Rythmes scolaires - Ces maires qui ne renoncent pas à la semaine de 4,5 jours

"Monsieur ou Madame le Maire, pour la première fois, l'Etat vous a donné la responsabilité des rythmes scolaires alors qu'il réduisait vos moyens. Certains d'entre vous sont déjà revenus à la semaine de quatre jours, d'autres non (...)"
C'est sur ce ton très solennel que débute une tribune parue dans Le Figaro du 10 octobre et cosignée par plusieurs personnalités du monde de l'éducation*. "La suppression des classes du mercredi matin, c'est 17,5 journées pleines en moins", calculent-ils, soit "un mois plein de vacances supplémentaires" dans la mesure où "qui affirmera de bonne foi qu'avec des enfants, des heures en fin de journée remplaceront efficacement celles de la matinée qu'on supprime ?".
Alors au final, "Croyez-vous vraiment qu’avec moins de 130 jours de classe par an on puisse obtenir les mêmes résultats qu’avec un peu plus de 160 ? Les enfants de professeurs et de cadres supérieurs n’en souffriront sans doute pas trop, mais les autres ? Quelles seront les conséquences sur ceux dont on dit souhaiter l’intégration et pour qui l’école sera moins présente dans leur vie ?".

"Nous revendiquons la possibilité de poursuivre en allant plus loin"

Quelques jours auparavant, le 25 septembre, sept maires de l'agglomération de Grenoble** adressaient un courrier au ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer lui demandant son appui et des garanties pour poursuivre le travail engagé avec conviction sur la semaine de 4,5 jours. "Nous revendiquons la possibilité de poursuivre en allant plus loin", écrivent-ils. Ils disent naturellement avoir "besoin d'une assurance" que les aides du fonds d'aide au développement des activités périscolaires et les aides de la CAF "seront pérennisées voire réévaluées".
Pérennisées, elles le seront si les parlementaires suivent le gouvernement qui a choisi de maintenir le fonds de soutien dans le PLF 2018, à hauteur de 237 millions d'euros, au bénéfice des communes qui ont choisi de maintenir cette année la semaine de 4,5 jours (voir notre article du 28 septembre 2017).
Réévaluées, c'est moins sûr, mais pourquoi pas. Peut-être le ministre se laissera-t-il convaincre par les arguments des maires de l'agglomération de Grenoble. "Nous avons besoin de renforcer l'accompagnement professionnel et la formation des enseignants, Atsem, animateurs, éducateurs", expliquent-ils. Il faudrait aussi des moyens pour développer des "expérimentations au service de projets éducatifs et pédagogiques innovants et adaptés, notamment dans les secteurs prioritaires (les 7 communes scolarisent 24.000 élèves du premier degré, dans 157 écoles dont une part importante en REP et REP+).

Faire revenir l'intérêt de l'enfant par-dessus les contraintes des adultes

Ces maires réclament "le droit de prendre le temps" : pour évaluer les dispositifs ; pour "convaincre" les parents et les enseignants afin qu' "émerge l'intérêt des élèves par-dessus les contraintes des adultes, aussi réelles et pesantes soient-elles" ; pour "imaginer de nouvelles solutions face aux difficultés rencontrées". Pour cela, "nous aurions besoin de toutes les ressources du ministère, de l'Université, du rectorat, de la DSDEN".
Peut-être auront-ils de bonnes surprises dans le futur plan sur les "contenus périscolaires et extrascolaires" et sur les contenus des projets éducatifs territoriaux (PEDT). Surnommé "Plan Mercredi", son lancement a été annoncé comme imminent par Jean-Michel Blanquer, lors de son audition, le 3 octobre, par la commission des affaires culturelles du Sénat. Le ministre n'a jamais caché qu'il souhaitait renforcer la qualité des PEDT qu'il juge aujourd'hui "assez formels".
Il pourra notamment s'appuyer sur l’observatoire PoLoc qui suit des PEDT depuis 2013 dans les départements de l’Ariège, des Landes, de Seine-Saint-Denis, du Nouveau Rhône et de la Métropole de Lyon, de Haute-Savoie et avec les villes de Villeurbanne, de Clermont-Ferrand et, plus récemment, de Rennes. Il vient de publier un document intitulé "Evaluer un projet éducatif de territoire", dans lequel il propose des outils d'évaluation.
N'oublions pas non plus l'enquête en cours de l'Association des maires de France sur les motifs qui ont guidé les choix de 43% des communes à revenir à la semaine de 4 jours. Sont-ils uniquement financiers ? Résultat le 22 novembre lors du congrès des maires.


* Parmi lesquelles Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l'Education, l'historien de l'éducation Antoine Prost, la sociologue de l'éducation Agnès Van Zanten, le pédopsychiatre Boris Cyrulnik, Jean-Paul Delahaye, Dgesco (directeur général de l'enseignement scolaire) de Vincent Peillon, Bernard Toulemonde celui de Jack Lang...

** Eric Piolle, maire de Grenoble, David Queiros, maire de Saint-Martin-d'Hères, Renzo Sulli, maire d'Echirolles, Ludovic Bustos, maire de Poisat, Francie Mégevand, maire d'Eybens, Jean-Paul Trovero, maire de Fontaine, Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix.
 

 

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