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Cinq ans de plus pour Emmanuel Macron

Un second quinquennat pour Emmanuel Macron, réélu avec 58,5% des voix face à Marine Le Pen (41,4%), lors d'un scrutin marqué par une abstention élevée (28%). Un mandat qui "ne sera pas la continuité" du précédent, a-t-il assuré. Les oppositions évoquent inévitablement le "troisième tour" que vont représenter les législatives. Les associations d'élus locaux ont félicité le président et souhaité "un dialogue loyal avec l'État" sur les enjeux liés aux collectivités locales. Retrouvez ici une synthèse des résultats par région.

Emmanuel Macron a été réélu ce dimanche 24 avril à la présidence de la République avec 58,54% des voix face à Marine Le Pen (41,46%, selon les résultats définitifs du ministère de l'Intérieur), lors d'un scrutin marqué par une abstention élevée (28,01%), sans oublier les votes blancs (6,35%) ou nuls (2,35%).

Donné de longue date favori à sa propre succession, Emmanuel Macron devient, comme cela a beaucoup été dit dimanche soir, le premier président sortant reconduit hors cohabitation depuis l'adoption du vote au suffrage universel direct en 1962. Il est aussi le troisième président de la Ve République à effectuer un deuxième mandat après François Mitterrand et Jacques Chirac.

Beaucoup entendu aussi après l'annonce des résultats à 20 heures : un président réélu nettement, mais "mal" élu si l'on se réfère à son score au regard des inscrits. Marine Le Pen améliore en tout cas de quelque huit points son score de 2017, où elle avait recueilli 33,9% des voix. "Le nombre d'inscrits ayant voté pour Le Pen au deuxième tour est passé de 10,6 millions à 13,3 millions, soit 27% du corps électoral, contre 22% en 2017. Dans le même temps, Macron est passé de 20,7 millions à 18,8 millions, soit une baisse de 44% à 39% du corps électoral", résumait ce lundi l'économiste Olivier Bouba-Olga.

"Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l'extrême droite", a d'ailleurs reconnu le chef de l'État dimanche soir lors de son allocution depuis le Champ de Mars à Paris. "Et je veux ici les remercier et leur dire que j'ai conscience que ce vote m'oblige pour les années à venir", a-t-il poursuivi. Se posant en "président de tous", Emmanuel Macron s'est aussi adressé aux électeurs de Marine Le Pen, estimant que "la colère et les désaccords qui les ont conduits à voter pour ce projet doivent aussi trouver une réponse". Il a en outre évoqué les abstentionnistes, estimant que "leur silence a signifié un refus de choisir auquel nous nous devrons aussi de répondre". Le fait que les trois zones scolaires soient en vacances a certes pu jouer sur le taux record d'abstention depuis la présidentielle de 1969. Quant au contingent des votes blancs et nuls, il est resté moins important qu'en 2017.

"Pas la continuité du quinquennat qui s'achève"

La candidate du RN s'est réjouie de voir que "les idées" qu'elle représente "arrivent à des sommets pour un second tour de la présidentielle". Voyant même dans son score "une éclatante victoire" et la manifestation du "souhait" des Français d'"un contre-pouvoir fort", lançant immédiatement "la grande bataille électorale des législatives" des 12 et 19 juin. Le RN ne comptait que six députés dans la législature qui s'achève.

Emmanuel Macron s'est engagé à se renouveler, assurant que "cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s'achève mais l'invention collective d'une méthode refondée pour cinq années de mieux". Un engagement qu'il avait déjà esquissé dans l'entre-deux-tours, évoquant entre autres davantage de concertation sur le report de l'âge de la retraite ou une planification en matière d'écologie directement confiée au futur Premier ministre.

S'ouvre maintenant la campagne des législatives où le chef de l'État essaiera de conserver sa majorité. Selon l'un des sondages réalisés depuis dimanche soir, 56% des Français ne souhaitent pas lui accorder cette majorité, seuls 20% s'y disant pleinement favorables.

"Le troisième tour commence ce soir", a d'emblée lancé Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 22% au premier tour, en demandant de nouveau aux Français de l'"élire Premier ministre". La défaite de Marine Le Pen est "une très bonne nouvelle pour l'unité de notre peuple", a réagi le chef de file des insoumis. Mais "le bloc populaire, qui s'est constitué autour de ma candidature, est dorénavant le tiers-état qui peut tout changer s'il se rassemble et s'élargit", a-t-il insisté.

La France insoumise, le Parti communiste, les écologistes et le Parti socialiste avaient tous appelé à ne pas donner de voix à la candidate du RN, tout en promettant de combattre ensuite aux législatives de juin celui qu'ils ont contribué à faire réélire. La France insoumise avait engagé des discussions bilatérales en début de semaine avec EELV, le PCF et le NPA, pas encore avec le PS – celui-ci ayant pour sa part voté majoritairement pour un rapprochement avec LFI et espérant aujourd'hui une rencontre entre les deux formations.

Un nouveau Premier ministre dès maintenant ?

