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Normes sportives - Ça ne colle toujours pas entre les élus locaux et la Fédération française de handball

"C'est intenable, la salle ne peut pas être nettoyée qu'elle est salie à nouveau dès l'entraînement suivant. Les handballeurs amateurs ne maîtrisent pas l'utilisation de la colle et on en retrouve partout sur les portes des vestiaires, des sanitaires, sur les murs et nos agents 'craquent' car la salle donne l'impression d'être toujours sale." Des témoignages comme celui-ci, émanant d'une commune de la région Centre, l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) en a reçu des dizaines dans le cadre de la préparation de la dernière réunion de la Cerfres (Commission d'examen des règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs), le 16 juin dernier.
Depuis des années, l'utilisation de colles et résines par les joueurs de handball (pour mieux saisir le ballon) est au centre d'un désaccord entre les élus locaux et la Fédération française de handball (FFHB). Car au-delà de simples salissures, la présence des colles dans les gymnases entraîne des réactions en chaîne. La première est celle des coûts de remise en état, car les colles "augmentent le temps de nettoyage des surfaces sportives d'environ 20 à 25%", selon un élu bourguignon, ou encore nécessitent de peindre ou lessiver les murs "deux fois par an contre une fois tous les deux ans pour les autres équipements", d'après un élu de banlieue parisienne.

Relations "conflictuelles" avec les autres utilisateurs

Autre conséquence négative de l'utilisation de ces colles : l'obligation d'utiliser des produits spécifiques, coûteux et nocifs, qui "rendent glissant le sol pour les usagers toutes activités confondues" et augmentent "les risques de chutes". Si l'on ajoute à cela, "des déprogrammations importantes des salles lors des opérations de décapage des sols", on comprend que la situation dépasse le cadre du handball. Un témoignage fait ainsi état de relations "conflictuelles" avec les autres clubs utilisateurs des équipements.
En février 2014, la FFHB avait présenté un projet de modification de son règlement, dans lequel elle proposait que les collectivités se chargent elles-mêmes d'autoriser uniquement des résines à base d'eau, supposément plus faciles à laver. Les collectivités, de leur côté, souhaitaient interdire l'utilisation des colles en dehors des matchs de "niveau national". Quant à la nouvelle proposition de la fédération, faite à l'occasion de la dernière réunion de la Cerfres, elle ne satisfait toujours pas les élus. Si tous les niveaux de compétition sont désormais ouverts à l'interdiction, la décision de laisser aux seuls maires la possibilité d'interdire ou non les colles par arrêté municipal est mal vécue par les élus.

Chantage à l'organisation des compétitions

Tout d'abord parce que son application ville par ville est difficile à mettre en œuvre sans le soutien des acteurs sportifs concernés. Certes, le nouveau projet de règlement prévoit que "les clubs doivent se conformer aux décisions prises par les collectivités propriétaires des équipements sportifs qu’ils utilisent" et que les arbitres devront mentionner sur la feuille de match l’existence d'un arrêté municipal d'interdiction. Dans les faits, rien ne sera simple. "Les différentes équipes extérieures venant rencontrer l'équipe locale mettaient de la colle. Or, les arbitres de la fédération ne sont jamais intervenus pour soutenir notre agent et les dirigeants du club local", illustre un élu d'une commune de Rhône-Alpes ayant déjà interdit l'usage des colles.
Autre écueil qui découle de la position de la FFHB : le chantage potentiel des organisateurs de compétitions. Récemment, une commune a dû lever son interdiction pour pouvoir accueillir un événement d'ampleur nationale. "Avant cette épreuve et lors d’un échange avec un membre de la commission fédérale d’organisation des compétitions, ce dernier avait confirmé que cette compétition devait se tenir avec l’autorisation d’utiliser la colle blanche, explique un élu de la commune concernée. Si la ville s’opposait à cette condition, la compétition s’organiserait ailleurs... Face à cette situation et pour ne pas pénaliser le club local, le maire a décidé de suspendre exceptionnellement pour cette compétition cet arrêté municipal."

Un modèle d'arrêté unique pour conforter les droits des collectivités

A défaut de pouvoir faire entendre raison à la FFHB, dont le nouveau règlement peut entrer en vigueur dans les deux mois suivant sa présentation à la Cerfres malgré un avis défavorable, l'Andes, avec le soutien de l'AMF (Association des maires de France), prépare pour la rentrée 2015 un modèle unique d'arrêté municipal d'interdiction des colles et résines pour le handball de façon à conforter les droits des collectivités encore hésitantes à franchir le pas, alors que seules 15% des communes ont déjà pris un tel arrêté. Et le temps presse. "Un nouveau gymnase va être disponible en mars 2016 et nous sommes inquiets de sa détérioration rapide par l’usage de ces produits", s'alarme un élu de banlieue parisienne.