Transports - Canal Seine-Nord : Manuel Valls veut commencer les travaux début 2017
Lors d'un déplacement dans le Pas-de-Calais ce 14 novembre, Manuel Valls a réaffirmé la volonté de l'Etat de commencer début 2017 les travaux du Canal Seine-Nord, voie navigable destinée à relier les bassins de la Seine et de l'Oise au réseau européen à grand gabarit du nord de l'Europe. "Il est essentiel que chacune des collectivités confirme au plus vite son engagement aux côtés de l'Etat afin que la société de projet puisse être créée d'ici à la fin de l'année. C'est la condition pour tenir le calendrier : débuter les premiers travaux dès l'année prochaine", a déclaré le Premier ministre.
"Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, tiendra, demain [le 15 novembre, ndlr], une réunion importante avec les collectivités locales appelées à cofinancer le projet", a précisé Manuel Valls. "Il y a deux ans, à Arras, j'ai annoncé la relance du projet, qui se trouvait dans une impasse juridique et financière", a rappelé le chef du gouvernement. "Mon gouvernement a mis les bouchées doubles pour partir enfin sur des bases solides : réalisation d'une enquête publique modificative suite au travail de reconfiguration du député Rémi Pauvros, adoption d'une ordonnance permettant la création d'une société de projet publique, obtention d'une subvention européenne de 40% du coût du projet, engagement des études techniques approfondies, mise au point d'un protocole de gouvernance et de financement avec les collectivités."
Le financement du canal Seine-Nord, dont le coût devrait avoisiner les 4,5 milliards d'euros, est réparti entre l'Union européenne (1,8 milliard d'euros), l'Etat (1 milliard), les collectivités (1 milliard). Le solde (0,7 milliard) provient de l'emprunt. La contribution prévue des collectivités est de 302,65 millions pour les Hauts-de-France, 210 millions pour la région Ile-de-France, 200 millions pour le département du Nord, 130 millions pour celui du Pas-de-Calais, 100 millions pour celui de l'Oise et 70 millions pour celui de la Somme.
"Moi je suis très fier, c'est là le rôle du politique, de faire des grands projets qui vont créer de l'emploi, d'ancrer pleinement une région dans le nord de l'Europe", s'est réjoui le Premier ministre.
Longue de 107 km, la nouvelle infrastructure, qui se veut une alternative au trafic routier sur un axe économique important, est située entre Compiègne et le canal Dunkerque-Escaut. Elle empruntera en partie le tracé actuel du canal du Nord, dont les voies, actuellement de 14 à 17 mètres de large, devront être élargies à 54 mètres. Six écluses et 61 ponts routiers et ferroviaires devront être construits. Son exploitation est prévue pour 2023 au plus tôt.
"Je crois en la force d'une France décentralisée"
Manuel Valls fait de ce projet du canal Seine-Nord un cas exemplaire de ce que peut être "un Etat au côté des élus, des territoires". Cette allocution prononcée en mairie de Bapaume - la ville dont Jean-Paul Delevoye, ancien président de l'Association des maires de France, fut longtemps l'édile - avait en effet plus largement vocation à évoquer "la nouvelle France des territoires" devant permettre de faire face aux diverses crises et menaces.
L'occasion pour le Premier ministre de réaffirmer quelques convictions d'ordre général. Comme le fait de croire "en la force d'une France décentralisée, qui s'appuie sur ses territoires pour mettre en oeuvre des politiques publiques plus adaptées aux besoins des citoyens". Ou de considérer que la réforme territoriale "a transformé la France pour les décennies à venir". Une réforme dont Manuel Valls résume ainsi le résultat : "13 grandes régions métropolitaines, 15 métropoles d'envergure européenne, des intercommunalités renforcées dans leur périmètre et leur compétence."
En termes de "moyens" de cette République des territoires, le chef du gouvernement a assuré que le projet de loi de finances pour 2017 tient compte des "efforts" qui ont déjà été demandés aux collectivités et a mis en avant les point suivants : "diminution par deux de la baisse de la DGF des communes ; fonds de soutien de 200 millions d'euros qui viendra soutenir les départements en difficulté (…) ; fonds de 450 millions alloué en 2017 aux régions ; transfert d'une part de la TVA, en 2018, pour financer les dépenses de développement économique ; enfin, péréquation en faveur des territoires les plus en difficulté, notamment les territoires urbains et ruraux qui bénéficieront également d'abondements de dotations spécifiques."
Cette allocution à Bapaume concluait un déplacement de quelques heures qui avait débuté à Arras et s'était poursuivi à Croisilles avec la visite d'un centre d'accueil et d'orientation (CAO) géré par l'association La Vie active, association ayant jusqu'ici été en charge du centre d'accueil provisoire de la Lande de Calais.
Manuel Valls a tenu à saluer "tous ceux qui se sont engagés" sur l'accueil des migrants, "qu'ils soient agents de l'Etat, préfets, Ofpra, Ofii, élus et agents des collectivités, sécurité civile, associations, ONG". Et a en outre évoqué la question spécifique des mineurs isolées étrangers, rappelant que le gouvernement a "engagé une discussion avec les départements, pour que l'évacuation des mineurs depuis Calais ne déstabilise pas le dispositif fragile de la prise en charge des mineurs isolés" et a "pris l'engagement que l'Etat pilotera de manière concertée l'insertion progressive dans le dispositif de droit commun des mineurs qui ne pourront accéder en Grande-Bretagne".