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TICE - Cinq chantiers nationaux pour le développement du numérique à l'école

Les partenariats public-privé (PPP) permettront-ils d'éviter la fracture numérique entre les familles et l'école, d'une part, et de remédier aux inégalités d'équipement informatique entre établissements sur le territoire, d'autre part ? C'est l'une des pistes ouvertes par le rapport de la mission e-Educ remis, ce 21 mai, au ministre de l'Education nationale Xavier Darcos. "Comme vous le savez, il n'existe aujourd'hui qu'un seul PPP en Eure-et-Loir. Je propose donc que d'autres initiatives voient le jour afin que nous puissions évaluer la pertinence des différentes formes de partenariat de ce type", a lancé le ministre à Jean Mounet, président du Syntec informatique, chargé de la mission d'étude e-Educ, depuis janvier dernier. Cinq autres propositions issues dudit rapport devraient également être mises en œuvre dans les établissements scolaires dès la rentrée prochaine.
Dans le cadre du projet "école numérique", chaque lycée, chaque collège et chaque école, devra inclure, dans un premier temps, un volet numérique dans son projet d'école ou d'établissement. La généralisation des espaces numériques de travail (ENT) dans les établissements scolaires, annoncée lors d'un déplacement du ministre à Lannemezan au mois de février dernier, devra ensuite s'accompagner, à l'horizon 2010, d'une obligation d'utiliser le cahier de texte électronique et d'un objectif "zéro papier" pour les échanges internes.
En parallèle, une plate-forme d'identification et de présentation des ressources, des usages et bonnes pratiques sera créée, dans le courant de l'année 2008, afin de mieux informer les enseignants quant à l'enseignement numérique de leur discipline.
Un observatoire national des TIC permettra par ailleurs de réunir les acteurs compétents de l'Éducation nationale et des collectivités territoriales, ainsi que des représentants de la Caisse des dépôts, des pôles de compétitivité, des entreprises du secteur des TIC, des associations, des éditeurs privés, et des organismes de recherche travaillant sur ces sujets. "L'objectif de l'observatoire sera de recenser les expériences nationales et internationales, de produire des analyses et de formuler des propositions pour alimenter le fonds commun de compétences qui permettra le développement de l'École numérique du futur", a précisé le ministre, semblant ainsi faire écho à l'initiative d'expérimentation de "Lycée nouvelle génération", annoncée par l'Association des régions de France, la semaine dernière.
Enfin, gage de la prise en compte de la réalité du terrain, un programme de formation de l'encadrement aux Tice et aux projets numériques devrait être mis en place dès l'année prochaine. La formation initiale des chefs d'établissement et des inspecteurs (IEN et IPR-IA) intégrera désormais le management de projet et l'acquisition de compétences TICE, sur le modèle de ce qui se fait déjà pour les jeunes professeurs sortant d'IUFM. La formation continue des chefs d'établissement et des inspecteurs aux Tice sera également privilégiée.

Mobiliser les collectivités

"Ce rapport constitue un programme de masse, exigeant d'importants investissements, tant humains que financiers, qui nécessite un soutien fort et continu des politiques publiques, portées par l'État et les collectivités territoriales", souligne d'emblée l'introduction du document. Cinq chantiers nationaux y sont donc identifiés : "bâtir l'école numérique", "optimiser l'action conjointe des pouvoirs publics", "conduire et accompagner le changement", "stimuler la production de ressources numériques et de services", "mobiliser les entreprises du secteur autour d'un partenariat éducatif pour le numérique". Le deuxième chantier vise notamment à "optimiser le copilotage, dans un cadre partenarial ad hoc, avec les collectivités territoriales" en redéfinissant "les finalités, conditions et modalités de la mise en place d'un cadre partenarial national pour le développement continu et équilibré du numérique dans les espaces éducatifs des territoires". Ce partenariat se mettrait en place "sur la base de la convention nationale dont les grands objectifs pourraient éventuellement être déclinés en axes prioritaires spécifiques (par exemple : ENT, espaces publics numériques, priorités territoriales...)". L'organisation s'appuierait sur un comité national de pilotage présidé par le ministre de l'Éducation nationale, réunissant "les directions concernées du ministère y compris l'inspection générale, les représentants des associations, des collectivités, la Caisse des dépôts, ainsi que des représentants des recteurs, des inspecteurs d'académie, des directeurs des services départementaux, des présidents de conseils régionaux, des présidents de conseils généraux, des présidents d'intercommunalités, des maires". Un comité de gouvernance serait constitué au niveau académique. Pour mémoire, la mission e-Educ n'associait ni élus, ni collectivités, mais une quinzaine de personnes venues du Syntec informatique, d'IBM, de Sopragroup Pascaline, de Microsoft, de Capgemini, d'Accenture, de HP, de Strat-Up, de E-gov solutions, de l'inspection générale de l'Éducation nationale, de la sous-direction aux Tice, de la direction générale de l'enseignement scolaire et de la direction générale de l'enseignement supérieur. Elle a cependant procédé, dès fin janvier et ce jusqu'à mi-avril, à plus d'une centaine d'auditions auprès d'acteurs publics et privés (pôle de compétitivité Cap Digital), d'élus (Martine Vandelle, vice-présidente du conseil régional de Bourgogne), de responsables des collectivités (région Paca, Auvergne), de structures parapubliques (Manche Numérique, GIP Récia en région Centre), d'associations (ARF, ADF, AMF)... Un forum en ligne dédié aux thèmes de la mission avait également recueilli, du 23 janvier au 29 février derniers, 525 réponses sur 198 sujets.

 

Luc Derriano / EVS