Le FAIM, nouveau fonds d’amorçage industriel à impacts positifs

40 millions et bientôt 80 millions d’euros. Tel est le capital rassemblé par le Fonds d’amorçage industriel métropolitain (FAIM) cocréé par les métropoles de Lyon et de Saint-Étienne, et dont la Banque des Territoires, intervenant pour le compte de l’État au titre du programme Territoires d’innovation de France 2030, est partenaire. Sa particularité ? Renforcer les filières industrielles et innovantes de ces collectivités, tout en contribuant à la transition environnementale et sociale. Deux entreprises ont déjà bénéficié des investissements du FAIM, sur la vingtaine de prises de participations prévue d’ici à 2026. 

Rivalité ou complémentarité ? Les métropoles de Lyon et de Saint-Étienne ont choisi la seconde option, en annonçant mi-2021 la création du FAIM, un fonds d’amorçage d’une nature particulière, avec le soutien de l’État dans le cadre des programmes France 2030 et Territoires d’innovation - opérés par la Banque des Territoires. Ce fonds d’amorçage intervient dans ces deux aires métropolitaines de plus de 1,8 million d’habitants, en étant financé par un groupe d’investisseurs publics et privés (les deux métropoles, la Banque des Territoires, GRDF, Plastic Omnium, le groupe SEB, l’Auxiliaire, IFP Énergies nouvelles, Crédit Agricole Loire Haute Loire, Groupama Rhône-Alpes, Caisse d’Épargne Rhône-Alpes, la CCI de Lyon, Saint-Étienne et Roanne). 

À terme, ce sont environ 400 emplois industriels directs qui devraient être créés.

Lara Prunenec, chargée de projets Territoires d’industrie à la Banque des Territoires.

Le fonds cible des entreprises industrielles locales (déjà créées ou souhaitant s’implanter), à l’œuvre dans les filières phares de la région : alimentation, nouveaux matériaux, dispositifs médicaux, optique et électronique, textile, énergies vertes, économie circulaire, mobilités, chimie écologique… 

« Nous prévoyons quatre à cinq opérations par an, en amorçage ou première levée de fonds, avec des participations de 15 % à 20 % du capital et des investissements unitaires compris entre 0,5 M€ et plusieurs millions d’euros », détaille Christophe Desrumaux, associé et responsable du bureau lyonnais de Demeter, la société de gestion sélectionnée pour gérer le FAIM. 

« L’écosystème lyonnais et stéphanois recèle de nombreuses industries récentes et en pointe, comme en témoigne sa labellisation Territoires d’innovation. Plusieurs d’entre elles disposent de prototypes et entrent en phase de commercialisation. Le FAIM sera un partenaire financier privilégié pour ces sociétés », précise Jean-Nicolas Béasse, chargé d’investissement Territoires d’innovation à la Banque des Territoires. 

« À terme, ce sont environ 400 emplois industriels directs qui devraient être créés, indique Lara Prunenec, chargée de projets Territoires d’industrie à la Banque des Territoires. Sachant que chaque emploi direct entraîne la création de trois à quatre emplois indirects, chez des sous-traitants et des prestataires de services ».

Un fonds d’amorçage « à impacts » 

FAIM est un fonds dit « à impacts » car il intègre dans ses choix d’investissements, comme dans son rôle d’actionnaire actif, les paramètres environnementaux, sociaux et de gouvernance, conformément au règlement européen SFDR article 9, le plus exigeant à ce jour. 

FAIM est le parfait exemple d’une initiative vertueuse issue d’un des 24 Territoires d’innovation labellisés en France, portée par des collectivités et soutenue par un pool d’investisseurs publics et privés.

Jean-Nicolas Béasse, chargé d’investissement Territoires d’innovation à la Banque des Territoires.

« L’investissement de La Banque des Territoires, pour le compte de l’État, dans ce fonds s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de filières créant à la fois des emplois et des externalités positives, en termes de respect de l’environnement, de décarbonation, de développement local, de bonne gouvernance, souligne Jean-Nicolas Béasse. Le FAIM est le parfait exemple d’une initiative vertueuse issue d’un des 24 Territoires d’innovation labellisés en France, portée par des collectivités et soutenue par un pool d’investisseurs publics et privés. Ce modèle intéresse déjà d’autres collectivités ».  

