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Chômage : une baisse "en trompe l’œil" liée au recul des démarches du fait du confinement

L’Insee a annoncé une réduction du nombre de demandeurs d’emploi au cours du premier trimestre de 2020 et un taux de chômage en légère baisse (- 0,3 point), contredisant les chiffres fournis par la Dares fin avril. La raison tient à une question de méthode de calcul, l’Insee considérant la moindre disponibilité des personnes sans emploi et le recul des démarches actives de recherche. 

Alors que la Dares alertait fin avril sur la hausse "historique" du nombre de demandeurs d’emploi au cours du mois de mars par rapport à février (+7,1%), soit sur l’ensemble du premier trimestre une augmentation de 0,8%, l’Insee a annoncé de son côté le 14 mai 94.000 chômeurs en moins sur la même période. Ainsi, le taux de chômage régresse de 0,3 point et ressort à 7,8% (7,6% en France métropolitaine) contre 8,7% au premier trimestre de 2019.
La raison de cet écart provient, comme l’explique le ministère du Travail "d’une méthode de travail différente", l’Insee publiant les chiffres au sens du Bureau international du travail (BIT – voir ci-dessous).
D’ailleurs, l’Insee précise dans sa note qu’il s’agit "d’une baisse en trompe l’œil". En effet, cette diminution du taux de chômage "résulte d'un fort recul du nombre de personnes sans emploi se déclarant disponibles ou en recherche active d'emploi pendant la période de confinement", explique l’Iinstitut de statistique. "La période de confinement a en effet fortement affecté les comportements de recherche active d'emploi (pour les personnes sans emploi dont le secteur d'activité privilégié est à l'arrêt par exemple), ainsi que la disponibilité des personnes (contrainte de garde d'enfant par exemple)." Le chômage au sens du BIT est donc "plus faible pendant cette période de confinement, sans que cela ne traduise une amélioration du marché du travail".

Beaucoup moins de demandeurs d’emploi en recherche active

Plus précisément, sur la deuxième quinzaine de mars 2020, seules 42% des personnes de 15-64 ans sans emploi au sens du BIT et souhaitant travailler ont été disponibles et en recherche active, contre 65"% au cours de la même période de 2019. Pendant la dernière semaine du premier trimestre 2020, plus d’un quart de ces personnes (27%) n’ont pas activement recherché d’emploi ou n’ont pas été disponibles pour en occuper un, pour une raison directement liée au confinement ou au virus.
Cette moindre disponibilité et le recul des démarches actives, et alors que le nombre de personnes sans emploi n’a pas augmenté, a pour conséquence de faire baisser mécaniquement le taux de chômage, passant de 8,5% sur les 11 premières semaines de référence du trimestre à 5,4% sur les deux dernières semaines. 
Si le taux d’emploi des 15-64 ans est stable durant le premier trimestre 2020, à 66%, après une augmentation de 0,7 point fin 2019, il régresse de 3 points en prenant en compte le volume horaire de travail. Enfin, sous l'effet du confinement généralisé intervenu à partir de mi-mars, le sous-emploi bondit de 2,7 points en moyenne sur le trimestre, pour atteindre 8% des personnes en emploi, un niveau "inédit" depuis que l'Insee le mesure (1990).
 

Le chômage selon le BIT

Un chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) est une personne âgée de 15 ans ou plus qui satisfait les trois critères suivants : est sans emploi pendant la semaine de référence ; est disponible pour travailler dans les deux semaines à venir ; a effectué, au cours des quatre dernières semaines, une démarche active de recherche d’emploi ou a trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.