Pôles de compétitivité - Bruxelles veut promouvoir la coopération des clusters en Europe
En France, les pôles de compétitivité ont le vent en poupe. Leur bilan est plutôt positif : les 66 pôles de compétitivité labellisés par le gouvernement en juillet 2005 sont aujourd'hui tous opérationnels. Ils remplissent leurs objectifs, à savoir : rapprocher les entreprises, les laboratoires publics et les établissements d'enseignement supérieur en s'appuyant sur la proximité et la solidarité territoriales. Les moyens financiers publics annoncés (1,5 milliard d'euros sur trois ans en provenance de l'Etat et de ses agences) sont mis en oeuvre selon le rythme prévu : 540 millions d'euros ont déjà été engagés. Deux premiers appels à candidatures ont été lancés en décembre 2005 et mars 2006. Ils ont conduit au dépôt de 339 projets pour 59 pôles. Au total, les projets des entreprises soutenus à ce stade représentent un montant de dépenses de recherche et de développement de 1,8 milliard d'euros.
Ils bénéficient d'un financement de près de 190 millions d'euros de la part de l'Etat et de 103 millions d'euros de la part des collectivités locales. Après un troisième appel à candidatures, 224 projets de recherche viennent d'être à nouveau déposés. La sélection interviendra en mars 2007. Et une quatrième sélection est prévue en juillet, le dépôt des candidatures étant fixé pour avril.
Vers une coopération des pôles de compétitivité au niveau européen
L'expérience française s'inspire d'exemples menés dans les pays voisins. L'Allemagne a ainsi créé depuis 1995 des pôles de compétitivité dans sept Länder dans les secteurs de l'énergie, des transports et de l'aéronautique. De même, le Danemark est engagé dans une politique d'appui aux clusters dans tous ses domaines d'excellence au niveau national et international. L'Italie a quant à elle créé depuis de nombreuses années des "districts industriels et technologiques". Mais alors que l'Europe peine à atteindre les objectifs de Lisbonne en matière d'innovation et de recherche, Bruxelles souhaite promouvoir la coopération entre les pôles de compétitivité européens. Car les expériences restent rares. Pour favoriser cette collaboration et éviter déperditions et risques de doublons, Bruxelles a lancé en mai 2006, lors d'un conseil compétitivité, le principe d'une réflexion commune. L'idée est de créer une cartographie des pôles de compétitivité en Europe et d'élaborer un mémorandum pour aboutir au final à une alliance européenne capable de mettre en relation des agences, des entreprises et des laboratoires dans le cadre de pôles de compétitivité à dimension européenne. "Supposons qu'une agence comme Vinnova en Suède, Tekes en Finlande ou VDI/VDE en Allemagne développe son futur programme de soutien aux clusters, explique Nikos Pantalos, de la direction générale des entreprises à la Commission européenne. Dans le cadre de cette alliance, nous l'encouragerons à le faire en collaboration avec d'autres agences d'Europe, tout en respectant ses priorités et spécificités régionales, pour aboutir à la création de clusters de classe mondiale."
La Fondation Sophia Antipolis, moteur de la démarche
Pour mener à bien la démarche, la Commission européenne a lancé un appel à projets. La Business School of Stockholm a été retenue pour diriger l'ensemble du programme. La Fondation Sophia Antipolis a, quant à elle, été choisie pour préparer le mémorandum. Les 11 et 12 janvier 2007, un groupe de travail s'est ainsi réuni au palais du Luxembourg à Paris pour dresser les grandes lignes de ce mémorandum. Il réunissait des expert, dont Jacques Evrard, le directeur d'Eurada (l'Association européenne des agences de développement régional), Pierre Simon, le président d'Eurochambres (l'association des chambres européennes de commerce et d'industrie), ou Ralph Estermann, le président de Kompetenznetze, les réseaux de compétences allemands. Leur objectif : imaginer des solutions innovantes pour stimuler les démarches internationales des pôles de compétitivité, améliorer leur coopération et favoriser les synergies entre les initiatives qui existent déjà en Europe. Ces experts doivent se retrouver encore trois fois durant l'année pour finaliser le document. L'expérience de la Fondation Sophia Antipolis doit leur servir d'exemple. Son président, Pierre Laffitte, sénateur des Alpes-Maritimes, bénéficie d'une double casquette : il est à la fois le fondateur de Sophia Antipolis et le vice-président du pôle de compétitivité français "Solutions communicantes sécurisées" (SCS). "Notre rôle est de mettre centres de recherches, entreprises françaises et étrangères en relation pour favoriser les partenariats", explique Laurent Soulier, le directeur du département international et des affaires européennes de la Fondation Sophia Antipolis. "Dans l'élaboration du mémorandum, nous apportons notre savoir-faire et nos contacts internationaux", précise-t-il.
Le mémorandum définira les domaines d'intérêt commun qui appellent une coopération future et ébauchera un agenda pour les années à venir. Il sera officiellement signé à l'occasion d'une conférence ministérielle en Suède, les 26 et 27 novembre 2007.
Emilie Zapalski