Rebond Industriel : ingénierie et subventions clés en mains pour les territoires exposés aux mutations des filières transports

Pour refaire de la France une nation industrielle de premier plan, le gouvernement a lancé en 2018 le programme Territoires d’industrie dont la Banque des Territoires est un des principaux partenaires. Dotés de chefs de projet dédiés, les territoires ayant rejoint le programme mobilisent les outils d’accompagnement à leur disposition afin d’élaborer des stratégies industrielles innovantes, en étroite collaboration avec les opérateurs du programme¹.   

Fin 2021, le grand plan d’investissement France 2030, doté de 54 milliards d’euros, a réaffirmé l’ambition de reconquête industrielle française visant une industrie innovante et décarbonée. Parmi les objectifs affichés : 

• décarboner l’industrie dans le pays afin de réduire de 35 % ses émissions de gaz à effet de serre ; 
• produire près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides d’ici 2030 ; 
• construire le premier avion bas-carbone dans le même horizon de temps.

« Les filières du transport ont été fragilisées par la pandémie de Covid-19 et par des difficultés d’approvisionnement en composants cruciaux, analyse Alexandre Masse, chef de projet à la Délégation aux Territoires d’industrie. Elles font désormais face au défi de la transition vers le bas carbone, ce qui nécessite d’importants investissements et autant d’opportunités dans les territoires ».

¹ La Délégation Territoire d’Industrie (Agence Nationale de la Cohésion Territoriale) coordonne les opérateurs Banque des Territoires (qui a une équipe dédiée), Ademe, Bpifrance, Pôle Emploi, Business France et Action Logement ainsi que les associations d’élus et les ministères concernés  

Rebond Industriel : une réponse sur-mesure aux défis de notre temps

Ouvert depuis le 1er août 2022, l'Appel à Manifestation d'Intérêt Rebond Industriel s’inscrit donc dans la poursuite des objectifs France 2030. Jusqu’à fin 2026, le dispositif prévoit une cinquantaine de territoires accompagnés, dont les candidatures seront retenues au cours des appels à manifestation d’intérêt qui ont lieu trois fois par an. « Rebond Industriel n’est pas réservé aux 149 Territoires d’industrie labellisés à ce jour, précise Alexandre Masse. Toute collectivité de métropole ou d’outre-mer peuvent répondre à l’AMI, par le biais de la plate-forme Démarches-simplifiées. » 

Depuis le lancement du dispositif, 16 territoires sont déjà lauréats à l’AMI Rebond Industriel, dont les relèves ont eu lieu le 1er octobre 2022 et le 1er février 2023. L’instruction des dossiers de candidature, confiée à la Banque des Territoires, repose sur le degré d’exposition du territoire face aux mutations de la filière transports. Cependant, les dynamiques collectives (candidatures entre intercommunalités ou à l’échelle d’un Territoires d’industrie par exemple) et l’implication d’un écosystème d’acteurs variés dans la définition de stratégie industrielle sont également valorisés (industriels, pôles de recherche, pépinières d’entreprises).  La mise en œuvre et le suivi des accompagnements sont aussi opérés par la Banque des Territoires, en étroite collaboration avec la Délégation Territoires d’industrie.    

« Toutes les missions d’ingénierie déployées auprès des territoires lauréats seront coordonnées par la Banque des Territoires, notamment dans le suivi des rencontres des acteurs locaux, dans la progression de la feuille de route et dans l’identification des financements les plus pertinents pour accompagner les projets structurants du territoire : enveloppe Rebond Industriel piloté par Bpifrance, outils de financement Banque des Territoires (via le programme Territoires d’industrie, investissements immobiliers), financements ANCT, Ademe, européens, etc. », déclare Alexandre Masse.

Conseil et accompagnement jusqu’à fin 2026 : identifier des opportunités via les études, puis les concrétiser par des aides financières 

Rebond Industriel est un dispositif rythmé en deux temps. D’une part, les territoires lauréats bénéficieront d’une expertise - réalisée par des cabinets spécialisés en ingénierie territoriale -, intégralement financée par une enveloppe France 2030. Pendant environ trois mois, les experts iront à la rencontre des acteurs du territoire (collectivités, industriels, entreprises, UIMM, Ademe, Pôle emploi…) afin de co-construire une feuille de route et d’identifier des projets stratégiques.

Dans un second temps, les projets d’investissements industriels créateurs d’emplois et à fort impact pour le territoire seront éligibles à des subventions et avances remboursables opérées par Bpifrance.

« Cet AMI s’inspire des retours d’expérience positifs des missions « Choc industriel », avec la spécificité de compléter l’intervention concentrée en ingénierie par une orientation des projets stratégiques vers des financements adéquats », commente Camille Simoes.

D’abord élaboré pour soutenir la dynamique industrielle des territoires particulièrement exposés aux mutations de la filière transports (automobile, aéronautique, ferroviaire, logistique…), Rebond Industriel vise aussi, et plus largement, à soutenir toutes les filières industrielles identifiées comme stratégiques pour le territoire. L’approche globale Rebond Industriel concentre aussi son ingénierie sur une réponse aux enjeux de formation et d’accompagnement des compétences, au cœur des défis du secteur industriel français.

« L’étude d’ingénierie est un accompagnement concentré qui se veut bénéfique sur le long-terme. C’est une façon d’offrir aux collectivités un service complet et clés en mains, moteur d’un rebond industriel et à la hauteur de nos objectifs de transition écologique », conclut Camille Simoes.

Premières études en cours : 16 territoires lauréats aux deux vagues de l’AMI Rebond Industriel

Six territoires ont été retenus à la première vague de l’AMI Rebond Industriel dont la première relève a été effectuée le 1er octobre 2022. Les missions d’ingénierie qui ont démarré en janvier 2023 ont déjà soulevé des problématiques diversifiées, notamment autour d’enjeux d’attractivité, de fragilité des industries ou d’évolution des compétences, et dont l’étude vise à définir des stratégies sur-mesure.

Le déploiement des missions d’ingénierie sur les 10 territoires lauréats à la deuxième vague de l’AMI Rebond a démarré. L’accélération de la mise en œuvre du dispositif témoigne de l’intérêt d’un tel accompagnement auprès des territoires.

Zoom sur les accompagnements en cours

Ainsi, en Bourgogne-Franche-Comté, une cinquantaine d’acteurs des filières émergentes et de sous-traitants (grand industriels ou PME) se rencontreront à l’occasion d’une journée table ronde organisée par les experts en ingénierie territoriale déployés avec le dispositif Rebond Industriel, en lien avec les acteurs locaux du Territoire d’industrie Nord Franche-Comté et Vosges saônoises (notamment la Région, la CCI, FIMA). Les ateliers organisés au cours de cette journée favoriseront les échanges entre les acteurs industriels et économiques locaux autour de la dynamique de diversification et d’innovation, dans l’objectif de définir une approche collective, de créer un effet de levier et d’accélérer la concrétisation des projets.   

Sur le Territoire d’industrie Gers Tarn-et-Garonne, les entretiens des experts avec les acteurs publics et les industriels permettent de co-construire une feuille de route ciblée sur les filières stratégiques du territoire, telle que la filière aéronautique, ainsi que sur de nouvelles filières structurantes, comme les filières agroalimentaire et cosmétique. « Cette étude d’ingénierie permettra non seulement de faire un état des lieux des risques liés aux dépendances des filières industrielles stratégiques du territoire, comme la filière aéronautique, mais aussi d’identifier avec les collectivités, les PMI et les ETI, les voies de diversification possibles. Le renforcement des liens entre les industriels et les étudiants en formations supérieures est également un axe stratégique majeur pour le territoire du Gers-Tarn-et-Garonne, ainsi que pour les territoires industriels accompagnés par Rebond Industriel », détaille Camille Simoes.