Colos apprenantes : une aubaine pour les collectivités
Le dispositif Colos apprenantes va vivre en cet été 2022 sa troisième saison. Pour les collectivités, à l'image de la commune de Braud-et-Saint-Louis, en Gironde, il permet d'offrir aux élèves des séjours mariant loisirs, culture, sport… et renforcement des apprentissages scolaires, le tout en profitant des aides de l'État.
La crise sanitaire aura eu la vertu – peut-être parmi d'autres… – de donner aux collectivités l'envie de renforcer l'accompagnement éducatif de leurs plus jeunes concitoyens. Parfois avec un accompagnement financier de l'État. C'est le cas du dispositif Colos apprenantes, elles-mêmes issues de l’opération Vacances apprenantes. Leur objectif ? Répondre aux attentes des enfants et des familles en matière de loisirs dans le cadre des accueils collectifs de mineurs estivaux tout en proposant des modules de renforcement des apprentissages scolaires.
Reconduites pour les vacances d'été 2022, les Colos apprenantes sont souvent organisées par les grands réseaux associatifs actifs dans le domaine socioéducatif, comme la Fédération Léo-Lagrange ou les Francas, mais aussi par des sociétés privées spécialisées dans les loisirs ou encore par les collectivités territoriales elles-mêmes.
En 2020, quand les Colos apprenantes ont vu le jour, la mairie de Braud-et-Saint-Louis, une commune rurale d'environ 1.600 habitants dans le Blayais, en Gironde, a sauté sur l'occasion. "Dès 2020, nous avons jugé pertinent de nous inscrire dans ce dispositif de renforcement des apprentissages. Nous avions la volonté d'être force de proposition dans la continuité de notre PET (projet éducatif de territoire)", explique Fabien Sicaud, responsable du service scolaire et périscolaire de la commune.
Réseau d'éducateurs
Pour se lancer dans cette aventure, Braud-et-Saint-Louis avait de sérieux atouts. La commune était propriétaire d'un centre de vacances dans les Hautes-Pyrénées, mais aussi d'un bus qui ne demandait qu'à rouler plutôt que rester dans son garage durant l'été. Surtout, elle s'est appuyée sur son réseau d'éducateurs.
Depuis deux ans, le projet a évolué. Le centre de vacances dans les Hautes-Pyrénées a été mis en vente et la commune s'est tournée vers le Pays basque et les installations du lycée agricole de Frantsesenia à Saint-Jean-Pied-de-Port, déjà partenaire de l'équipe pédagogique de Braud-et-Saint-Louis à travers les formations au Bafa (brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur) qu'il dispense.
En cet été 2022, deux séjours sont organisés par la commune pour les enfants de son école élémentaire. Si les matinées seront consacrées à l'étude, les après-midi seront destinés, selon les âges, au sport ou à la découverte de la culture basque.
Pour encadrer les quelque soixante-dix enfants attendus, la mairie a mis sur pied une équipe composée d'un professeur des écoles, un éducateur spécialisé titulaire d'un diplôme d'État, deux animateurs titulaires du Bafa, dont un intervenant multimédia et informatique en milieu scolaire, et une Atsem (agente territoriale spécialisée des écoles maternelles).
Côté financement, la collectivité va bien entendu bénéficier des aides de l'État. En effet, à condition que la commune (ou l'EPCI) ait conventionné avec la direction départementale de la cohésion sociale – et sous réserve que sa "colo apprenante" ait été labellisée par l'inspection académique –, l'État prend en charge 400 euros par enfant, la collectivité s’engageant à prendre en charge le reste à charge ainsi que le coût des transports.
Public cible
Tous les enfants participant à une colo apprenante ne sont toutefois pas éligibles à une aide. Celle-ci ne concerne en effet que les enfants scolarisés de 3 à 17 ans, en priorité ceux domiciliés en quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ou en zones de revitalisation rurale (ZRR), et particulièrement les enfants en situation de handicap, en situation de décrochage scolaire ou relevant de l’aide sociale à l’enfance (ASE), ainsi que les publics dont le quotient familial de la caisse d’allocation familiale (CAF) est compris entre 0 et 1.200.
"À Braud-et-Saint-Louis, la subvention de l'État couvre environ 80% du coût du séjour, confie Fabien Sicaud. Nous accueillons en priorité des enfants en difficulté scolaire ou entrant dans le pré-requis en termes de quotient familial, mais par souci de mixité sociale, notre colo apprenante est également ouverte à tous les élèves inscrits dans notre école."
Dans une foire aux questions destinée aux collectivités territoriales, le ministère de l'Éducation nationale rappelle que les communes, les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et les conseils départementaux, dans le cas des enfants dépendant de l’aide sociale à l’enfance (ASE), sont concernés par le dispositif Colos apprenantes. Les collectivités peuvent y participer en tant qu'organisatrices d'une colo apprenante mais aussi pour faire bénéficier les enfants qu'elles auront identifiés parmi les publics cibles des aides au séjour dans une colo apprenante organisée par un tiers. Elles peuvent en outre envoyer des enfants identifiés sur leur territoire dans d’autres séjours labellisés que ceux qu’elles organisent elles-mêmes.