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Covid : le gouvernement consulte les élus pour accélérer la vaccination et durcir le passe sanitaire

Pas de confinement, ni de retour des fermetures et des jauges. Mais un renforcement des gestes barrières (port du masque), du passe sanitaire et des contraintes sur les 6 millions de non-vaccinés, et une relance de la campagne de vaccination : telles sont les décisions qui devraient être annoncées par le ministre de la Santé, ce jeudi, à l’issue d’une concertation avec les groupes politiques et les associations d’élus.

Le gouvernement consultera les différents groupes politiques, mercredi après-midi, puis les associations d’élus, jeudi matin, avant d’arrêter les mesures qui seront prises pour contenir l’épidémie. C’est ce que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a annoncé mercredi 24 novembre, en conférence de presse, à l’issue d’un conseil de défense sanitaire suivi du conseil des ministres. Mais c’est au ministre de la Santé, Olivier Véran, qu’il reviendra ensuite, jeudi après-midi, le soin de faire des annonces. Selon le porte-parole, le taux d’incidence était de 191 pour 100.000 hier et il pourrait rapidement dépasser les 200, seuil déjà atteint dans 34 départements. "Nous pouvons éviter la submersion à condition de poursuivre et d’amplifier la vaccination, les gestes barrières et nos efforts dans le passe sanitaire", a-t-il déclaré. Pour "sauver les fêtes de fin d’année", le conseil de défense a fixé un "cap clair", celui de ne "pas avoir à revenir à des mesures de jauges, encore moins à des fermetures, des couvre-feux ou des confinements dans notre pays", a-t-il assuré, se refusant cependant à tout pronostic pour l’avenir.

Alors que la polémique enfle sur la contamination du Premier ministre - des vidéos filmées en marge du Congrès des maires, la semaine dernière, le montrent sans masque et serrant de nombreuses mains -, le gouvernement souhaite insister dans trois directions : le renforcement des mesures barrières, justement, comme le port du masque "en intérieur et à l’extérieur", le "renforcement du passe sanitaire pour mettre davantage de contraintes sur les non vaccinés que sur les vaccinés" et "l’accélération de la campagne de rappel". Toujours rien sur la prévention et les traitements.

Environ 800 centres ont fermé

C’est sur la campagne de vaccination que les maires sont attendus afin que, "quel que soit le lieu où les Français résident, ils [puissent] accéder au rappel de vaccination le plus facilement possible". Le ministre de la Santé devrait annoncer demain une extension de la troisième dose à une plus large partie de la population, comme l’ont recommandé ces derniers jours la Haute Autorité de santé, le Conseil scientifique et le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale.  À partir du 15 décembre, la validité du passe des plus de 65 ans vaccinés depuis six mois sera conditionné à une troisième dose. Une campagne de rappel sera lancée pour les plus de 50 ans à compter du 1er décembre. Il pourrait donc être décidé de descendre jusqu’à 40 ans, sans qu’on sache pour le moment si la validité du passe en dépendra.

"Quand on parle de rappel vaccinal, évidemment qu’il faut avancer et travailler avec les élus locaux dont vous savez qu’ils sont pleinement investis dans la campagne de vaccination pour faire tourner les centres de vaccination et garantir que, partout sur le territoire, les Français ont accès à la vaccination et, en l’occurrence, au rappel de vaccin", a expliqué Gabriel Attal. Or la situation n’est pas la même partout. De nombreux centres ont fermé du fait notamment de la décision de faire entrer la vaccination dans les soins de ville (pharmacies, médecins libéraux, sages-femmes). Selon nos confrères de Maire infos, environ 800 centres sur les 2.875 mis en place ont fermé. "Vous avez aujourd’hui une vaccination qui s’est beaucoup déployée en ville, notamment chez les pharmaciens et chez les médecins libéraux, vous avez des centres de vaccination qui continuent de fonctionner, vous avez certains endroits où les centres de vaccination ont réduit la voilure parce qu’il y avait moins de demandes de vaccination, et puis des endroits où les centres de vaccination ont parfois fermé", a développé le porte-parole, préconisant une approche "territoire par territoire". Mais une réouverture des centres aura un coût important pour les collectivités. Comme l'a souligné le député LR de l'Essonne Bernard Bouley, mardi, lors des questions au gouvernement, "l’enveloppe de 60 millions d’euros d’aide financière de l’État aux centres a laissé un reste à charge aux collectivités locales, déjà exsangues". "La logistique suivra", lui a laconiquement répondu Olivier Véran.

La validité des tests PCR abaissée à un jour ?

La contrepartie de cette campagne sera un renforcement du passe sanitaire et des contraintes sur "les six millions de Français qui, je l'espère, n'ont pas encore fait le choix de de la vaccination", a insisté Gabriel Attal. Selon plusieurs sources, la validité du test PCR pourrait par exemple être abaissée de 72h à 24h. Les contrôles de l'application des passes seront également renforcés. En revanche, se référant à une décision du Conseil constitutionnel du 31 mai dernier, le porte-parole du gouvernement a écarté l'idée d'imposer un passe sanitaire pour les meetings politiques, lors de la campagne présidentielle.
Alors que la part de vaccinés dans les contaminations et les hospitalisations est de plus en plus importante (une dizaine de maires de la délégation du Cantal ayant participé au congrès des maires, la semaine dernière, ont été testés positifs à leur retour), le porte-parole s'est appuyé sur une "étude israélienne" montrant que le risque d’hospitalisation est de 53 pour 1.000 pour un non vacciné, de 9,6 pour 1.000 pour un vacciné (deux doses) et tombe à 1,6 pour 1.000 pour une personne ayant reçu une troisième dose. Selon les dernières données de la Dress (service statistique du ministère de la Santé), sur la première semaine de novembre, les entrées en hospitalisation sont supérieures chez les vaccinés (857 contre 639). On compte 174 entrées en soins critiques chez les non-vaccinés contre 177 chez les vaccinés, 71 décès chez les premiers et 95 chez les seconds. Mais ramenés à la population, ces chiffres montrent que la possibilité de faire une forme grave est 8 fois plus importante chez les non-vaccinés.