Emmanuel Macron est majoritaire dans toutes les classes d'âge mais fait ses meilleurs scores chez les plus de 60 ans et plus particulièrement les plus de 70 ans. Et a encore une fois été privilégié par les classes aisées, cadres et diplômés de l'enseignement supérieur. Il n'est que légèrement majoritaire chez les 25-34 ans. Selon le politologue Jérôme Fourquet, Marine Le Pen a particulièrement attiré les Français qui considèrent vivre "moins bien que vivaient leurs parents" et habitant dans une "France de l'ombre", dans des zones dans lesquelles "on va habiter parce qu'on ne peut pas habiter ailleurs". D'un point de vue géographique, le Nord-Est comme l'Aisne, où Marine Le Pen frôle les 60%, et le littoral méditerranéen, avec plus de 55% dans le Var, ont donné à Marine Le Pen ses meilleurs scores, à l'exception des grandes métropoles. Dans l'Ouest, Emmanuel Macron est plébiscité à Rennes (près de 85%) et à Nantes (plus de 81%). Dans de nombreux territoires d'Outre-Mer, Marine Le Pen a réalisé des scores historiques, notamment en Guadeloupe (69,6% des voix), en Martinique (60,87%), en Guyane (60,70%), à la Réunion (59,57%) et à Mayotte (59,10%).

Si nombre de commentateurs ont parlé d'une France "coupée en deux", les choses sont en réalité moins nettes que jamais. Se basant sur plusieurs sondages "sortie des urnes", Jean-Laurent Cassely, coauteur du récent ouvrage "La France sous nos yeux", évoquait ce lundi sur Twitter "une progression de Marine Le Pen dans les catégories de la France moyenne, mainstream ou du milieu, une sorte de 'montée en gamme' du vote RN". Et ce, que ce soit en termes de tranche d'âge ("Chez les 25-50 ans ont vote désormais 'Marine' à 45% voire 50%"), de profession ("Dans les professions intermédiaires - infirmières, professeurs des écoles, assistantes commerciales, comptables... - c'est 40-45% Marine Le Pen") ou de type de territoire ("Sur le plan territorial, le 50-50 s'observe à partir du moment où on descend sous la barre des agglomérations de moins de 100.000 habitants").

Le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, doit proclamer élu le nouveau président de la République mercredi, à l'issue des opérations de collecte et de vérification de l'ensemble des résultats. Le même jour, un conseil des ministres doit avoir lieu. Le Premier ministre, Jean Castex, avait annoncé en début de semaine qu'il démissionnerait, ainsi que son gouvernement, "dans les jours qui suivent" l'élection du nouveau président, conformément à une tradition républicaine. Mais son bail à Matignon pourrait en fait être prolongé de plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Emmanuel Macron a en effet glissé vendredi qu'il envisageait une "semaine de transition" et que Jean Castex serait Premier ministre "encore la semaine prochaine". Voire jusqu'aux élections législatives de juin ? Certains ne l'excluent pas. S'il venait à quitter ses fonctions, Jean Castex expédierait encore les affaires courantes dans l'attente de la nomination d'un nouveau chef de gouvernement. Le mandat d'Emmanuel Macron prend fin le 14 mai : c'est donc avant cette date que doit avoir lieu la cérémonie d'investiture à l'Élysée, selon un protocole assez strict.

Félicitations vigilantes des présidents de l'AMF et l'ADF

Dès dimanche soir, l'Association des maires de France a adressé ses félicitations à Emmanuel Macron, assurant dans un communiqué cosigné David Lisnard et André Laignel se tenir "à la disposition du nouvel exécutif pour travailler ensemble sur toutes les questions relevant de l’organisation des pouvoirs publics, les problématiques des collectivités territoriales et du bloc communal en particulier, ainsi que sur tous les enjeux relatifs aux services publics de proximité". "Engagée aux côtés des maires et des présidents d’intercommunalité en faveur de la promotion des libertés locales, l’AMF confirme ses propositions de réformes et souhaite mener un dialogue loyal et fécond avec l’État", poursuit l'association.

Félicitations aussi de François Sauvadet, le président LR de l'Assemblée des départements de France (ADF). Dans un communiqué signé en tant que président de la Côte-d'Or, l'élu évoque toutefois "une colère sourde qui s’est exprimée lors de ce scrutin, venue de millions de nos compatriotes qui se sentent oubliés de la République", message qu'il "appartient au Président d’entendre". Et dit vouloir poursuivre son "combat contre la recentralisation, pour un nouvel équilibre territorial ville-campagne et pour la reconnaissance de la diversité territoriale", estimant qu'"entendre la voix des territoires est sans doute la clé du rassemblement des Français".

Emmanuel Macron n'avait pas participé à l'audition des candidats que les deux associations, ainsi que Régions de France, avaient organisée le 15 mars dernier (voir notre article). Le programme du président réélu compte toutefois quelques éléments saillants auxquels les représentants des collectivités vont nécessairement se montrer attentifs dans les mois qui viennent. Dont le retour de l'idée du conseiller territorial : afin de "simplifier le mille-feuille territorial", "les élus départementaux seront les mêmes que les élus régionaux, avec un seul conseiller territorial" et "les compétences seront clarifiées" avec "une mission, un responsable", peut-on lire dans le document de présentation du "projet présidentiel". Sur le plan financier, ils se souviennent qu'Emmanuel Macron avait évoqué à la mi-mars "une trajectoire de réduction par rapport au tendanciel des coûts de fonctionnement sur l’ensemble des collectivités publiques, qui est à peu près le taux d’effort qui a été fait au début du quinquennat qui s’achève" et que le chiffre de 10 milliards d'économies sur les collectivités locales avait été avancé. La suppression de la CVAE "pour toutes les entreprises" figure également au programme, pour l'heure sans précision sur la compensation.

