Culture du risque : Barbara Pompili présente son plan d'action
Après la remise début juillet du rapport de Fred Courant sur les moyens de développer la culture du risque en France, la ministre de la Transition écologique a présenté ce 18 octobre un plan s'inspirant de ses propositions. Six leviers d’actions visant à sensibiliser la population aux risques de catastrophes naturelles et d'accidents industriels sont identifiés. Parmi les principales mesures, une journée annuelle de la résilience face aux risques associant l’Etat, les collectivités territoriales, les associations et les professionnels qui le souhaitent sera organisée à partir de 2022 et le label "Résilience France Collectivités" sera développé. Le plan veut élargir l'obligation d'élaborer un plan communal de sauvegarde (PCS).
"Plus une société progresse, plus elle se met à l'abri du danger. Mais l'année passée nous a rappelé, avec violence, que des risques majeurs auxquels nous ne sommes pas préparés demeurent", a déclaré Barbara Pompili ce 18 octobre, après avoir assisté à un exercice de sécurité de l’entreprise Arkema, classée site Seveso à Jarrie (Isère). "Ces risques d'origine tant sanitaire que naturelle ou industrielle, nous ne pourrons jamais complètement les éviter, a ajouté la ministre de la Transition écologique. Le tout sera de savoir les prévenir (quand c'est possible), de pouvoir les affronter et gérer leurs conséquences. Bref : de pouvoir y faire face, en étant à la hauteur des enjeux humains qu'ils impliquent".
Barbara Pompili a rappelé que les deux tiers des communes sont exposées à au moins un risque naturel – inondations (17 millions d'habitants potentiellement concernés), tempêtes, mouvements de terrain, incendies de forêt. Sans oublier les risques spécifiques à l'outre-mer. "Nous devons donc collectivement nous y préparer, connaître les risques que l'on court et savoir comment réagir. C'est ce qu'on appelle la culture du risque", a souligné la ministre, qui était accompagnée de Fred Courant. L'ancien animateur de l'émission "C'est pas sorcier", qui a présidé une mission lancée en décembre dernier pour formuler des propositions visant à renforcer la sensibilisation du grand public aux risques naturels et industriels a remis son rapport en juillet (lire notre article).
Première journée de la résilience le 13 octobre 2022
Les préconisations de la mission ont largement nourri la feuille de route du ministère sur la culture du risque. Barbara Pompili a détaillé ce plan d'action qui identifie 6 leviers visant à sensibiliser la population aux risques de catastrophes naturelles et d'accidents industriels. "Tout d'abord, nous allons construire un partenariat de long terme avec une association nationale spécialisée dans la prévention des catastrophes, qui aura la grande responsabilité de porter le déploiement de cette culture du risque", a-t-elle dit. L'objectif sera de "créer des supports pédagogiques, les partager avec les collectivités et les élus, les diffuser dans les médias". Les résultats de cette action seront évalués chaque année. A partir de 2022, une journée de la résilience face aux risques naturels et technologiques sera organisée chaque année le 13 octobre, qui correspond à la journée internationale de la prévention des risques de l'ONU. L'Etat, les collectivités territoriales, les associations et les professionnels qui le souhaitent pourront alors organiser des actions de sensibilisation (portes ouvertes, exercices grandeur nature, parcours de sensibilisation) pour faire découvrir au grand public quelles peuvent être les conséquences de catastrophes naturelles et d'accidents industriels ainsi que les moyens mis en œuvre par les autorités pour les maîtriser. A cette occasion, les écoles pourront tester leur plan particulier de mise en sûreté (PPMS) et les communes leur plan communal de sauvegarde (PCS).
Label "Résilience France Collectivités"
"Je souhaite aussi valoriser les collectivités qui prennent les devants et construisent leur résilience, a poursuivi Barbara Pompili. Parce que beaucoup se joue à leur niveau, leur implication pleine et entière est vitale." Dans cette optique, le plan prévoit le développement du label "Résilience France Collectivités" pour valoriser les collectivités, qui, par exemple, aménagent leurs quartiers en fonction des risques naturels, organisent des exercices dans leurs écoles ou se dotent d’un élu référent aux risques. Il veut aussi développer et adapter la plateforme Géorisques, qui reçoit déjà aujourd'hui plusieurs millions de connexions par an, pour en faire le site de référence en matière de promotion de la culture de résilience. La plateforme sera notamment enrichie de contenus pédagogiques en direction du grand public.
Des plans communaux de sauvegarde élargis
Les dispositifs réglementaires doivent aussi "privilégier une information individuelle et pédagogique sur les risques". Le dispositif "information acquéreur locataire" doit ainsi être renforcé pour que l'information sur les risques soit accessible dès l'annonce immobilière. Autre enjeu mis en avant : le développement des PCS. Alors qu'une partie des communes soumises à cette obligation ne se sont pas encore dotées d'un tel plan, une action d'animation renforcée des services de l'Etat devrait les aider à franchir le pas. Par ailleurs l'obligation d'élaborer un PCS, aujourd'hui applicable aux communes couvertes par un plan de prévention des risques naturels approuvé et un plan particulier d'intervention (autour des installations nucléaires de base, des sites Seveso, en aval des barrages, etc.) sera généralisée aux communes soumises à un risque majeur (inondations, feux de forêt, risques sismique, cyclonique, volcanique). Le fonctionnement des commissions de suivi de sites (CSS) doit aussi être revu. Le gouvernement veut notamment modifier le référentiel normatif applicable à ces commissions pour qu'elles soient rendues optionnelles et organisées à la demande de l'exploitant, des collectivités, des riverains ou sur l'initiative de l'autorité administrative.
Enfin, un code visuel identique sera mis en place sur l'ensemble du territoire pour que les documents d'information et de communication officiels sur les risques naturels et technologiques soient identifiables rapidement, quel que soit l'endroit où l'on se trouve.