Budget 2019 : les maisons de l'emploi sauvent les meubles
Parties pour ne rien obtenir, les maisons de l'emploi ont finalement obtenu un budget de 5 millions d'euros de la part de l'Etat, dans le cadre de la loi de finances pour 2019. Il était en effet prévu que l'Etat supprime sa participation. Le montant devrait être destiné aux structures les plus fragiles, alors que des regroupements et mutualisations, mais aussi les fonds issus des collectivités territoriales et des fonds européens, permettent à la plupart de survivre après les baisses de crédits successives.
Les maisons de l'emploi disposeront finalement de 5 millions d'euros de la part de l'Etat en 2019. C'est ce qui a été décidé dans le cadre de la loi de finances pour 2019 du 28 décembre 2018. "C'est plus que prévu puisqu'on était parti de zéro", rappelle à Localtis Marie-Pierre Establie d'Argencé, l'ancienne déléguée générale d'Alliance Villes Emploi (AVE), qui vient de céder sa placer à Lucie Becdelièvre. Le budget initial réservé par l'Etat aux maisons de l'emploi dans le projet de loi était nul. Il est passé ensuite à 5 millions d'euros lors de l'examen du texte à l'Assemblée nationale, puis à 10 millions d'euros grâce aux sénateurs, pour revenir finalement à 5 millions d'euros. Les maisons de l'emploi devront donc se serrer la ceinture. L'an dernier, le gouvernement avait déjà tenté de se désengager totalement, la forte mobilisation des élus et des structures avait permis de préserver une enveloppe de 11,5 millions d'euros en 2018, contre 21 millions d'euros en 2017 et 2016.
Alors que les métropoles ont la capacité de s'organiser, ce budget doit permettre d'aider les maisons de l'emploi les plus fragiles. Mais "reste encore à savoir comment il sera réparti, détaille Marie-Pierre Establie d'Argencé, c'est ce que nous sommes en train d'étudier avec l'Etat".
Pour pallier aux baisses successives des montants consacrés aux maisons de l'emploi au fil des années (de 70% de financement par l'Etat à un budget de 5 millions d'euros en 2019), certaines structures ont décidé de mutualiser leurs moyens, voire de fusionner. C'est le cas à Rennes et Nantes notamment où missions locales et maisons de l'emploi ont fusionné. Des rapprochements ont aussi eu lieu entre les maisons de l'emploi et les plans locaux pour l'insertion et l'emploi (Plie) dans certains territoires, comme à Calais ou Parthenay. Certaines de ces structures ont aussi été internalisées au sein des collectivités locales. Au total, il y a maintenant 106 maisons de l'emploi et 150 Plie. Mais il y a eu aussi des licenciements.
Vers une internalisation des structures au sein des collectivités ?
La nouvelle baisse risque encore de précipiter le mouvement de réorganisation. Mais "elle devrait avoir peu d'impact sur les territoires ruraux dont les maisons de l'emploi se maintiennent car elles ont trouvé des solutions de financement auprès des collectivités, régions, départements, mais aussi auprès de l'Europe, tente de rassurer Marie-Pierre Establie d'Argencé, deux ou trois territoires seront peut-être en difficulté mais ce n'est même pas sûr, car ils pourront procéder à des regroupements ou des optimisations". Les fonds européens (FSE) représentent entre 20 et 30% des budgets des maisons de l'emploi en moyenne. Mais ce sont surtout les crédits apportés par les collectivités locales, qui au fil des années et des baisses des montants de l'Etat, ont pris le relais. Celles-ci pourraient aussi être amenées par la force à être les seuls financeurs, avec les fonds européens, mais aussi à favoriser l'intégration de ces structures en leur sein. "Mais quand les outils sont internalisés, il est plus compliqué de mobiliser les partenaires, cela dépend beaucoup de la volonté des élus", souligne la déléguée générale.
D'après les plans du gouvernement, les maisons de l'emploi pourront concourir aux appels à projets dans le cadre du Plan d'investissement dans les compétences (PIC), notamment pour toutes les aides sur la gestion prévisionnelle des emplois, leur cœur de métier, ou via le fonds d'inclusion dans l'emploi.
La posture paradoxale du gouvernement
Au-delà de l'aspect financier, AVE s'interroge sur la posture paradoxale de l'exécutif. "Le gouvernement maintient l'évolution à la baisse des crédits tout en mettant en place des orientations et une politique, dont le PIC, qui correspondent au cœur de métier des maisons de l'emploi, c'est paradoxal, considère Marie-Pierre Establie d'Argencé, c'est ainsi que nous avons obtenu les 5 millions d'euros". Elle souhaite que les structures jouent un rôle important dans le plan Pauvreté et plus particulièrement dans le service public de l'insertion, qui reprend peu ou prou la méthodologie développée dans le cadre des 95 Plie. Des Plie financés à 50% par le FSE et qui, en 2017, ont accompagné 100.550 personnes éloignées de l'emploi, avec une durée moyenne de parcours de 25 mois et un taux de retour à l'emploi durable moyen de 47%. "Si la durée du parcours a augmenté pour passer de 12 à 25 mois, on y arrive, les résultats sont là !", affirme Marie-Pierre Establie d'Argencé. Le dispositif a permis la réalisation de 13 millions d'heures d'insertion. A noter qu'une instruction doit prochainement être publiée pour amplifier l’inscription de la clause sociale dans les marchés publics.
Référence : loi n°2018-1317 du 28 décembre 2018 de finances pour 2019 |