Créations d'associations : une France coupée en deux
Les dynamiques de créations d'associations divergent entre le nord et le sud de la France. Les territoires se distinguent également selon les types d'activités proposées par les nouvelles associations.
Les départements sont très inégaux face à la dynamique associative, selon l'étude "La France associative en mouvement 2023", réalisée par Recherches & solidarités (R&S) avec le soutien du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse et Hexopée, dont Localtis a déjà rendu compte sous l'angle des mutations du bénévolat (lire notre article du 20 octobre).
Alors que l'année 2022-2023 a permis de retrouver le niveau de créations d'avant la crise sanitaire – avec 71.000 nouvelles associations entre le 1er juillet 2022 et le 30 juin 2023 –, la dynamique observée département par département met en lumière d'importantes disparités entre le nord et le sud de la France.
Ainsi, tous les départements comptant plus 11,2 créations d'associations pour 10.000 habitants – pour une moyenne nationale annuelle de 9,9 – lors des trois dernières années se situent dans la moitié sud du pays et en outre-mer, à l'exception de Paris "en raison de son statut de capitale". Inversement, tous ceux qui en comptabilisent moins de 8,5 se trouvent dans la moitié nord. Cinq départements affichent même un ratio inférieur à 7 : le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle, qui relèvent d'un droit local qui rend plus compliquée la création d'une association, ainsi que l'Aisne et le Pas-de-Calais.
Dynamique associative ou hyperactivité ?
Pour les auteurs de l'étude, il s'agit d'un constat "déjà ancien" qui se répète. Ils mettent toutefois en garde contre la tentation de confondre "dynamique de création d'association" et "dynamisme du tissu associatif" : "Un nombre élevé de créations peut tout autant participer d'une vie associative intense que d'une sorte d'hyperactivité de la part de ceux qui n'auraient de cesse de créer leur propre association, fût-elle ensuite en concurrence ou en doublon avec d'autres, et fût-elle éphémère", nuancent-ils.
L'étude propose également une synthèse des activités déclarées par les associations créées ces trois dernières années. Parmi 29 thèmes possibles, on relève 22,6% de créations d'associations culturelles et artistiques, 16,8% d'associations sportives et d'activités de plein air (dont la chasse et la pêche), 8,5% d'associations amicales et d'entraide (hors défense des droits fondamentaux) ainsi que d'associations du secteur social au sens large (intervention sociale, services aux personnes âgées, humanitaire, aide au développement, etc.).
Sous l'angle des activités, on note aussi des particularités territoriales. Ainsi, Paris, la Lozère, le Lot, la Guyane et la Guadeloupe sont en tête pour la création d'associations culturelles (plus de 26,5% des nouvelles structures) et la Haute-Saône, la Corse, le Pas-de-Calais et la Haute-Marne enregistrent le plus de créations d'associations sportives (plus de 25%). On note enfin l'importance du nombre de créations d'associations de loisirs/action culturelle dans le Cher et la Meuse (plus de 20% contre 11,5% en moyenne nationale), d'éducation et de formation dans le Nord et en Meurthe-et-Moselle (plus de 9% contre 5,1%), économiques dans les Hautes-Alpes (11,8% contre 4,9%) et sociales en Guadeloupe, Seine-Saint-Denis et Val d'Oise (plus de 13,5% contre 8,5%).