Culture : vers une suspension de toute coopération avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso ?

La crise diplomatique entre la France et plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne s’invite en France. Les directions régionales des affaires culturelles (Drac) auraient, sur instruction du Quai d’Orsay, exhorté les acteurs qui leurs sont rattachées à suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec le Mali, le Niger et le Burkina-Faso. 

Suspension, sans délai, de tout projet de coopération

"Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. À compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre", indique la missive, rapportée dans un communiqué commun du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), de l’Association des centres chorégraphiques nationaux (ACCN), de l’Association des centres de développement chorégraphique nationaux (A-CDCN), de l’Association des centres dramatiques nationaux (ACDN) et de l’Association des scènes nationales du 13 septembre. 

Ces dernières y dénoncent cette "interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves […] qui n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique". Et d’ajouter que cette politique d’interdiction "n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine". Le Syndeac a demandé la tenue d’une "réunion immédiate" avec le secrétariat général du ministère de la Culture.

L’association Zone Franche, qui se veut le "premier réseau français consacré aux musiques du monde", s’interroge, dans un communiqué du même jour : "Est-ce à dire que les salles et festivals en France ne peuvent plus programmer d’artistes ressortissants de ces trois pays ? S’ils venaient à le faire, quelles en seraient les conséquences ? Y a-t-il un risque de perte de subvention ou autre ? Un artiste possédant un visa Schengen délivré par un pays européen tiers, donc ayant le droit de circuler en France, peut-il tout de même venir exprimer son art sur nos scènes ?" Et d’estimer que, "prises dans une interprétation 'à la lettre', ces mesures sont en contradiction avec les engagements internationaux de la France qui, notamment, est partie à la Convention 2005 de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles".

Pas de déprogrammation demandée

Dans un communiqué de presse publié ce 14 septembre, le ministère de la Culture essaye de circonscrire l’incendie : "Aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit, n’est demandée ni par le ministère des Affaires étrangères, ni par le ministère de la Culture." Il précise que si, "pour des raisons de sécurité, la France a suspendu depuis le 7 août la délivrance des visas depuis Niamey, Ouagadougou et Bamako, ainsi que la mise en œuvre dans ces pays de nos actions de coopération culturelles, cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays".

 

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis