Archives

Très haut débit : accélérer les déploiements mais aussi sécuriser !

Fin 2020, 28,6 millions de locaux en France étaient éligibles au très haut débit, toutes technologies confondues. Si cette performance fait de nous le deuxième pays le mieux couvert en Europe, de nouveaux défis sont apparus ces dernières années en parallèle du déploiement de la fibre optique : il s’agit d’une part d’accélérer ces déploiements, notamment dans les zones les moins simples à desservir, mais également de sécuriser et de pérenniser les réseaux existants. Les risques de détériorations physiques de ces équipement « essentiels »,  liés notamment aux aléas climatiques et de nouveaux besoins (explosion des usages dans un contexte de crise sanitaire) exigent de bâtir des installations non seulement performantes, mais aussi résilientes. La Banque des Territoires accompagne collectivités et acteurs privés dans cette ambition au travers du plan de relance, en mobilisant des outils et des moyens exceptionnels.

Déploiement de la fibre, un chantier mené à une vitesse remarquable

Le programme national Très haut débit lancé en 2010, puis le plan « France Très Haut Débit » en 2013 ont permis à l’Etat de mobiliser opérateurs, collectivités et tout l’écosystème industriel autour d’une ambition forte. Il s’agissait en effet de remplacer le réseau historique à base de cuivre, afin de fournir un confort et une performance optimales aux foyers et entreprises sur le territoire national. Un immense programme dont le cap est fixé à 2025, qui connaît un rythme intense (+31% de locaux raccordables au FttH entre 2019 et 2020) et que la Banque des Territoires a déjà financé pour plus de 1,4 milliard d’euros depuis dix ans, en prêts et investissements auprès de collectivités et des industriels.

Doter les installations d’un niveau de sécurité et de robustesse compatibles avec les défis de notre époque

Deux aspects méritent néanmoins encore des efforts. Le premier concerne les fortes disparités qui subsistent au sein des territoires, même si elles tendent à disparaître progressivement. Celles-ci s’expliquent par différents facteurs : les opérateurs ont d’abord investi dans les métropoles, les collectivités ont eu tendance à connecter en priorité les zones rurales déjà en retard sur le haut débit, des choix politiques différents ont été faits d’une commune à l’autre. Le second point, en revanche, constitue un chantier à part entière : il s’agit de doter les installations existantes d’un niveau de sécurité physique et de robustesse compatibles avec les défis de notre époque.

 

Nouveaux risques, nouveaux standards de sécurité

Les différents acteurs du très haut débit ont pris conscience, il y a quelques années déjà, des impacts croissants des aléas climatiques, qui sont malheureusement de plus en plus fréquents. L’ouragan Irma, qui a ravagé les Antilles en 2017, a marqué un tournant dans cette prise de conscience et a renforcé les impératifs de sécurisation de ces infrastructures essentielles. Les îles du nord des Antilles se sont en effet soudain trouvées sans électricité, sans couverture mobile et sans Internet, car tous les pylônes avaient été détruits à l’exception d’un seul. « Comme il fallait tout reconstruire, cela a été l’occasion de tout repenser et de faire différemment, afin de rendre les infrastructures plus résilientes ». Car il est difficile d’accepter que dans notre pays au XXIeme siècle certains sites sensibles ou régions puissent se trouver coupés du monde du jour au lendemain en raison d’installations mal pensées ou de mauvaise qualité.

Mais les risques ne concernent pas que les territoires d’Outre-mer, comme l’ont démontré les évènements tragiques de l’été dernier dans la vallée de la Vésubie.

 

« La crise sanitaire a fait émerger des nouveaux scénarios en termes d’insécurité et de fragilité des réseaux Internet »

Gaël Serandour, Responsable Infrastructures Numérique au sein de la Direction des investissements de la Banque des Territoires

Aujourd’hui encore, les établissements publics, tels que les écoles d’une commune sont souvent raccordées à Internet de façon séparée, établissement par établissement, par un seul lien d’accès. En cas de coupure de ce lien, l’école se retrouve littéralement coupée du monde – et il suffit parfois de travaux dans une rue adjacente pour que ce soit le cas. Pourtant, il est possible de mettre en réseau les différentes écoles de la commune, de manière à ce que, dans ce réseau « bouclé », la connexion des autres puisse venir à son secours... « De la même manière, la plupart des sites sensibles que sont les établissements de santé ou les datacenters, même récents, sont connectés à une seule source d’alimentation électrique, un seul lien de télécommunication, au lieu de deux ».

 

Banque des Territoires : plusieurs dispositifs pour répondre à chaque besoin

Les nouveaux projets de construction et de raccordement des bâtiments tiendront nécessairement compte de ces nouveaux risques, particulièrement en ce qui concerne les sites critiques. Mais qu’en est-il de l’existant ? La Banque des Territoires est convaincue de la nécessité d’accompagner collectivités, syndicats d’énergie, acteurs privés et autres structures publiques dans l’effort d’investissement additionnel d’aménagement numérique des territoires.

Le plan d’accompagnement récemment lancé comporte trois grands volets en ce sens. Depuis janvier 2021, la Banque des Territoires soutient des projets permettant d’améliorer la sécurisation et la résilience des réseaux (raccorder davantage de sites entre eux, enfouir des réseaux, etc.). Avant l’été, des dispositifs spécifiques seront disponibles pour les projets de couverture mobile dans les territoires ultramarins où le retard accumulé pose des problèmes de sécurité au quotidien pour les habitants. Et enfin, à la fin de cette même année, des moyens complémentaires seront mis en place à destination des habitats les plus isolés pour lesquels le raccordement effectif au réseau très haut débit se révèle complexe et onéreux.

« L’appel à projets permet de faire émerger des besoins qui traduisent de vrais enjeux de terrain »

Gaël Serandour, Responsable Infrastructures Numérique au sein de la Direction des investissements de la Banque des Territoires

Dans cette optique, des appels à projets sont ouverts aux acteurs aussi bien publics que privés. « L’appel à projets est en effet un format extrêmement efficace pour faire émerger des besoins qui traduisent de vrais enjeux de terrain, qui sont spécifiques à un territoire et qui sont portés par des acteurs de ce territoire », estime Gaël Serandour. Chaque zone présente en effet des caractéristiques et des priorités différentes qu’un grand accord national ne permet pas forcément d’appréhender. Les moyens qui sont mis en œuvre dans le cadre des actions de relance de la Banque des Territoires doivent permettre d’adresser la diversité des situations, des montages et des projets, grâce à des outils de financement sous forme de à prêts et d’apports en fonds propres ou quasi-fonds propres.

La Banque des Territoires peut aussi proposer aux porteurs de projets un accompagnement en ingénierie sur le montage du projet ainsi que certains aspects techniques.

Pour tous ces projets, l’impact sociétal et environnemental est un des critères de sélection des projets, qui doivent démontrer des impacts extra-financiers positifs pour les territoires (maintien et création d’emplois, performance énergétique, contribution à la réduction de la fracture numérique…).

 

Gaël Serandour

Responsable Infrastructures Numérique au sein de la Direction des investissements de la Banque des Territoires

Voir son profil LinkedIn