Dans les gorges du Gardon, restaurer la pierre sèche remet le pied à l’étrier (30)
Affiliés au Réseau des Grands Sites de France, les chantiers d’insertion du syndicat mixte des Gorges du Gardon (SMGG) enregistrent d’excellents résultats, avec 45 % de sorties positives. La présidente du SMGG et la cheffe de chantier expliquent leur approche basée sur la remise en confiance et la considération donnée aux personnes éloignées de l’emploi.
Chantiers d’insertion ou chantiers d’utilité sociale ? La présidente du syndicat mixte des Gorges du Gardon (SMGG), conseillère départementale du Gard, Bérengère Noguier, et la cheffe de chantier Magali Bauza n’ont pas d’hésitation à préférer la seconde appellation. Peut-être faut-il y voir une des raisons du taux élevé de sorties positives (avec un emploi ou une formation qualifiante) des chantiers d’utilité sociale des gorges du Gardon : 45 % versus 23 % à l’échelle nationale selon les données fournies par le Réseau des Grands Sites de France auquel les chantiers du SMGG sont affiliés.
Engagement et respect de part et d’autre
Les douze personnes actuellement au travail à proximité immédiate de la Maison de la rivière et du castor sur les rives du Gardon ont signé un contrat de 4 mois renouvelable pendant deux ans au maximum. "En moyenne, le temps nécessaire pour leur remettre le pied à l’étrier est d’un peu plus d’un an", confie la cheffe de chantier. "Nous les considérons comme des salariés à part entière, des agents comme les autres et pas comme des personnes en réinsertion", complète la présidente du SMGG. Les deux responsables insistent sur l’importance de leur faire sentir qu’ils sont pris au sérieux, qu’on engage des moyens pour leur permettre de travailler et qu’en retour on attend d’eux un engagement dans leur travail et/ou leur apprentissage avec un comportement professionnel. Cela en respectant les règles de savoir-vivre avec les autres et les délais de livraison des chantiers.
Élus et habitants viennent observer et apprécier les travaux
Cette approche bienveillante et responsabilisante n’explique pas à elle seule le succès des chantiers. "À la base, poursuit la cheffe de chantier, il y a la volonté des élus et des habitants de conserver le patrimoine naturel et l’architecture vernaculaire qui donne son identité au territoire." Les chantiers sont dédiés à la technique de la pierre sèche qui s’était perdue au fil du temps (lire encadré). La construction de lavognes (collecteurs d’eau), capitelles (cabane en pierre sèche), murets de soutènement, garennes à lapins, calades (chemin empierrés) et ponceaux (ouvrage à une seule arche) figurent parmi les réalisations de l’équipe. Il est fréquent de voir des élus et des habitants venir observer les travaux en exprimant leur satisfaction de voir leur patrimoine restauré. Pour les agents en insertion c’est un motif de fierté. "Cette reconnaissance du travail effectué redonne de l’estime de soi et le sentiment d’être utile à des personnes qui les avaient perdus", fait valoir la cheffe de chantier. D’autant plus que le travail de la pierre sèche recouvre des dimensions esthétiques, historiques et culturelles valorisantes.
Encadrement stimulant et équilibré
Deux autres raisons expliquent le succès des chantiers, la mixité et l’encadrement. La mixité des âges, de moins de 25 ans à plus de 40 ans, produit des échanges enrichissants. Les plus anciens, souvent les seuls avec une réelle expérience professionnelle, sont une excellente courroie de transmission. Leur maturité tempère les représentations parfois désabusées des plus jeunes. La mixité des genres, quatre femmes travaillent sur le chantier, équilibre les comportements de chacun et de chacune avec un effet stimulant sur leur engagement au travail. Par ailleurs, ainsi que l’assure la présidente du SMGG, "l’encadrement et l’accompagnement technique, socioprofessionnel et médicosocial sont aussi très importants pour dénouer les difficultés de tous ordres auxquelles sont confrontés les agents en insertion".
Tenter de trouver des solutions aux problèmes personnels
Le principal handicap à surmonter est celui des problèmes personnels des agents. Leurs difficultés restent souvent dans le non-dit et n’émergent que grâce au suivi quotidien et aux échanges entre les accompagnateurs sociaux et médicaux sociaux. Problèmes de voiture, d’assurance, de logement, de situation familiale, de santé, de méconnaissance de leurs droits… Trouver les solutions est indispensable pour donner à la personne la sérénité nécessaire au succès de sa réinsertion.
Un investissement qui redonne identité et attractivité
Le coût de ces chantiers est de 360.000 euros par an subventionné à 75 % par l’État et le département du Gard. Les communes qui font appel aux services du syndicat mixte participent à hauteur de 200 euros par jour pour l’ensemble de l’équipe. Le reste est pris en charge par le SMGG. Mais au final, outre les 45 % de sorties positives, "95 % des agents en insertion ont régularisé leurs difficultés sociales" ajoute la présidente. Et le territoire retrouve une identité ainsi qu’une attractivité qui se perdaient avec la disparition d’un savoir-faire local.
Technique de la pierre sèche
La maçonnerie à pierres sèches fut longtemps utilisée dans le Gard avant de se raréfier. Cette technique de construction consiste à assembler sans mortier des pierres brutes ou ébauchées. C’est comme un puzzle qu’il faut ajuster avec précision afin que chaque pierre trouve sa place et que l’ensemble tienne solidement.
Syndicat mixte des gorges du Gardon
Bérengère Noguier
Magali Bauza
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