LES RÉSULTATS PAR RÉGION

Île-de-France

Engrangeant 2,2 millions de voix de plus que sa concurrente, Emmanuel Macron (73,02%) s'impose largement face à Marine Le Pen (26,98%) en Île-de-France, où il réalise des scores élevés à Paris comme dans les quartiers populaires.
À l'image de 2017, Emmanuel Macron sort victorieux de son duel avec la candidate du Rassemblement national en Île-de-France, à commencer par Paris où il est plébiscité (85,10%) et les Hauts-de-Seine où il arrive en tête avec 80,39% des voix.
Les départements du Val-de-Marne (74,48%), de la Seine-Saint-Denis (73,72%), du Val-d'Oise (66,15%), de l'Essonne (65,43) et de la Seine-et-Marne (56,98%), qui avaient tous placé l'insoumis Jean-Luc Mélenchon comme favori à l'issue du premier tour, ont eux aussi rallié le président sortant avec des résultats sans appel.
L'abstention y est néanmoins très marquée.  Elle culmine à 38,79% en Seine-Saint-Denis, faisant une fois encore de ce département celui où les citoyens se sont le moins rendus aux urnes en Île-de-France. Les quartiers populaires ont toutefois fait barrage à Marine Le Pen à l'image de Grigny, ville la plus pauvre de l'Hexagone, qui a donné la primeur à Emmanuel Macron (70,76%), tout comme Saint-Denis (79,09%), où le candidat avait fait un déplacement à quelques jours du scrutin.
À Versailles (69,32%), comme dans les arrondissements historiquement ancrés à droite dans lesquels Éric Zemmour avait percé au premier tour, le président sortant a fait carton plein. Il a d'ailleurs empoché les 20 arrondissements de la capitale - 13 étaient tombés dans l'escarcelle de Jean-Luc Mélenchon au premier tour -, du riche XVIe arrondissement (81,91%) au populaire XIXe (85,85%).
Ce raz-de-marée est toutefois légèrement plus ténu qu'en 2017 car les écarts de voix entre les deux finalistes se sont resserrés d'une élection présidentielle à l'autre. Emmanuel Macron affiche ainsi des scores en baisse de 4 à 7 points par rapport à 2017 et, logiquement, Marine Le Pen progresse dans l'ensemble des départements franciliens.
C'est en Seine-et-Marne que la victoire est la moins nette puisque les électeurs ont voté à 43,02% pour Marine Le Pen. Ces résultats reflètent notamment la physionomie particulière du plus vaste département francilien qui compte une kyrielle de petites communes rurales, moissonnées par la cheffe du RN.

Occitanie

Si l'Occitanie a réélu Emmanuel Macron (53,96%) devant Marine Le Pen (46,04%), le président sortant a reculé dimanche dans les treize départements de la région par rapport à 2017, quatre lui préférant même la candidate de l'extrême droite.
Emmanuel Macron l'a largement emporté à Toulouse, avec 77,48% contre 22,52% à Marine Le Pen dans la Ville rose où Jean-Luc Mélenchon était arrivé bon premier le 10 avril avec 36,93% devant le président-candidat (26,42%), la candidate du RN se plaçant loin derrière (9,54%). Avec 72,17% contre 27,83%, Emmanuel Macron a aussi devancé Marine Le Pen à Montpellier, ancienne capitale du Languedoc-Roussillon.
Mais à l'échelle des départements, le président sortant a reculé partout par rapport à sa première élection, notamment dans le Lot où il est passé de 72,18% en 2017 à 59,18% cette fois.
Les Pyrénées-Orientales (56,32%), l'Aude (54,90%) et le Gard (52,15%), ainsi que le Tarn-et-Garonne (52,02%) ont voté pour la candidate du Rassemblement national, déjà sortie renforcée au premier tour sur la façade méditerranéenne et dans les campagnes.
À Carmaux, ville minière et natale du socialiste Jean Jaurès dans le Tarn, appauvrie par la désindustrialisation, Marine Le Pen l'a aussi emporté, avec 53,73% contre 46,27% à Emmanuel Macron. À Prades, fief du Premier ministre, Jean Castex, dans les Pyrénées-Orientales, elle est créditée de 51,33% contre 48,67% à Emmanuel Macron. Au premier tour, c'est le candidat de la France insoumise qui était arrivé en tête avec 27,12%, devant la candidate du RN (25,17%) et le président sortant (21,09%).
En revanche, Marine Le Pen a été devancée à 47,98% contre 52,02% au président-candidat à Perpignan, commune dirigée depuis 2020 par son porte-parole Louis Aliot et qui se veut la vitrine du RN.
La présidente PS de la région, Carole Delga, a estimé dimanche qu'avec la victoire d'Emmanuel Macron "la République l'emporte", mais "l'extrême droite n'a jamais fait autant de voix en France". "Ce qui n'a pas été exprimé dans les urnes risque de se transformer en de nouvelles tensions sociales", a-t-elle averti dans un communiqué, appelant à "une opposition déterminée et crédible pour contrer le programme d'Emmanuel Macron, dur envers les plus faibles, complaisant avec les puissants".
De son côté, Louis Aliot s'est projeté vers les élections législatives des 12 et 19 juin, prônant "un bloc populaire" contre "un bloc élitaire" et disant redouter "un troisième tour social qui se fera dans les rues".

