Revitalisation - Contrats de plan : la Bretagne cible les centres-ville
Le contrat de plan de la Bretagne est le premier à avoir bénéficié de la "clause de revoyure" destinée à prendre en compte les nouvelles compétences des régions et, pour certaines d'entre elles, leurs nouveaux périmètres. Le Premier ministre Manuel Valls et le président de la région Bretagne Jean-Yves Le Drian ont ainsi signé, samedi 1er octobre, sur l'île de Groix, un avenant au CPER prévoyant une rallonge de 38 millions d'euros, financés à parité entre les deux partenaires. Une somme qui s'ajoute au 1,2 milliard d'euros (594 millions de l'Etat et 603 millions de la région) déjà programmés dans le contrat initial signé en mai 2015.
Les trois quarts de cette enveloppe (28 millions d'euros) alimenteront le volet territorial du contrat (doté initialement de 77,05 millions d'euros, dont 71,05 de l'Etat et 6 de la région), plus précisément la revitalisation des centres-bourgs et des petites villes bretonnes qui, ici comme ailleurs, souffrent de la désertification. "L'étalement urbain a accéléré le phénomène. Aujourd'hui, le périurbain concentre les trois quarts des emplois et 60% de la population. On voit très bien sur les Scot que le développement des zones d'activités, des zones commerciales et les soins médicaux se fixent en périphérie", constate Laurence Fortin, vice-présidente de la région chargée de l'aménagement territorial.
Les 10 millions de l'avenant restants iront au volet innovation, plus précisément à un "partenariat régional d'innovation" passé dans le cadre du PIA 2 (la deuxième phase du programme d'investissements d'avenir). De quoi financer des projets d'innovation dans les PME via Bpifrance.
Des contrats de partenariat avec les 21 pays
C'est une des originalités du contrat breton 2015-2020 que d'avoir fixé comme priorité la revitalisation des centres-ville. Dans le cadre de l'avenant, l'Etat apportera 3,5 millions d'euros supplémentaires par an sur quatre ans, auxquels s'ajouteront les crédits des futurs contrats de ruralité annoncés pour la fin de l'année (la Bretagne bénéficiera de 12,5 millions d'euros sur les 216 accordés au dispositif en 2017).
Plus de 105 millions d'euros au total sont dévolus au volet territorial. Ils permettront ainsi de soutenir une politique menée depuis plusieurs années par la région, dans la continuité des deux expérimentations conduites par l'établissement foncier de Bretagne (EPFB), précurseur sur la question de la revitalisation des centres-bourgs (Josselin et Mellé), et des territoires bretons retenus dans l'appel à manifestation d'intérêt national en faveur des 50 centres-bourgs (Guingamp et Louvigné-du-Désert). La région soutient des collectivités en déclin qui s'engagent dans une stratégie globale de revitalisation de leur centre (logement, commerce, services publics…). Elle vient financer des études, des investissements dans les équipements de services publics revêtant "une dimension de centralité" tels que les maisons de santé, la réhabilitation de halles, la réhabilitation de logements privés ou publics… "Pour dynamiser, il faut recréer une identité sur la centralité, quitte à créer, développer, accompagner des activités…", explique Laurence Fortin. L'accompagnement de la région passe par des contrats de partenariat passés avec chacun des 21 pays du territoire. Ce qui permet de mobiliser d'autres sources de financement comme les crédits européens du programme Leader. L'évaluation des projets se fait au sein de "comités uniques de programmation" où siègent les représentants de l'Etat, des collectivités, du pays... Ces comités se réunissent dans chaque pays au moins une fois par mois. Ils apportent de la "cohérence", souligne l'élue régionale.
"Des maires un peu démunis"
"On assiste à une prise de conscience des élus. Mais de là à la mise en œuvre, on n'y est pas encore tout à fait", tempère cependant Caroline Contamine, la directrice générale de l'EPFB, jugeant "les maires un peu démunis". "Après la réforme de la taxe professionnelle, on s'est mis à courir après les habitants en construisant des lotissements, il sera dur de revenir en arrière", développe-t-elle, même si à l'avenir "l'échelle intercommunale permettra d'éviter les situations de concurrences territoriales". Autre enjeu : derrière le pansement de la revitalisation ou des futurs contrats de ruralité, la métropolisation est plus que jamais le modèle défendu aujourd'hui. D'ailleurs, le volet territorial du CPER breton soutient parallèlement les stratégies métropolitaines de Brest et de Rennes qui ont accédé au statut de métropole le 1er janvier 2015. La région devra veiller à l'équilibre de son territoire avec le Sraddet (schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires). Celui-ci doit être élaboré avant juillet 2019. Un nouveau rendez-vous attend la région.