Continuité de service public : l’assainissement ne sera pas absent
Avec le passage au stade 3 de l'épidémie de coronavirus, les collectivités compétentes en assainissement et leurs exploitants font face à de nouveaux défis pour maintenir un niveau de traitement des eaux usées et la continuité de ce service public essentiel.
Le secteur de l’eau est en première ligne de la réorganisation pour assurer quoi qu'il arrive la continuité du service. Les opérateurs ont enclenché leur plan de continuité d'activité (PCA). Une démarche globale mais qu’il s’agit maintenant de faire vivre et d’adapter aux circonstances. Le scénario pande?mique était anticipé, avec notamment cette fiche-mesure du ministère de la Santé, mais celui du confinement total l'était moins. Dans les plans de prévention qui se sont succédé depuis 2004, le maintien en pe?riode pande?mique de la production et de la distribution d’eau potable est au centre mais le second pan du secteur, l’assainissement des eaux use?es, est peu évoqué. "Or il est e?vident que le maintien en activite? des re?seaux d’eaux use?es est essentiel et qu’il faut, là aussi, assurer le roulement des salariés qui pilotent les stations d’épuration", souligne Régis Taisne, chef du département du cycle de l'eau à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR).
Manque de masques
Le travail en station d'épuration nécessite des équipements de protection individuelle (EPI) adaptés. Les exploitants des services publics d’assainissement sont donc tenus d’équiper leur personnel de masques de protection et d’en vérifier les stocks. Mais selon la Fédération des entreprises de l'eau (FP2E), ces derniers ne suffiront pas avec le passage en stade trois qui porterait ce besoin à 500.000 masques par semaine. "Des discussions sont en cours en vue d’adapter le niveau de protection nécessaire", indique Régis Taisne. Les rencontres s’accélèrent entre la profession, hier avec les secrétaires d'État, Emmanuelle Wargon (Transition écologique et solidaire, MTES) et Agnès Pannier-Runacher (Économie et Finances), demain avec la direction eau et biodiversité (DEB) du ministère de la Transition écologique.
Priorité au pilotage
Le second point chaud est sur la tenue des chantiers qui, dans ce contexte d’urgence sanitaire et de recentrage sur les missions prioritaires, vont être reportés. "Les interventions extérieures qui peuvent être différées le sont déjà : ce n’est pas le moment par exemple de faire de la relève de compteurs eau", cite-on chez Veolia Eau. "Les grosses fuites seront réparées, pas les petites qui ne risquent pas de priver d’eau un quartier", résume Régis Taisne. Priorité au pilotage des stations, moins au contrôle des conduites d’évacuation. Les agents effectuant habituellement des missions d’entretien ou de diagnostic devraient donc rester chez eux ou contribuer à l’effort de roulement et de polyvalence pour faire face dans la durée à l’absentéisme.
Assouplissements réglementaires
Dans une note complète sur ce sujet mise en ligne pour ses adhérents, la FNCCR n’oublie pas de mentionner le maintien de la capacité des laboratoires d’analyses à contrôler les eaux. Précisons des eaux potables comme des eaux usées (respect des normes sur les rejets). Très concrètement, les restrictions de circulation vont-elles impacter le transport sous contrainte des échantillons de celles-ci ? Les analyses habituelles vont-elles être moins regardantes et, là aussi, se concentrer sur l’essentiel ? Une question parmi d'autres tant la situation est exceptionnelle et nécessitera des assouplissements réglementaires. "Sur d’autres sujets comme le risque de refus d’intervention de la part des agents ou l’approvisionnement des stations en re?actif (chlore, etc.), qui fait partie des besoins prioritaires en matière de transport de marchandises qui doivent être planifiés par les services de l’État, nos adhérents ne rencontrent pour l’heure aucun problème", rassure pour finir Régis Taisne.