Accès aux soins - Contrairement aux généralistes, les spécialistes ne jouent pas le jeu de la CMU
Régulièrement questionné par les associations caritatives ou associations de consommateurs sur les difficultés d'accès aux soins des bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU), le Fonds de financement de la protection complémentaire de la CMU s'est lancé dans une forme inattendue de "testing". Il a confié à une société spécialisée la réalisation d'une étude téléphonique auprès de 215 médecins et dentistes installés dans six communes du Val-de-Marne (94). Des enquêteurs de la société ont appelé les praticiens pour prendre un rendez-vous, en précisant qu'ils bénéficiaient de la CMU complémentaire (couvrant la part non remboursée par la Sécurité sociale). En cas de refus au motif d'un agenda trop chargé, un autre enquêteur, dans le rôle d'un assuré "ordinaire", téléphonait quelques minutes plus tard pour demander à son tour un rendez-vous. L'étude montre que les médecins généralistes jouent pleinement le jeu de la CMU : seuls 1,6% d'entre eux ont refusé le rendez-vous. Les résultats sont en revanche sans appel pour les spécialistes : 50% des psychiatres, 44% des gynécologues, 41% des pédiatres et 33% des ophtalmologues ont refusé le rendez-vous, alors qu'ils l'ont accordé quelques minutes après à l'assuré "ordinaire". Il en a été de même pour 39% des dentistes.
Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités, a aussitôt saisi le président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) pour que celui-ci "sanctionne de tels agissements" et rappelle les règles déontologiques. Dans un communiqué, le Cnom a déclaré "inacceptable" l'attitude des praticiens en cause et s'engage à adresser à tous les médecins "un rappel dans les plus brefs délais". Il s'insurge toutefois contre les extrapolations tirées des résultats de cette étude réalisée "à partir d'un échantillon de médecins dans un seul département".
J- N. E. / PCA
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23/02/2006
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