Crise des urgences : Brigitte Bourguignon annonce de "premières mesures"
La ministre de la Santé a annoncé quelques mesures immédiates pour limiter la crise des urgences hospitalières en attendant les conclusions de la mission Braun. Des mesures qui concernent la rémunération des heures sup, les jeunes diplômés infirmiers, les soignants retraités et la relance des "dispositifs territoriaux de gestion de crise".
La nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, a annoncé ce mercredi 8 juin une série de "premières mesures" afin de surmonter un "été difficile" à l'hôpital. Il faudra "trouver des solutions pour que les Français ne soient pas privés de soins", a-t-elle déclaré lors d'un discours devant le Congrès Urgences, qui se tient à Paris (Société française de médecine d'urgence, Samu, Conseil national de l’urgence hospitalière…).
Alors que 120 services d'urgences ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, selon un décompte diffusé fin mai par Samu-Urgences de France, Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière le lancement d'une mission flash devant rendre ses conclusions dès fin juin (voir notre article du 1er juin). Mais "pour aller encore plus vite, sans attendre les conclusions de la mission", le gouvernement a décidé de débloquer tout de suite une série d'"outils" et de "souplesses nécessaires à la gestion de crise".
Il a notamment été "décidé de réactiver le doublement de la rémunération des heures supplémentaires du personnel non médical, et du temps de travail additionnel des médecins, pour l'ensemble de la période estivale".
La ministre a également annoncé "un dispositif exceptionnel" pour que "les élèves infirmiers et aides-soignants ayant achevé leur formation initiale en juin et juillet [puissent] commencer à exercer immédiatement, sans attendre la remise officielle de leur diplôme".
En outre, les soignants retraités "volontaires pour reprendre une activité" cet été bénéficieront de "facilités de cumul [avec] leur pension de retraite".
Enfin, en termes de "pilotage territorial de la crise", les agences régionales de santé (ARS) ont été sommées de "remobiliser les dispositifs territoriaux de gestion de crise" pour coordonner hôpitaux publics, cliniques privées et professionnels libéraux. "Ces rencontres font l’objet d’un format différent suivant les régions et les territoires, mais partout, l’objectif est de créer du lien, de la transparence, de la mobilisation solidaire pour répondre aux besoins de soins non programmés de la population", a précisé Brigitte Bourguignon.
Il y aura donc trois temps de réponses à la crise : ces mesures immédiates, puis celles qui seront prises à l'issue de la mission flash confiée à François Braun, puis celles que le gouvernement prendra "dans le cadre de la conférence des parties prenantes", selon les termes de la ministre. Celle-ci a d'ailleurs au passage défendu l'idée de cette mission Braun : "Ce n’est pas un énième rapport théorique", "cette nouvelle méthode de concertation directe et locale [doit permettre] d’identifier toutes les solutions opérationnelles déjà mobilisées sur certains territoires, et facilement transposables dans des délais très courts, pour améliorer la prise en charge des urgences et des soins non programmés sur nos territoires".
Brigitte Bourguignon avait préalablement évoqué les enjeux de fond de cette "crise" des urgences, qui questionnent l'ensemble du champ de la santé. Les solutions de plus long terme impliqueront de "parler de tout, sans totem ni tabou", la ministre citant "la question du rôle que chaque acteur peut jouer", "la solidarité qui sera nécessaire entre toutes les composantes du système de santé", les "nouveaux métiers qu’il nous faudra inventer (…) pour décharger les soignants de certaines tâches administratives chronophages", ou encore une meilleure reconnaissance de "la contrainte que représente la permanence des soins, en ville comme à l’hôpital, et en particulier à la pénibilité du travail intensif de nuit".