Dans le Tarn, Emmanuel Macron entre SAV de la Lopmi et campagne électorale

En déplacement dans le Tarn, jeudi 9 juin, le chef de l’État a évoqué les 200 brigades de gendarmerie prévues dans le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur qui sera débattu par la nouvelle assemblée. Le département en accueillera 30, dont une à Gaillac et une à Puycelsi. Il a aussi confirmé une déclinaison locale, dans les "1.200 bassins de vie", des travaux de son Conseil national de la refondation. À trois jours du premier tour des législatives, ce déplacement avait aussi de forts accents électoralistes.

Alors que la disparition du secrétariat d’État à la Ruralité n’est pas passée inaperçue – l’Association des maires ruraux de France y voit même un "mauvais signal" adressé "aux 88% de notre territoire et plus largement à la nation" – Emmanuel Macron était en déplacement dans le Tarn, le 9 juin, pour s’adresser directement aux habitants des campagnes. Sachant que ce n’est pas chez eux qu’il a fait le plein de voix lors de l’élection présidentielle. À trois jours du premier tour des législatives, il a tenu, dans le village de Puycelsi (462 habitants), un discours résolument électoraliste, renvoyant dos à dos les "extrêmes" qui donnent un "rendez-vous en terre inconnue" et proposent de "revenir sur tout en étant contre tout", au risque de "fragiliser l’unité du pays".

Attendu sur le thème de la sécurité du quotidien et du déploiement des 200 brigades de gendarmeries qu’il avait promises à Nice en janvier dernier (voir notre article du 10 janvier 2022), le président de la République a d’emblée attaqué Jean-Luc Mélenchon sur ses récentes déclarations sur la police. "Il y a des choses que je ne peux pas accepter, c'est qu'on insulte celles et ceux qui risquent leur vie pour protéger la nôtre", a-t-il dit. Mettant sur le compte de l'après-covid la recrudescence de certaines formes d'insécurité (violences intrafamiliales, trafics de stupéfiants), il a ensuite détaillé les mesures dont bénéficie ce département rural. Les effectifs de la BAC de Castres sont passés de 8 à 10 fonctionnaires de police, un nouveau commissariat sera construit à Carmaux pour un investissement de l’État de 2,5 millions d’euros et trente gendarmes seront recrutés.

S’agissant des 200 brigades (mobiles ou fixes), le programme figure dans le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi) présenté en mars 2022 (voir notre article du 16 mars 2022) qui sera examiné par la nouvelle assemblée. "Là où sur votre territoire, dans la période 2007 et 2017, 8 brigades avaient été fermées (…), nous allons créer trois brigades de proximité dans les prochaines semaines dont une se déploiera dans le secteur des Bastides et donc dans cette commune de Puycelsi", a-t-il annoncé.

Déserts médicaux et maintien des écoles

L’installation de ces brigades se fera en concertation avec les élus. Elles seront là pour "garantir le droit à la vie tranquille de nos concitoyens vivant dans les territoires ruraux et périurbains". Un peu plus tôt dans la journée, le président de la République s’était rendu à Gaillac qui accueillera aussi une de ces brigades. Ce déploiement s’inscrit dans la volonté du chef de l’État de doubler la présence de forces de police et de gendarmerie sur la voie publique d’ici la fin de la décennie.

Emmanuel Macron a largement débordé du cadre initial pour évoquer les grands périls du monde : "le retour de la guerre en Europe", "le réveil des empires", "le désordre du vivant", "le désordre climatique", "le désordre social avec le retour de la violence", le "désordre des valeurs avec l’affaiblissement des démocraties (…) sous le joug des manipulations de l’information"… "Rien ne serait plus dangereux que d’ajouter au désordre mondial un désordre français", a-t-il martelé. Emmanuel Macron a au contraire vanté la "nouvelle méthode" qu’il entend mettre en œuvre à travers le futur "Conseil national de la refondation" (voir notre article du 7 juin 2022), avec deux grands défis pour la ruralité : la lutte contre les déserts médicaux et le maintien des écoles. À partir d’un "cadre national", il promet "une déclinaison locale dans les quelque 1.200 bassins de vie". "Localement nous devons descendre pour bâtir les solutions au quotidien au plus près du territoire."