Egalité des territoires - Cécile Duflot veut des indicateurs pour "mesurer la prospérité des territoires"
L'année 2014 sera celle de "l'égalité des territoires" a promis Cécile Duflot, mardi 21 janvier, à l'occasion de ses voeux à la presse. Alors qu'une impatience se fait sentir chez les élus ruraux à l'approche des échéances électorales, la ministre de l'Egalité des territoires et du Logement a annoncé la mise en place de nouveaux indicateurs "pour mesurer la prospérité d'un territoire".
Il s'agira de "faire du développement humain la mesure de l'efficacité de nos politiques publiques". "Mesurer différemment les ressources, partir des besoins humains permettra de poser un diagnostic plus juste", a-t-elle précisé.
Cette idée émane du rapport sur l'égalité des territoires que lui a remis Eloi Laurent le 22 février. Selon l'économiste, les inégalités ne doivent pas être mesurées uniquement en fonction des revenus, mais des "capacités des personnes", notamment dans l'accès aux services…
Ces nouveaux indicateurs pourraient ainsi être insérés dans le second projet de loi de décentralisation, fait-on savoir au cabinet de Cécile Duflot. Le texte, toujours annoncé pour le mois d'avril, devrait selon la même source comporter des éléments de ce qui auraient dû être les deuxième et troisième volets du triptyque présenté par Marylise Lebranchu en avril 2013. Il comprendra un titre sur l‘égalité des territoires et l'accessibilité aux services publics et renforcera la place des régions. Ces dernières seront "un bon chemin pour mettre en œuvre une politique d'égalité des territoires", a souligné Cécile Duflot.
Les régions pionnières
A noter que les régions font figure de pionnières dans ce domaine puisque dès 2012, l'Association des régions de France (ARF) avait mis en place des indicateurs de développement durable, notamment un indicateur de santé sociale (ISS), pour lutter contre "la tyrannie du PIB". Toujours dans cette veine, les députés s'apprêtent à examiner, le 23 janvier, une proposition de loi écologiste visant à prendre en compte "de nouveaux indicateurs de richesses". Concrètement, il s'agirait d'introduire quatre indicateurs (espérance de vie en bonne santé ; santé sociale ; empreinte écologique ; émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre) dans les différentes lois de finance. Au-delà de la question des indicateurs, la ministre a dit, sur un ton résolument politique, vouloir faire du "monde rural" et du "périurbain" ses priorités. "Il est inacceptable de laisser se développer une approche aveugle de la métropolisation du territoire", a-t-elle lancé, en écho au vif débat organisé au Sénat il y a dix jours. Un appel du pied à la "France périphérique" du géographe Christophe Guilluy.
Michel Tendil
La sociale-écologie appliquée au logement
Les vœux à la presse ont également été l'occasion, pour la ministre et écologiste Cécile Duflot d'affirmer sans détours sa référence à la "sociale-écologie" et son application dans la politique du logement qu'elle mène depuis 18 mois au gouvernement.
D'abord et sans surprise, la "sociale-écologie" s'inscrit résolument à gauche. "La crise du logement n'est pas un accident sur la longue route de la libéralisation du marché, elle est son produit même", affirme Cécile Duflot. A ce titre, "le logement ne peut être abandonné aux seules lois du marché".
"La véritable frontière entre la gauche et la droite (c'est) : intervention et régulation ; ou marché libre et concurrence généralisée", résume-t-elle. "Nous autres écologistes, ajoute-t-elle, avons voulu dire qu'au-delà de la question du rôle de l'Etat, il fallait aussi questionner les finalités et les modalités de la production." Une "double matrice" qui lui permet de sortir "du débat de la première et la deuxième gauche", en plaidant pour "une troisième gauche : post-productiviste". Dès lors, "la question est moins de définir les contours de la sociale-démocratie que d'inventer la sociale-écologie", plaide-t-elle. Dans le domaine du logement, cela donne "une politique qui vise à augmenter l'offre de logement mais aussi à l'améliorer dans ses objectifs sociaux et écologiques". Une politique naturellement "incompatible avec un marché dérégulé".
La sociale-écologie s'oppose ainsi radicalement à la politique "de la demande" qui, selon Cécile Duflot, "encourage à tout prix l'accession à la propriété en multipliant les crédits immobiliers, sans tenir compte ni des besoins sociaux, ni de l'aménagement du territoire". Elle se traduirait par une politique de "relance qualitative", à cinq conditions : mettre fin à "l'inflation galopante" des prix des logements ; l'emploi ; la transition écologique ; la simplification ("assumer qu'il n'y a pas que la fiscalité et le coût du travail qui pèsent sur l'activité de production, mais que l'Etat a aussi sa part de responsabilité" – le rapport de la démarche "objectif 500.000 est à cette occasion annoncé pour la fin février) ; un investissement public "clair" et "significatif" dans l'économie.
Tout cela prendra du temps, reconnaît la ministre. C'est le cas de le dire : rappelons avec elle que le nombre de logements mis en chantier devrait être de l'ordre de 335.000 logements en 2013, soit une baisse de 5 % par rapport à 2012.
Valérie Liquet