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Après son grand chelem en Provence-Alpes-Côte d'Azur en 2017, Emmanuel Macron a cette fois été devancé par Marine Le Pen dans trois des six départements de la région, la candidate d'extrême droite s'imposant d'un souffle à l'échelle régionale.
Victorieuse avec 50,48% des suffrages, soit six points de plus qu'en 2017, Marine Le Pen a devancé le chef de l'État grâce à sa domination dans les villages et les zones rurales, perdant par contre dans toutes les grandes villes, que ce soit à Marseille, Nice, Avignon et même Toulon, seule métropole où elle était arrivée en tête au premier tour. En tête dans cinq des six départements de la région au premier tour, Hautes-Alpes exceptées, la candidate du Rassemblement national a finalement remporté le Var (55,10%), le Vaucluse (52,00%) et les Alpes-de-Haute-Provence (51,45%), avec des progressions de six à dix points en cinq ans.
Dans le Vaucluse, un des départements les plus pauvres de France, où Emmanuel Macron était arrivé en tête en 2017 avec 53,45% des voix, c'est cette fois Marine Le Pen qui rafle la mise en signant des scores vertigineux de plus de 60% dans nombre de communes rurales. À Bédarrides, commune de 5.000 habitants au coeur d'une zone viticole, frappée d'un taux de chômage de 11%, elle culmine ainsi à 68,85%.
Emmanuel Macron remporte en revanche sans surprise la ville d'Avignon qui, après avoir placé en tête Jean-Luc Mélenchon au premier tour, a voté à plus de 62% pour le président sortant. À Forcalquier, fief du député et ex-ministre de l'Intérieur Christophe Castaner dans les Alpes-de-Haute-Provence, le chef de l'État a également devancé Marine Le Pen, de plus de 19 points. Au premier tour, il y avait été dépassé de près de 12 points par Jean-Luc Mélenchon.
Devancé au premier tour, le président-candidat a refait son retard dans les Bouches-du-Rhône (52,08%) et les Alpes-Maritimes (50,13%). Mais là encore il signe des scores bien inférieurs à ceux de 2017, avec un recul de cinq points à chaque fois.
Victorieux à Marseille (59,84%), le chef de l'État recule là aussi nettement, après s'être imposé avec 64,42% des voix au second tour de 2017. À Nice, ville dirigée par Christian Estrosi, ex-LR passé dans le camp présidentiel, il obtient 55,39%, en recul également de cinq points par rapport à 2017 (60,14%). Emmanuel Macron s'est enfin imposé dans les Hautes-Alpes, seul département de la région qui n'avait pas placé Marine Le Pen en tête au premier tour. Avec 55,06% des voix, il perd cependant neuf points par rapport à 2017.
"Ce soir, le pire a été évité", a réagi le maire de Marseille, Benoît Payan, qui avait appelé à voter pour le président sortant au second tour. Élu à la tête de la deuxième ville de France dans le sillage d'une large union de la gauche, l'élu marseillais a cependant formulé "le souhait que soit prise en compte la voix de tous les Français et notamment de celles et ceux qui se sont prononcés en sa faveur pour faire barrage au Rassemblement national".
Renaud Muselier, président ex-LR de la région Paca, s'est lui félicité que le "rassemblement des républicains et des démocrates" qui avait déjà "permis d'éviter le désastre de l'extrême droite aux régionales (se soit) reproduit à l'élection présidentielle".

Nouvelle-Aquitaine

Onze des douze départements de la Nouvelle-Aquitaine, qui avait largement voté Macron il y a cinq ans, ont placé le président sortant en tête mais le Rassemblement national est partout en progression, souvent de plus de dix points. La région a donné lors de ce second tour présidentiel 58,33% voix à Emmanuel Macron, à l'image du pays, contre 68,65% il y a cinq ans.
Le parti de Marine Le Pen peut néanmoins s'enorgueillir de scores en très forte progression, de plus de dix points dans certains départements comme la Corrèze (+15 points), la Creuse (près de 14 points), la Dordogne (près de 13 points), les Landes, la Haute-Vienne et les Pyrénées-Atlantiques (autour de 12 points). Le département rural du Lot-et-Garonne où le RN, élection après élection, imprime sa marque, est le seul département à placer Marine Le Pen en tête avec 50,47% des voix, renversant les scores de 2017 (60-40 en faveur d'Emmanuel Macron). Le président sortant l'emporte dans la capitale départementale, Agen (61,68%). Dans les Pyrénées-Atlantiques, remportées il y a cinq ans avec près de trois quarts des voix, Emmanuel Macron s'adjuge 63%. Pau, fief de François Bayrou, allié de La République en marche, lui donne près de 70%.
L'écart en faveur d'Emmanuel Macron reste notable dans les Deux-Sèvres (62,13%), en Gironde (61,37% contre 70% il y a 5 ans), la Vienne (60,12%, mais près de 69% en 2017), la Haute-Vienne (60-40), un peu moins dans les Landes (56,5 % et douze points de moins qu'il y a cinq ans), la Charente-Maritime (56,32 %), la Charente (55%, avec un RN en progression de 10 points en cinq ans). 
En Corrèze, Emmanuel Macron remporte 55,78% mais Marine Le Pen y gagne quelque 15 points en cinq ans. La Creuse, qui avait placé le RN en tête au premier tour, de deux points, renverse son vote en faveur du président sortant (52%). L'écart est plus serré en Dordogne, département de gauche qui avait porté le RN en tête au premier tour mais donne la victoire à Emmanuel Macron avec trois points d'avance (51,52%), contre 28 points en 2017. Marine Le Pen gagne près de 13 points en cinq ans.
La ville de Bordeaux qui avait donné 86% des voix à Emmanuel Macron en 2017, lui assure encore 80%.

