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Brexit : les ports français réintégrés dans les corridors maritimes avec l'Irlande

La commission transports du Parlement européen a voté, jeudi, la réintégration des ports français dans le projet de corridor maritime entre l’Irlande et l’Europe, qui doit faire suite au Brexit. La proposition initiale de la Commission datée du 1er août 2018 faisait l’impasse sur les ports français pour privilégier ceux du Benelux.

"Les ports de Brest, de Roscoff et de Saint-Malo mais également ceux de Cherbourg, du Havre, de Dunkerque et de Nantes sont désormais pleinement intégrés" dans les nouveaux corridors maritimes entre l’Irlande et le continent européen destinés à préparer la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. C’est ce qu’a indiqué l’eurodéputé Alain Cadec, jeudi, suite au vote de la commission des transports du Parlement européen en ce sens, dans le cadre du projet de règlement sur le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Cette rectification, qui reste à confirmer par le Conseil, conférera à l’Irlande "un accès direct au cœur de l’Europe et à la façade atlantique". "Les ports français bénéficient en effet d’une position géographique idéale pour assurer la continuité et le renforcement de nos relations économiques avec l’Irlande", se félicite le député.

"Un véritable non-sens"

La France avait eu la surprise d’apprendre que la proposition de la Commission de modification du règlement MIE, datée du 1er août 2018, faisait l’impasse sur les ports français pour privilégier ceux du Benelux. Ce qui avait suscité une levée de boucliers des acteurs concernés, des trois régions maritimes directement concernées (Bretagne, Normandie et Hauts-de-France), aux armateurs, jusqu’à la ministre des Transports, Élisabeth Borne. Le Parlement français s’en était lui aussi ému dans deux rapports du mois de décembre. D’autant que l’exclusion des ports français du schéma les privait d'importants subsides européens. C’est d’ailleurs le rôle essentiel de ces corridors : faciliter l’obtention de crédits européens en soutien aux lourds investissements nécessités par les infrastructures portuaires. Pour le Sénat, cette décision était "dépourvue de justification" puisqu’il existe déjà des autoroutes de la mer reliant l’Irlande à l’Europe via le réseau transeuropéen de transport (RTE-T). Une modification des corridors n’était donc pas nécessaire. "Les seules relations irlandaises susceptibles de subir des perturbations suite au Brexit concernent le 'Long Bridge', trajet terrestre entre Liverpool et Calais (via le tunnel sous la Manche)", argue le Sénat. Or le sujet n’était même pas abordé dans la proposition de modification. La décision de Bruxelles aurait donc eu essentiellement pour objectif que "de pré-orienter les crédits européens alloués au titre du Brexit vers les trois ports de Zeebrugge, Anvers ou Rotterdam".

"L’exclusion des ports d’un partenaire essentiel comme la France était un véritable non-sens que l’on devait corriger au plus vite", insiste Alain Cadec, président de la commission pêche du Parlement européen. "L’heure est au regroupement et non à la division de nos forces. J’appelle le Conseil à travailler de concert avec le Parlement européen, afin que nous soyons parés pour la sortie imminente du Royaume-Uni et puissions apporter plus visibilité et de sécurité aux grands acteurs portuaires européens."