Covid : statu quo sur les restrictions
Dans un contexte de chiffres "relativement stables" mais d'une inquiétude liée aux nouveaux variants du Covid-19, le gouvernement exclut pour l'heure un troisième confinement mais ne prévoit aucun allègement des mesures déjà en place. Les déplacements entre régions resteront autorisés durant les vacances d'hiver.
Face à "des chiffres élevés mais relativement stables", pas de nouvelles mesures par rapport à ce qui avait été dit vendredi dernier mais un nouvel appel à la vigilance. Autrement dit, pas de troisième confinement en vue, mais maintien de toutes les restrictions. Et pas de date de réouverture des établissements recevant du public tels que les lieux culturels ou les restaurants. Pas non plus d'indication sur un possible allègement du couvre-feu. La conférence de presse de Jean Castex et de quatre de ses ministres ce 4 février en fin de journée avait donc comme prévu surtout pour objet de fournir des chiffres, de rappeler les dernières règles en vigueur, de faire un point sur la stratégie de test et d'alerte – et, surtout, sur la vaccination.
Les chiffres : "Chaque jour, la France enregistre une moyenne de 20.000 nouvelles contaminations, de 1.600 nouvelles hospitalisations et de 320 personnes décédées." Le taux de mortalité par habitant serait toutefois, "au cours de cette deuxième vague, l’un des plus bas d’Europe", la circulation du virus "n’a pas sensiblement augmenté au cours des deux dernières semaines" et "le taux de positivité des tests reste globalement stable", a exposé le Premier ministre.
La grande crainte aujourd'hui est, on le sait, celle des variants. On saura que "la part des malades atteints par ces nouvelles formes du virus est passée d’environ 3,3% le 8 janvier à 14% aujourd’hui, avec des taux encore supérieurs dans certaines régions". Les plus inquiétants étant les variants sud-africain et brésilien, non seulement plus contagieux, tout comme le variant anglais, mais aussi susceptibles de provoquer des formes plus graves d'affection, davantage de récidives et une moindre efficacité des vaccins. "Nous les considérons comme de nouveaux virus", a indiqué le ministre de la Santé.
Face à cela, l'exécutif s'était bien "interrogé sur l’opportunité de mettre en place un troisième confinement". Mais étant donné le "coût économique, social, humain et parfois même sanitaire" d'une telle décision, "un nouveau confinement ne peut s’envisager qu’en tout dernier recours". La chose n'est toutefois pas exclue "en cas de dégradation forte et rapide de la situation". L'objectif étant donc de "nous donner collectivement les moyens de l'éviter", a prévenu Jean Castex. Avec une exception : Mayotte, où un confinement généralisé vient d'être décrété.
L'un de ces moyens : la fermeture des frontières depuis dimanche dernier, "pour empêcher les variants de pénétrer sur notre territoire". Les nouvelles règles sont connues : interdiction des déplacements à destination ou en provenance des pays extérieurs à l’UE et des territoires d'outre-mer, "sauf motif impérieux" ; présentation d'un test PCR pour entrer en France depuis un pays de l’UE. Le ministre de l'Intérieur a insisté sur le renforcement des contrôles aux frontières terrestres, avec deux exceptions prévues, les frontaliers et les routiers.
Rappel des règles, aussi, pour les commerces : fermeture des grands centres commerciaux, "qui constituent des lieux de forte concentration et de brassage", jauges renforcées dans les commerces de plus de 400 mètres carrés. S'agissant des établissements ou équipements toujours fermés, Jean Castex a considéré qu'il serait "déraisonnable de parler de réouverture" et qu'il n'était pas en mesure de donner "des perspectives à court terme". On saura juste que Roselyne Bachelot poursuit ses discussions avec les acteurs du secteur culturel, avec une possible distinction entre "les établissements circulants" tels que les musées, qui pourraient rouvrir... avant tous les autres (salles de spectacle par exemple).
Troisième levier : le télétravail. "Télétravailler partout où c'est possible devient impératif", a déclaré Jean Castex, regrettant que le recours au télétravail ait diminué depuis novembre. "Il y a encore trop d'entreprises où le télétravail serait possible mais n'existe pas du tout ou à des niveaux très faibles", a-t-il insisté, en invitant les administrations publiques à "montrer l'exemple" (on sait que la ministre de la Fonction publique s'était exprimée la veille en ce sens et qu'une nouvelle circulaire est imminente). Mi-janvier, 30% des actifs télétravaillaient à temps complet (64% partiellement), contre 45% début novembre (70% partiellement). Élisabeth Borne a elle aussi demandé "à chaque entreprise de se mobiliser sans délai" sur "deux priorités" : "réduire la part des salariés qui ne télétravaillent pas du tout" et faire que ceux "qui télétravaillent aujourd'hui un, deux ou trois jours par semaine, fassent au moins un jour de télétravail de plus". La ministre du Travail a précisé qu'elle allait réunir "en début de semaine prochaine" les branches professionnelles où le télétravail a fait l'objet d'un "relâchement plus prononcé" (audiovisuel, banques, professions juridiques, informatique, immobilier…). Pour les actifs qui télétravaillent à 100%, les salariés en situation "d'isolement" sont toujours autorisés à revenir travailler en présentiel un jour par semaine, "mais cela doit rester une soupape en cas de nécessité".
Un certain nombre de questions se posaient à l'approche des vacances d'hiver qui débutent ce weekend pour la zone A. Avait par exemple été évoquée l'hypothèse d'une prolongation de ces vacances scolaires. Il n'en sera finalement rien. Et Jean Castex a confirmé qu'il n'y aura pas de restrictions de déplacements entre régions métropolitaines. Mais a évidemment souhaité la plus grande prudence. Gérald Darmanin n'a pour sa part pas envisagé de souplesse horaire particulière pour les longs trajets : "À 18 heures, c'est aux Français de s'organiser, il faut être arrivé à son lieu de destination." Embouteillages ou pas. Interrogé sur l'hypothèse d'un reconfinement pendant les vacances, le Premier ministre a assuré que les Français partis dans une autre région seront dans tous les cas "autorisés à rentrer chez eux".
1,9 million de contrôles ont été effectués et quelque 177.000 amendes pour non-respect du couvre-feu ont été dressées depuis son instauration le 15 décembre, a d'ailleurs indiqué le ministre de l'Intérieur. Les forces de l'ordre ont également intensifié les contrôles des débits de boisson et restaurants, qui ont été 587 à avoir été contrôlés mercredi.
S'agissant, enfin, de la vaccination, Jean Castex a annoncé que 1,7 million de rendez-vous supplémentaires pour de premières injections seront ouverts "dans les prochains jours". Et a assuré que "l'objectif de quatre millions de personnes ayant reçu leur première injection" sera atteint "d'ici la fin du mois de février". L'accélération du rythme va être rendue possible par l'arrivée du vaccin d'AstraZeneca, qui sera utilisé à partir de samedi, a-t-il précisé. Sur les 1,7 million de rendez-vous supplémentaires annoncés, 500.000 seront ouverts à partir de vendredi pour être réalisés fin février, puis 1,2 million "dès le milieu de la semaine prochaine" pour le mois de mars. Ils seront suivis encore "d'au moins 500.000 rendez-vous supplémentaires sur le mois de mars que nous ouvrirons progressivement d'ici là".