Auvergne-Rhône-Alpes

Emmanuel Macron est arrivé en tête en Auvergne-Rhône-Alpes, avec 59,76% des votes, Marine Le Pen réunissant 40,24% des suffrages exprimés. Le taux d'abstention en Auvergne-Rhônes-Alpes a atteint 25.60%, soit un peu moins la moyenne nationale. En 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen avaient respectivement rassemblé 67,13% et 32,87% des votes.
Dans le Puy-de-Dôme, Emmanuel Macron obtient 60,16% des suffrages. Dans l'Allier, l'écart est plus serré, le président l'emportant avec 52,35% et en Haute-Loire, ce sont quelques centaines de voix seulement qui ont séparé les deux candidats. C'est là encore le président sortant qui l'emporte d'une très courte tête, avec une abstention très limitée par rapport au niveau national puisque 22% des électeurs du département ne se sont pas déplacés aux urnes. Dans le Cantal, Emmanuel Macron l'emporte avec 56,07% des voix et atteint 68,66% des voix dans le Rhône. Dont 73,03% dans la métropole de Lyon, et 78,74% à Grenoble. Au titre des grandes villes, il affiche un score de 71,68 % à Clermont-Ferrand

Grand Est

Emmanuel Macron est arrivé en tête dans le Grand Est, avec 52,07% des voix. Mais Marine Le Pen s'est imposée dans la moitié des dix départements de la région, alors qu'en 2017, Emmanuel Macron avait obtenu la majorité dans l'ensemble du territoire régional. Ici aussi, la candidate RN affiche ses meilleurs scores dans les départements ruraux : près de 57% en Haute-Marne et dans les Ardennes, 55,6% dans la Meuse, 52% dans les Vosges. A contrario, Emmanuel Macron obtient la majorité dans le Bas-Rhin (59%), en Meurthe-et-Moselle (54,42%), dans le Haut-Rhin (52,90%) et en Moselle (50,46%). Ainsi que dans les grandes villes de la région (Strasbourg, Mulhouse, Reims, Colmar, Nancy), exception faite de Hayange en Moselle, ville est dirigée par le RN.
"L'essentiel est préservé. Les contours de cette victoire induiront forcément un changement de paradigme… Il convient de rassembler, cela sera la lourde tâche du Président de la République", a réagi le président LR de la région, Jean Rottner.

Bretagne

Deux électeurs bretons sur trois (66,58%) ont voté en faveur d'Emmanuel Macron dimanche au second tour, un résultat supérieur à la moyenne nationale mais en recul de près de neuf points par rapport à 2017. Il y a cinq ans, le président sortant avait recueilli plus des trois quarts des suffrages (75,36%) dans la péninsule.
Cette année, la Bretagne a voté à 33,48% pour la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, où son parti a longtemps eu du mal à percer. Comme il y a cinq ans, le président sortant réalise son meilleur score en Ille-et-Vilaine (70,94%), où il avait culminé à 77,67% en 2017. Dans le Finistère, terre du président LREM de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, Emmanuel Macron recule de près de dix points à 67,50%. Il recueille 62,90% dans les Côtes-d'Armor, en recul de plus de dix points par rapport à 2017 (73,47%) et il recule de près de neuf points dans le Morbihan à 62,81%.
Les électeurs bretons ont, comme souvent, mieux voté que la moyenne nationale, le taux d'abstention plafonnant à 21,21% contre plus de 27% au niveau national. Les votes blancs et nuls atteignent 9,5%.
Les villes ont voté nettement en faveur d'Emmanuel Macron, mais moins massivement qu'il y a cinq ans : 69,83% à Brest (contre 78,55% en 2017), 72,10% à Saint-Brieuc (contre 80,43%), 72,62% à Vannes (contre 80,67%), 74,12% à Quimper (contre 83,29%). À Rennes, où Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête au premier tour, Emmanuel Macron recueille 84,15% contre 88,39% il y a cinq ans.
"Cette élection n'est pas un blanc-seing accordé à Emmanuel Macron pour les cinq prochaines années", a aussitôt réagi la maire PS de Rennes, Nathalie Appéré, en appelant dans un communiqué la gauche à "s'unir dans sa pluralité" pour remporter les élections législatives des 12 et 19 juin prochains.
Plusieurs centaines de manifestants "anticapitalistes" ont défilé dans les rues de Rennes dimanche soir, à peine les résultats proclamés, scandant "Macron démission" et provoquant plusieurs échauffourées avec les forces de l'ordre alors que la préfecture avait interdit cette manifestation.

