destinés à l'irrigation des prairies, installations hydro-électriques désaffectées, enrochement des berges... ainsi que les endroits où les berges sont colonisées par la végétation : plantations monospécifiques d'épicéas, développement de plantes invasives telles que la renouée du Japon... Un bureau d'études est donc chargé de produire un diagnostic sur les 90 kilomètres de cours d'eau et de ruisseaux présents sur toutes les communes du territoire. En 2014, ce programme de travaux est soumis à une enquête publique afin d'obtenir les déclarations d’intérêt général de travaux, qui permettent d'investir de l'argent public sur des propriétés privées. 

Cinq années de travaux

En 2015, les travaux commencent. Ils sont évalués à un million trois cent mille euros. L'agence de l'eau prend à sa charge 60% du coût, le département 20%, les 20% restants étant à la charge de l’intercommunalité.
Sur les 75 ouvrages affectant la continuité des cours d'eau, 22 sont retenus dans le plan d’action. Il est décidé de privilégier l'effacement sur les aménagements, c’est-à-dire de supprimer purement et simplement les installations qui faisaient obstacle à la continuité des cours d'eau et de réhabiliter les berges. Aujourd’hui la communauté de communes des Hautes Vosges porte quatre programmes similaires qui couvrent la quasi-intégralité des rivières de son territoire. Autrefois optionnelle, cette compétence désormais nommée Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) est obligatoire. Pour l'agent de développement, Mathieu Zuanella, qui suit le programme depuis le début, une des conditions de réussite d'une telle entreprise est la continuité : "Nous avons la chance d'avoir eu le même maître d’œuvre depuis dix ans et de pouvoir travailler main dans la main avec l'agence de l'eau, le département, la Fédération de pêche et l'Office français de la biodiversité. C'était idéal pour piloter ce projet ambitieux." 

Tourisme vert, pêche et captages d’eau potable

Ces travaux de fluidification ont permis d'améliorer la qualité de l'eau et de l'habitat des populations piscicoles, ils participent également à la réduction des risques liées aux inondations.  L'agence de l'eau, qui mène une étude sur l'évolution du milieu, en atteste. En outre, les amateurs de pêche à la mouche qui, jusqu'ici se cantonnaient à la Franche-Comté, découvrent les Hautes-Vosges et son tourisme vert. Plus important encore, dans un contexte de pénurie d'eau potable, la rivière peut prendre le relais des captages de sources qui depuis quelques années sont en défaut. "En outre, face au dérèglement climatique, redonner un fonctionnement naturel aux rivières apparaît comme une mesure d’avenir. C’est la garantie de bénéficier le plus possible des services gratuits rendus par la nature et rendre ainsi notre territoire plus résilient." 
Ce programme sera achevé dans le courant de l'année 2020. Il faudra alors entretenir les aménagements réalisés : 70.000 € par an sont prévus à cet effet. Quant aux derniers points noirs sur lesquels la communauté de communes n'a pas pu intervenir, faute d'accord des propriétaires, ils ont été confiés à l'État qui décidera s'ils sont en infraction avec le code de l'environnement.

Communauté de communes des Hautes-Vosges

Nombre d'habitants :

36862

Nombre de communes :

22
16, rue Charles de Gaulle
88400 Gérardmer
contact@cchautesvosges.fr

Mathieu Zuanella

Agent de développement – Restauration de cours d'eau

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