Crise sanitaire et professions juridiques : 3 questions à Maître Girard, notaire à l’Office de Cagnes-sur-Mer et président de Notaires au Cœur des Familles
La crise sanitaire que nous traversons actuellement touche de très nombreux secteurs d’activités dans notre pays, y compris les professions juridiques. Pour préserver la santé de leurs collaborateurs, garantir leur stabilité financière et assurer leurs missions de service public auprès des citoyens, ces dernières ont dû adapter leur fonctionnement et doivent maintenant anticiper les éventuelles difficultés économiques à venir.
Maître Marc Girard, notaire à l’Office de Cagnes-sur-Mer et président de Notaires au Cœur des Familles* nous livre son témoignage sur cette période inédite et nous explique concrètement l’impact de cette crise sur l’activité de son étude, le soutien apporté par la Banque des Territoires et sa vision de l’avenir pour son office et pour la profession.
Maître Marc Girard est notaire à l’Office de Cagnes-sur-Mer. Il est également président de Notaires au Cœur des Familles, délégué au Conseil Supérieur du Notariat et vice-président de la médiation à la cour d’Appel d’Aix-en-Provence et vice-président de la Chambre des notaires des Alpes-Maritimes.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire et du confinement sur votre étude ? Sur votre activité ?
A l’office de Cagnes-sur-Mer, nous sommes cinq notaires associés et employons 27 collaborateurs. Avec la crise sanitaire et le confinement, nous avons été contraints de recourir au chômage partiel, tout en maintenant certains collaborateurs en télétravail, afin que l’office puisse continuer à assurer ses missions. Aujourd’hui, le chômage partiel tend à diminuer pour laisser place au télétravail afin de limiter le nombre d’employés dans l’office et ainsi de respecter les règles de distanciation sociale.
Pendant cette période, nous avons, à distance, régularisé des procurations et réalisé des actes, dont le nombre a beaucoup diminué. Mais, avec le report des charges, des impôts et des prêts, notre avance sur trésorerie est toujours positive et, grâce à la Banque des Territoires, nous sommes rassurés et nous nous sentons sécurisés pour l’avenir.
En quoi vous sentez-vous rassuré et sécurisé par la Banque des Territoires ?
Premièrement, parce que la Banque des Territoires a déployé pour les professions juridiques des mesures exceptionnelles de soutien qui répondent à nos besoins.
Par exemple, dans notre étude, nous avons encore de la trésorerie disponible et donc notre autorisation de découvert n’a pas été impactée. Nous allons tout faire pour ne pas nous en servir, mais cela nous rassure de savoir que, s’il y a un souci, la Banque des Territoires est à nos côtés et pourra nous apporter une certaine souplesse, grâce à l'autorisation de découvert, dont le remboursement peut être consolidé sous la forme d'un prêt de trésorerie. Et cela rassure également l’ensemble de nos confrères du département des Alpes-Maritimes qui était inquiet pour leur trésorerie et à qui la Banque des Territoires a proposé des solutions concrètes et rapides à mettre en œuvre.
Ensuite, et c’est un point important, dans cette période inédite, j’ai pu compter sur l’écoute, la disponibilité et la réactivité de mon interlocuteur à la Banque des Territoires Provence-Alpes-Côte d’Azur, Georges Faivre, que je tiens tout particulièrement à saluer.
La Banque des Territoires est très active et elle joue un rôle très important notamment au niveau régional. C’est un interlocuteur de confiance qui nous soutient en cas de crise, mais également dans nos projets tout au long de l’année. Elle est, par exemple, partenaire de la première Université Famille et Immobilier qui se tiendra à Cannes les 8 et 9 mars 2021, organisée par le réseau Notaires au Cœur des Familles et je l’en remercie.
Comment envisagez-vous l’avenir de votre étude ? Et plus généralement, celui de votre profession ?
Aujourd’hui, le droit de la famille correspond à plus de 50 % de notre chiffre d’affaires. En complément, nous avons développé l’activité de négociation immobilière et 90 % des dossiers de la négociation immobilière viennent du droit de la famille. Ce type d’activité ne diminue pas avec la crise et c’est donc rassurant d’avoir une étude forte en droit de la famille pour la stabilité de cette dernière.
Je suis convaincu, que, dans l’avenir, les études devront renforcer leurs compétences en matière de droit de la famille et de négociation immobilière afin de s’assurer une stabilité financière. Dans ce contexte de crise sanitaire, il est essentiel que les notaires diversifient leur activité.
D’autre part, j’ai créé au sein de l’Office un service de gestion patrimoniale avec des permanences mensuelles avec l’Unofi (Union notariale Financière), afin de proposer à nos clients une approche personnelle pour envisager la transmission de leur patrimoine et j’encourage mes confrères à développer cette activité essentielle en droit de la Famille.
Enfin, il me semble important que les études se regroupent en coopérative ou en groupement, pour allier leurs forces et partager leurs charges. Avec le réseau Notaires au Cœur des Familles, c’est ce que nous faisons. Nous allons créer une coopérative avec d’autres confrères afin de mettre nos moyens en commun pour avoir des offres informatique, bureautique et de formations personnalisées. Je considère que la profession, aujourd’hui, doit mutualiser ses moyens et s’entraider pour dépasser cette période de crise.
* Notaires au Cœur des Familles est une association de notaires, créée par des notaires pour soutenir le développement du conseil aux familles. Tous ses membres justifient du label « Notaire Conseil aux Familles » délivré par le Conseil Supérieur du Notariat qui atteste du suivi d’un cursus de formation spécialisé en droit de la famille.
Les dispositifs d’urgence de la Banque des Territoires à destination des professions juridiques
Pour prévenir ou répondre aux difficultés économiques du secteur des professions juridiques, la Banque des Territoires les accompagne au travers de la mise en place de 3 dispositifs :
- PILOT + : report, sans frais, des échéances de prêt CDC, du 15 mars au 15 septembre 2020
- SOUTIEN+ : autorisation de découvert d’une durée de 6 mois
- RELANCE + : prêt de trésorerie de 12 à 36 mois selon les besoins de chaque entreprise
Ces dispositifs ont déjà permis de soutenir plus de 2700 clients pour un montant de 280 M€.