Normandie

La Normandie a placé Emmanuel Macron en tête du second tour de l'élection présidentielle dimanche avec 55,84% des voix mais Marine Le Pen s'impose dans l'Eure, département rural. Le président sortant enregistre ainsi dans cette région un score inférieur à la moyenne nationale (58%). Le taux d'abstention y est également inférieur (24,18% contre environ 28% au niveau national).
L'Eure se distingue des autres départements normands en plaçant Marine Le Pen en tête avec 51,38% des voix. Mais Emmanuel Macron l'emporte avec 63,74% des voix à Évreux (avec toutefois 32,49% d'abstention) et 66,84% à Vernon, fief du ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu.
Au Havre, ville de son ancien Premier ministre Édouard Philippe, le président sortant l'emporte avec 63,45%. L'abstention atteint 33,89% dans cette ville portuaire qui fut communiste pendant trois décennies jusqu'en 1995. À l'issue du premier tour le 10 avril, Jean-Luc Mélenchon y était arrivé en tête comme en 2017 et avait même amélioré son score, avec 30,17% des voix.
Le président sortant enregistre des scores particulièrement élevés à Caen (76,74%), ville siège du conseil régional dirigée par un LR, et à Rouen (76,24%), ville préfecture. Dans ce bastion socialiste, Jean-Luc Mélenchon avait pourtant effectué une percée en arrivant en tête du premier tour avec 33% des voix le 10 avril. Sur l'ensemble de la Seine-Maritime, Emmanuel Macron demeure toutefois en-dessous de sa performance nationale avec 55,28% des voix.
Dans le département centriste du Calvados en revanche, le président sortant affiche un score au-dessus de la moyenne nationale (60,29%). L'Orne a placé le président sortant en tête avec 55,11% des voix avec un score nettement moindre qu'en 2017 (61,64%).
À Caen, 200 personnes selon la préfecture, essentiellement de la mouvance révolutionnaire et libertaire, ont manifesté dimanche soir pour contester le scrutin, a constaté une journaliste de l'AFP. "Quelques poubelles ont été brûlées" et une personne interpellée, selon la préfecture.

Hauts-de-France

Marine Le Pen est arrivée en tête dans sa place forte des Hauts-de-France, où elle a devancé Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle dans quatre des cinq départements. La présidente du Rassemblement national a obtenu 52,13% des voix, contre 47,87% pour Emmanuel Macron. Le rapport s'est inversé depuis le second tour de 2017, où elle était arrivée en deuxième position avec un score 47,06%, Emmanuel Macron l'emportant avec 52,94% des voix. Elle a gagné 176.586 voix en cinq ans. Marine Le Pen était déjà arrivée en tête au premier tour dans les Hauts-de-France, deuxième région la plus pauvre de France, avec 33,34% des votes.
L'avance de Marine Le Pen est particulièrement importante dans l'Aisne - fief du président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand - où elle obtient six votes sur dix. Elle remporte 57,49% des voix dans le Pas-de-Calais, contre 42,51% pour Emmanuel Macron, et l'emporte aussi, dans des proportions moins larges, dans l'Oise et la Somme. Celui-ci devance en revanche Marine Le Pen dans le Nord (52,85%), terreau historique de la gauche et département le plus peuplé de France. Il a notamment obtenu 76,56% des voix à Lille, où la maire socialiste Martine Aubry avait annoncé son intention de voter pour lui "pour battre l'extrême droite".
Les deux candidats l'ont largement emporté dans leurs fiefs du Pas-de-Calais, où ils ont voté dimanche : 78,43% des voix pour Emmanuel Macron au Touquet, 67,15% des voix pour Marine Le Pen à Hénin-Beaumont. Le président de la République l'emporte aussi dans sa ville natale d'Amiens (67,86%).
"Soyons lucides : il s’agit d’un rejet de l’extrême droite plus que d’un vote d’adhésion", a réagi Xavier Bertrand sur Twitter.  "Avec les législatives, c’est une autre élection qui commence." Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, élu du Nord, a lui appelé Emmanuel Macron à "l'humilité", estimant qu'il avait été "réélu à la tête d’un pays fracturé, où le malaise est profond".

Pays de la Loire

Emmanuel Macron a réalisé dimanche un carton plein dans les Pays de la Loire, en devançant Marine Le Pen dans les cinq départements de cette région où le vote penche traditionnellement à droite. Le président réélu y a recueilli 64,78% des voix, score supérieur à la moyenne nationale mais en baisse par rapport à la présidentielle de 2017, lors de laquelle il avait réuni 72,42% des suffrages.
C'est en Loire-Atlantique, seul département de la région détenu par la gauche, qu'Emmanuel Macron réalise son meilleur score (69,48%). Il distance également Marine Le Pen dans le Maine-et-Loire (66,53%) et en Mayenne (64,21%). L'écart est plus mince en Vendée, où la droite avait acquis les 17 cantons aux dernières départementales. Le président sortant y récolte 61,86% des voix.
Marine Le Pen réalise son meilleur score dans la Sarthe (44,59%), département rural où les deux candidats étaient au coude à coude au premier tour.
À Nantes, ville socialiste où Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête le 10 avril avec plus de 33% des voix, Emmanuel Macron prend une large avance sur sa rivale en recueillant 81,15% des suffrages. En début de soirée, un cortège d'environ 400 à 500 manifestants a défilé dans les rues du centre-ville derrière une banderole marquée "Besoin de révolution".
Le président capitalise aussi dans les autres grandes villes de la région, comme à Angers (76,50%), à Laval (74,17%) à La Roche-sur-Yon (73,08%) et au Mans (69,19%). Il récolte 67,93% des voix dans la cité portuaire de Saint-Nazaire, qui vote traditionnellement à gauche, près de 10 points de moins qu'en 2017.
Le taux d'abstention s'établit dans la région à 23,02%, moins élevé qu'au niveau national. Dans un communiqué diffusé dans la soirée, la présidente LR des Pays de la Loire, Christelle Morançais, a dit accueillir "avec soulagement" la victoire "très nette" d'Emmanuel Macron face au "projet de division porté par Marine Le Pen".

