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Energie - Cinq régions produisent près des deux tiers de l'électricité

Le Commissariat général au développement durable vient de publier une étude sur la production d'électricité en France qui montre de fortes disparités entre régions, aussi bien pour le nucléaire que pour les énergies renouvelables.

La production d'électricité en France (522 TWh en 2009) est "particulièrement concentrée puisque cinq régions seulement en produisent près des deux tiers", souligne le Commissariat général au développement durable (CGDD) dans une note d'information sur la production d'électricité en région publiée le 26 mars 2012. Les régions concernées sont Rhône-Alpes (20% de la production nationale à elle seule), le Centre, la Haute-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais et la Lorraine. Cette concentration de la production est très liée à l'implantation des centrales nucléaires qui fournissent 75% de la production totale d'électricité. Pour leurs besoins en eau de refroidissement, les centrales sont en effet construites le long des fleuves ou en bord de mer et les cinq régions précitées représentent à elles seules 70% de la production nucléaire sur le territoire métropolitain.
Ces mêmes régions, à l'exception du Centre, abritent aussi la majeure partie des centrales thermiques à combustion fossile. Avec les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'Ile-de-France et l'Outre-Mer, elles représentent 83% de la production totale des centrales thermiques françaises en 2009 (57 TWh). "Historiquement, ces régions étaient dotées de mines de houille ou approvisionnées en charbon ou en fuel ainsi qu'en eau de refroidissement grâce à un fleuve, à une rivière ou à la mer", rappelle le CGDD. Elles "comptaient une forte population", "abritaient de grands bassins industriels", et avaient donc "d'importants besoins en électricité".
Avec une production de 63 TWh en 2009 pour une puissance installée de 25.000 MW, l'hydroélectricité est la "première source d'électricité renouvelable", souligne le document, et la France dispose du deuxième parc installé en Europe après la Norvège. L'hydroélectricité est "la plus concentrée des énergies électriques", car provenant à 83% de quatre régions en 2009 : Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Alsace. "Bien qu'en théorie moins tributaire de facteurs géographiques", note le CGDD, l'électricité éolienne (8 TWh en 2009) et photovoltaïque (0,2 TWh) provient aussi "majoritairement de cinq à six régions", représentant respectivement 63% à 65% de leur filière. La biomasse (ordures ménagères, bois et ses coproduits, biogaz, bagasse), plus souvent valorisée pour la production de chaleur, peut aussi produire de l'électricité : en 2009, la filière représente l'équivalent de la moitié de la production éolienne mais vingt fois plus que la production photovoltaïque, et se concentre à plus des trois quarts dans huit régions métropolitaines, notamment en Ile-de-France (20%) et dans les départements d'outre-mer.

Fort décalage entre production et consommation locale

L'inégale répartition régionale de la production d'électricité entraîne aussi un fort décalage avec la consommation locale. "Certaines régions enregistrent de forts excédents et d'autres des déficits importants pour une production globale couvrant en moyenne 114% des besoins nationaux", constate le CGDD. En France métropolitaine, les régions qui en 2009 produisaient plus qu'elles ne consommaient sont Rhône-Alpes, les régions du nord-est, celles du sud-ouest et du centre-ouest. Leur taux de couverture (rapport entre leur production totale et leur consommation d'électricité) varie de 109% (Aquitaine) à 418% (Centre). "Les autres régions dépourvues de centrales nucléaires et de grands barrages produisent sensiblement moins qu'elles ne consomment, leur couverture s'étendant de 9% (Bretagne) à 52% (Corse)", ajoute l'étude.
Pour le CGDD, "à l'échelle locale, l'action des collectivités en faveur de la maîtrise de la consommation d'énergie et du développement de la production d'énergie renouvelable commence à porter ses fruits", avec une forte croissance de la production d'électricité renouvelable hors hydraulique, qui a presque triplé entre 2005 et 2009. En 2009, elle représentait 12,1 TWh et provenait à 66% de l'éolien, à 32% de la biomasse et à 2% du photovoltaïque. "Trois régions ont une production d'électricité hors hydraulique supérieure à un TWh : la Picardie, le Centre et le Languedoc-Roussillon", observe le CGDD. Mais la dynamique est "assez différente d'une région à l'autre ; certaines d'entre elles (Alsace, Corse, Limousin) sont même restées à l'écart de tout développement sur la période considérée".

Eolien et photovoltaïque fortement encouragés

L'éolien et le photovoltaïque ont connu "une dynamique sans précédent" depuis 2005 "grace aux incitations mises en place par les pouvoirs publics", souligne l'étude. Le parc éolien se composait fin 2010 de 926 sites pour une puissance raccordée au réseau de 5.970 MW. Mais les disparités régionales sont très marquées puisque cinq régions - Champagne-Ardenne, Picardie, Bretagne, Centre et Lorraine - concentraient 57% des capacités raccordées, tandis que les neuf dernières régions n'en totalisaient qu'à peine 4%. Pour le photovoltaïque (163.000 installations pour une puissance raccordée au réseau de 1.167 MW), la répartition géographique était à la même période "relativement plus équilibrée" même si les sept régions principales, qui sont aussi les plus ensoleillées (Paca, Languedoc-Roussillon, Pays-de-la-Loire, Rhône-Alpes, Aquitaine, Réunion, Midi-Pyrénées), couvraient 60% des capacités installées fin 2010.