Crédits dédiés aux quartiers : le Premier ministre se rendra sur le terrain tous les deux mois
Dans le Gard samedi 27 mars, le Premier ministre a présidé un comité de suivi des 3,3 milliards d'euros de crédits supplémentaires pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville annoncés il y a deux mois à Grigny. Sur la rénovation urbaine, comme sur la sécurité, la prévention ou encore l'éducation, le gouvernement assure que la mise en œuvre des mesures est bien engagée.
Deux mois après le comité interministériel des villes (CIV) de Grigny (voir notre article du 29 janvier 2021), le Premier ministre s’est rendu samedi 27 mars dans le Gard pour s’assurer de la bonne mise en œuvre des mesures annoncées. Sur les 3,3 milliards d’euros de moyens débloqués pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), 2 milliards viennent augmenter l’enveloppe de la rénovation urbaine, 1 milliard correspond à la déclinaison du plan de relance dans les quartiers et 300 millions d’euros doivent financer différentes mesures – dont de la vidéoprotection ou encore la reconduction du dispositif "quartiers d’été".
"Il est difficile d’identifier à ce jour la façon dont ces crédits vont atterrir concrètement sur le terrain", ont récemment souligné France urbaine et Ville & Banlieue dans un communiqué commun. Les associations demandaient l’installation d’un comité de suivi auprès de Matignon leur permettant de "vérifier que les moyens du CIV et de France Relance bénéficient à leurs destinataires". Selon Matignon, le "comité de suivi" qui s’est tenu le 27 mars, impliquant la présence du chef du gouvernement et de plusieurs ministres, a vocation à se tenir tous les deux mois pour garantir le déploiement des mesures et témoigner de la mobilisation du gouvernement dans son ensemble. Outre la ministre de la Ville Nadia Hai, Jean Castex était cette fois accompagné de Emmanuelle Wargon et Marlène Schiappa, ministres respectivement en charge du Logement et de la Citoyenneté. Par ailleurs, pour un suivi plus précis, 46 "comités territoriaux à la ville" ont été à ce jour soit réunis soit programmés, d’après le ministère de la Ville.
Copropriétés dégradées : vers une meilleure prise en compte ?
Lors d'une rencontre avec des acteurs de la rénovation urbaine, le Premier ministre s'est notamment engagé à apporter le soutien de l'État à un projet de rénovation de copropriétés privées dégradées de Nîmes, en complément de l’action de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) sur la rénovation du parc public. Une meilleure prise en compte des copropriétés dégradées dans le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) est une demande forte des élus locaux (voir notre article). Quant aux 2 milliards d’euros supplémentaires, ils doivent permettre la signature prochaine de conventions qui étaient encore en attente, à Marseille notamment, ainsi que l’établissement de clauses de revoyure au profit essentiellement des équipements publics (voir notre article).
Sécurité : quels renforts effectifs dans les QRR ?
"Il y a deux priorités pour le gouvernement, l'éducation et la sécurité, sans ces deux socles rien n'est possible", a affirmé Jean Castex lors d’un échange avec de jeunes "ambassadeurs de la citoyenneté" engagés dans un programme de la cité éducative de Nîmes. Alors que sept nouveaux quartiers de reconquête républicaine (QRR) ont été annoncés, 180 policiers et gendarmes seront affectés dans ces quartiers d’ici fin septembre 2021 et ce, "dès les prochaines semaines" selon le ministère de la Ville. Cette "sorte de police de sécurité du quotidien" apporte-t-elle bien des renforts supplémentaires, soit en plus des remplacements de départs en retraite ? Le ministère se montre évasif. Lors de la séquence "sécurité" de son déplacement, Jean Castex a écouté des policiers lui raconter leur quotidien dans une cité où le trafic de drogue génère 25.000 euros de gains par jour et où les règlements de compte se font à coups de kalachnikov. "On va essayer de renforcer vos moyens", a-t-il promis.
En matière de prévention de la délinquance, avec le déploiement annoncé de 300 éducateurs spécialisés et 300 médiateurs, c’est "le retour des adultes dans les quartiers", a observé le ministère de la Ville. En principe, la moitié de ces 600 adultes seront engagés avant fin juillet et l’autre moitié d’ici la fin octobre, dans 45 quartiers sélectionnés en fonction de critères (délinquance, difficultés scolaires, …) et "en priorité dans les QRR", toujours selon le ministère de la Ville.
Cités éducatives, "le plus gros projet politique de la ville depuis l’Anru"
La préparation des opérations "quartiers d’été" et "vacances apprenantes" débutera dès le mois de mai avec le maintien des dotations de l'Etat à leur niveau de 2020, le ministère de la Ville soulignant une attente forte des élus. Concernant les 46 nouvelles cités éducatives, elles se verront allouer prochainement une dotation financière sur la base de leur projet. A l’issue d’un nouvel appel à projets en septembre 2021, 74 autres cités éducatives seront désignées, ce qui portera leur nombre à 200. Ce dispositif est chiffré, selon le ministère de la Ville, à quelque 230 millions d’euros sur les trois dernières années du quinquennat, ce qui en fait "le plus gros projet politique de la ville depuis l’Anru".
Selon le communiqué du gouvernement, "le plan 1 jeune 1 solution a produit ses premiers effets dans les quartiers", avec notamment depuis 2020 25.000 garanties jeunes accordées, 13.000 entrées en parcours emplois compétences et 1.800 "emplois francs +" signés. Le ministère de la Ville indique également le lancement fin avril-début mai des cités de l’emploi, dont une "cité de l’emploi des jeux olympiques" en région parisienne.