Bourgogne-Franche-Comté

Emmanuel Macron est arrivé en tête du deuxième tour de la présidentielle en Bourgogne-Franche-Comté mais avec une avance réduite à six points, contre 21 en 2017. Le président sortant a recueilli 52,87% des suffrages dans la région dirigée par les socialistes, devant la candidate RN (47,13%).  Au deuxième tour de 2017, il avait obtenu 60,5% et son adversaire d'extrême droite 39,5%. Au premier tour de cette année, Marine Le Pen avait déjà amélioré son score par rapport à 2017, arrivant en tête avec 27,35% (contre 26,32% pour Emmanuel Macron).
La position d'Emmanuel Macron se détériore dans l'ensemble des huit départements de la région, en particulier en Haute-Saône où Marine Le Pen le devance avec 57% des voix. En 2017, Emmanuel Macron arrivait en tête avec 52% des suffrages. Marine Le Pen le bat aussi dans la Nièvre, avec 50,1% contre 49,9 pour M. Macron, qui y avait pourtant obtenu, en 2017, une avance de 20 points sur elle.
Dans les autres départements, l'avance d'Emmanuel Macron s'est réduite comme peau de chagrin : elle a par exemple été divisée par huit dans le Territoire de Belfort (deux points contre 16 en 2017) et par quatre en Saône-et-Loire (six points contre 24 en 2017). Même à Dijon, traditionnellement acquis et où le maire François Rebsamen, ancien ministre socialiste, a tout récemment appelé à voter pour le président sortant, Emmanuel Macron recule de six points, conservant cependant près de 70% des suffrages.
"L'abstention" et "la progression" de l'extrême droite "montrent que notre pays est en proie à un malaise social et démocratique", a souligné François Rebsamen dans un communiqué. "Le défi de ces cinq prochaines années sera de répondre à ce malaise par des mesures concrètes", a averti l'ancien numéro deux du PS, citant notamment "la sauvegarde de notre planète" et la "justice sociale".
La présidente socialiste de la région, Marie Guite-Dufay, a elle aussi averti que la réélection d'Emmanuel Macron "appelle à la plus grande responsabilité" du président de la République, "pour une gouvernance qui prenne mieux en compte la diversité politique des suffrages qui lui ont été portés". Le porte-parole du RN, Julien Odoul et conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, a quant à lui estimé que "la bataille n'est pas terminée" et "peut être gagnée aux législatives pour ne pas laisser les pleins pouvoirs" à Emmanuel Macron.

Centre-Val de Loire

Le Centre-Val de Loire a voté en faveur d'Emmanuel Macron au second tour avec 56,44% des voix, même si Marine Le Pen progresse dans les six départements de la région. Si les électeurs de la région ont placé le président sortant en tête dimanche, ils ont toutefois beaucoup moins voté pour lui qu'en 2017 : 63,31% avaient alors glissé un bulletin Macron dans les urnes du second tour. Soit quasiment sept points de moins cette année. Seul l'Indre-et-Loire a voté largement en faveur d'Emmanuel Macron avec 62,66% des suffrages, avec une pointe à Tours (72,85%). Le Loiret s'en rapproche toutefois avec un score solide pour le candidat sortant (57,57%). Là encore, le résultat final a été déterminé par la capitale régionale Orléans, qui a voté à 73,20% en faveur du chef de l'État.
Dans les quatre autres départements du Centre-Val de Loire, plus ruraux, Marine Le Pen a réussi de biens meilleurs scores que sur le plan national. La candidate a ainsi enregistré des bons résultats en Eure-et-Loir (46,71%) et dans le Loir-et-Cher (46,19%). Plus au sud, dans les deux départements du Berry, le RN a fait encore mieux, dans le sillage d'un premier tour très réussi. Marine Le Pen y avait viré en tête le 10 avril, elle y a à nouveau enregistré des chiffres importants à l'issue du scrutin de dimanche. Le Cher a ainsi voté pour elle à 47,44%, l'Indre à 48,59%.
Au niveau régional, le taux d'abstention a été de 25,27%, soit mieux qu'au niveau national (environ 28%), mais en progression par rapport au second tour de 2017 (23,30%).

