Congrès des maires – Tout pour être découragés ?

L'enquête annuelle de l'Association des maires de France et du Cevipof se penche entre autres sur les conditions d’exercice du mandat de maire - dont le sujets des indemnités -, l'environnement de travail des élus et les violences dirigées à leur encontre.

En lever de rideau de son 105e Congrès, l'Association des maires de France (AMF) a dévoilé ce 20 novembre les conclusions de la cinquième enquête de l'Observatoire de la démocratie de proximité menée avec le Cevipof et, cette année, en partenariat avec le ministère en charge des collectivités. Son intitulé est explicite : "Des maires engagés mais empêchés". Près de 10.000 personnes dont 8.000 maires y ont répondu en septembre et octobre dernier. Il y est principalement question de l’environnement de travail du maire, des conditions d’exercice de la fonction, des violences à l'encontre des élus et de gouvernance territoriale.

La moitié des maires répondants sont retraités, 27% travaillent à plein temps et 13% à temps partiel, tandis que 6% ont arrêté leur activité du fait de leur fonction. Les trois quarts d'entre eux sont également conseillers communautaires. Ils consacrent en moyenne 32 heures à leur fonction de maire. Rapporté à leurs indemnités d'élus, pour les communes de moins de 500 habitants, cela fait du 10,9 euros de l'heure, soit le Smic. D'ailleurs, "dans la perspective des élections de 2026, les maires suggèrent trois leviers pour favoriser l’engagement futur des conseillers municipaux : la revalorisation de l’indemnité (50%), l’augmentation du crédit d’heures accordées par les entreprises (20%) et l’instauration d’un nombre minimum obligatoire d’absences prises en charge financièrement par l’entreprise (17%)", peut-on lire dans le document de restitution.

Si "la question de l'indemnité n'apparaît jamais comme l'une des conditions de l'engagement", les maires ne souhaitent pas non plus "perdre de l'argent". La rémunération est vue comme un moyen de soutenir cet engagement. Surtout évidemment pour les maires actifs dont l'indemnité "compense les revenus professionnels auxquels ils ont renoncé". Alors, tandis qu'en 2020, ils étaient 25% à juger leur indemnité insuffisante, ils sont aujourd'hui 48% à le penser.

Un sentiment d'insécurité souvent justifié

Sur le sujet des violences, les chiffres confirment ce qui se dit depuis des mois : "Les maires interrogés déclarent à 69% avoir déjà été victimes d’incivilités (impolitesse, agressivité), soit 16 points de plus par rapport à 2020. Ils sont 39% à avoir subi des injures et insultes (+ 10 points par rapport à 2020) ou encore à avoir été attaqués ou menacés à 27% sur les réseaux sociaux (+ 7 points). Comme l’an passé, 12% des maires reconnaissent que leur entourage familial a également subi les mêmes comportements violents." Ces chiffres augmentent avec la taille de la commune. Nombreux sont ceux qui se disent découragés de porter plainte.

Les maires témoignent d'un "sentiment d'insécurité" légèrement supérieur à l'ensemble des Français. Ce sentiment colle-t-il au contexte local réel d'insécurité ? "Plus une commune est touchée par un niveau élevé de délits, plus le sentiment d’insécurité du maire progresse, jusqu’au seuil de communes de 9.000 habitants. Au-delà, le sentiment d’insécurité faiblit même si le nombre de délits atteint son maximum" (du fait notamment d'une plus forte présence des forces de l'ordre). Ces résultats "soulignent aussi que les maires sont plus exposés que par le passé à la difficulté d'imposer leur autorité morale et d'incarner le rôle de médiateur des conflits locaux", écrivent l'AMF et le Cevipof.

"Une trop forte exigence des citoyens"

Autre sujet dont on parle beaucoup : les démissions d'élus locaux. "Mythe ou réalité ?", s'interrogent les auteurs. Il y a bien accélération : "Le nombre de démissions s’établit à environ 1.300 depuis le mois de juin 2020, soit un rythme de 450 démissions par an (contre 350 par an au cours de la précédente mandature)." "Les causes sont multiples, allant de la difficulté à concilier une vie professionnelle et/ou personnelle avec celle de maire à l’impuissance d’action face à la complexification réglementaire et l’accumulation de dispositifs imparfaitement connus des maires ", peut-on lire. Les quatre motifs les plus cités par les élus répondants sont en fait  "une trop forte exigence des citoyens", "des relations de plus en plus complexes avec les services de l'État", "des difficultés à concilier l'exercice du mandat et la vie personnelle", "un sentiment d'insécurité et de surexposition face aux comportement des administrés".

Avec près d'un million de candidats aux municipales, l'engagement local n'est "pas encore menacé" et "les maires résistent à l'accumulation de crises", conclut le Cevipof, même s'il y a besoin selon lui de "réviser les conditions d'exercice". Et pour cela, les maires citent prioritairement : augmenter l’indemnité des élus (20 %), créer un fonds financé par l’État pour aider les communes à financer les dépenses relatives aux conditions d’exercice des mandats locaux (16 %), augmenter la compensation pour perte de revenus (14 %), renforcer et élargir la dotation particulière pour les élus locaux (13,5 %).

 

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