Corse

Les électeurs corses ont placé Marine Le Pen largement en tête dimanche, avec 16 points d'avance pour la candidate du Rassemblement national devant Emmanuel Macron, dans un scrutin marqué par un fort taux d'abstention. Déjà en pôle position sur cette île méditerranéenne de 340.000 habitants il y a 15 jours, Marine Le Pen a obtenu 58,08% des suffrages exprimés en Corse, contre 41,92% pour Emmanuel Macron. La candidate s'impose au passage dans toutes les principales villes de Corse, notamment à Ajaccio (58,80%) et Bastia (58,11%). À Cargèse, village familial d'Yvan Colonna, dont l'agression mortelle en prison début mars a déclenché des semaines de manifestations et de violences à travers l'île, Marine Le Pen l'a également emporté, avec 57,44% des suffrages exprimés. 
Ce scrutin a été marqué par un taux d'abstention de 39,14%, trois points de plus qu'en 2017 et plus de 10 points au-dessus de la moyenne hexagonale. En hausse de deux points par rapport au premier tour (37,24%), cette abstention pourrait s'expliquer par l'appel au renforcement du boycott de l'élection lancé par les deux partis indépendantistes, Core in Fronte et Corsica Libera, toutefois minoritaires à l'Assemblée de Corse. Dimanche, à Ajaccio, plusieurs panneaux électoraux avaient d'ailleurs été recouverts d'affiches jaune fluo du parti indépendantiste appelant à ce "boycott". Femu a Corsica, le parti du président autonomiste du conseil exécutif corse, Gilles Simeoni, avait quant à lui appelé "à ne voter en aucun cas en faveur de Marine Le Pen", sans pour autant appeler à voter pour Emmanuel Macron.
Laurent Marcangeli, maire (Horizons/DVD) d'Ajaccio et chef de l'opposition de droite à l'Assemblée de Corse, a fait part dimanche soir de son "soulagement" devant la victoire nationale d'Emmanuel Macron, pour lequel il avait appelé à voter. Affirmant que "le premier mandat d'Emmanuel Macron concernant la Corse n'a pas été bon", il a précisé faire "partie de ceux qui veulent que ce deuxième mandat soit une réussite pour la France et pour la Corse".
Dans cette île qui a offert une victoire historique aux nationalistes aux élections territoriales de 2015, 2017 et 2021, Marine Le Pen avait obtenu au premier tour 28,58% des suffrages exprimés, plus de dix points devant Emmanuel Macron (18,11%), suivi par le candidat de La France insoumise  Jean-Luc Mélenchon (13,37%) et le polémiste d'extrême droite Éric Zemmour (12,80%).
En 2017, Emmanuel Macron était arrivé en troisième position au premier tour de la présidentielle en Corse, mais s'était imposé au second tour avec 51,48%.

Outre-Mer

Profitant d'un fort sentiment "anti-Macron", Marine Le Pen est arrivée en tête au second tour dimanche dans huit territoires d'Outre-Mer, dont sept qui avaient massivement voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour.
Emmanuel Macron a pu s'appuyer sur les suffrages des territoires ultramarins du Pacifique-sud, obtenant 61,04% en Nouvelle-Calédonie, 51,80% en Polynésie française et 67,44% à Wallis-et-Futuna, selon les chiffres diffusés dimanche soir par le ministère de l'Intérieur.
Mais la candidate du RN l'a emporté à 69,60% en Guadeloupe, 60,87% en Martinique, 60,70% en Guyane, 55,42% à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, ainsi qu'à la Réunion (59,57%), à Mayotte (59,10%) et à Saint-Pierre-et-Miquelon (50,69%). Entre l'élection de 2017 et celle de 2022, Marine Le Pen a ainsi gagné plus de 47 points en Martinique, 36 points en Guadeloupe, plus de 25 points en Guyane, et 20 points à la Réunion. Des territoires où Jean-Luc Mélenchon avait fait des scores importants au premier tour : 56,16% en Guadeloupe, 53,10% en Martinique, 50,6% en Guyane et 40,26% à la Réunion.
Même si l'abstention est restée importante en Guadeloupe (52,82%), à la Martinique (54,55%) et en Guyane (61,10%) au second tour, les électeurs se sont tout de même plus déplacés dans les bureaux de vote qu'au premier tour. Cette "participation légèrement en progression" dans les Antilles signifie que "ce ne sont pas des électeurs qui se sont démobilisés, qui ont préféré s'abstenir pour ne pas choisir ou voter blanc, ce sont des acteurs qui se sont déplacés et qui n'ont pas voulu voter Emmanuel Macron", indique à l'AFP le politologue Martial Foucault, titulaire de la chaire Outre-Mer de Sciences Po. "Le sentiment anti-Macron est d'une puissance considérable" et "c'est la même logique en Guyane, alors que la situation sanitaire y était moins tendue", estime Martial Foucault. Pour lui, "si un vote Le Pen est majoritaire dans ces territoires, ce dimanche soir, c'est quand même un vote par défaut, avant tout, ce n'est pas un vote d'adhésion au programme de Marine Le Pen".
Depuis la fin 2021, la Guadeloupe et la Martinique ont été secouées pendant plusieurs mois par une violente contestation de la vaccination anti-Covid qui a tourné à la crise sociale, poussant le gouvernement à envoyer des renforts de forces de l'ordre. L'étincelle des violences avait été déclenchée en Guadeloupe en novembre par l'entrée en vigueur de l'obligation faite aux soignants et pompiers de se faire vacciner contre le Covid-19.
Pour Martial Foucault, il y a une "distinction" entre la "colère sanitaire" qui a animé les Antilles et "une colère sociale à la Réunion, qui est la suite du mouvement des gilets jaunes" lancé en 2018, la Réunion étant le territoire ultramarin "le plus puissamment touché en terme de mobilisation chez les jeunes".
À Mayotte, territoire où le programme sur l'immigration et la sécurité de Marine Le Pen parle aux Mahorais, les électeurs avaient dès le premier tour largement voté pour la candidate RN avec 42,67% des voix.

 

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