Avant et après investissement, le FAIM évaluera l’engagement des sociétés financées à intégrer et à renforcer les paramètres ESG pertinents pour chaque entreprise, mais aussi l’impact territorial de ces dernières (« contrat de progrès »), dans leur développement, sur la base de dix critères élaborés par le cabinet Greenflex, dont quatre indicateurs de performance économique, deux pour l’énergie et l’environnement, deux pour la gouvernance et la « perception citoyenne ». « Ce dernier axe résulte de la volonté du FAIM de valoriser les métiers et les formations industrielles, et de renforcer les liens avec la population », déclare Christophe Desrumaux. L’institut de sondages Inkidata mènera ainsi des enquêtes auprès de plus de 500 personnes des métropoles lyonnaise et stéphanoise, afin de rendre visibles et compréhensibles les rapports entre filières industrielles, territoire et développement durable. 

Outre son engagement en capital pour le compte de l’État, la Banque des Territoires contribue aussi de façon indirecte au FAIM, puisque Demeter est installé dans le campus  USIN à Lyon-Parilly. « La Banque des Territoires a soutenu la reconversion de cette friche où furent fabriqués des moteurs d’avion puis des groupes électrogènes. Ce site multi entreprises accueille également la Fondation Ilyse, dédiée à la médiation industrielle. C’est emblématique de la cohérence et du lien resserré entre ce territoire, ses filières et sa population », explique Lara Prunenec. 

Leviers pour un capital « patient » 

FAIM vient également combler un manque dans l’amorçage industriel, avec une durée de vie de douze ans, soit deux ans de plus que la pratique habituelle des fonds de capital-risque et de capital-développement. Cette doctrine du long terme et de l’intérêt général résulte de la volonté des métropoles de Lyon et de Saint-Étienne et de la combinaison publique - privée des capitaux investis. 

 

Nous prévoyons quatre à cinq opérations par an, en amorçage ou première levée de fonds.

Christophe Desrumaux, associé et responsable du bureau lyonnais de Demeter  

Preuve du succès déjà rencontré par le fonds : les 40 M€ souscrits au premier tour de table devraient s’élever début 2023 à 80 M€ réunis auprès des souscripteurs en place et de nouveaux entrants. 

« Les investissements réalisés par le FAIM dans des sociétés industrielles lyonnaise et stéphanoise activent deux leviers positifs : d’une part ces entreprises, jeunes pour la plupart, bénéficient d’un accès plus aisé au capital, via la syndication d’investisseurs ; d’autre part, une fois leurs fonds propres renforcés, elles peuvent attirer plus aisément des financements non dilutifs, sous forme d’avances non remboursables par exemple », analyse Christophe Desrumaux. 

Les deux premiers investissements du Fonds d’amorçage industriel métropolitain 

Les deux premières jeunes pousses sélectionnées ont pu mobiliser près de 10 millions d’euros de financement, sur la base des tours de table menés par le FAIM, qui serviront à la mise en production de leurs produits. 

Via un procédé utilisant le froid extrême de l’azote liquide, la technologie développée par Revcoo capte le CO2 dans des cheminées d’usines (ces fumées industrielles sont à l’origine de plus de 40 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales). La société a réalisé un tour de table de 3,5 M€ auprès du FAIM et de la société de gestion Kreaxi. Elle compte une première installation dans une carrière de production de chaux d’Eiffage. La levée de fonds va permettre d’installer un deuxième système en 2023 (afin de capter 20 tonnes par jour), puis d’en déployer 40 d’ici à 2025. 

Pour sa part, Healshape développe des prothèses mammaires biodégradables et régénératives, destinées aux femmes ayant subi une ablation totale ou partielle du sein. Unique au monde, le produit ur-Shape, imprimé en 3D à partir d’une « encre biologique », a la capacité de permettre une reconstitution des tissus naturels et de se résorber dans les mois qui suivent l’intervention. L’entreprise a recueilli 6 M€ auprès du FAIM et de la société de gestion Go Capital.  

Demeter, spécialiste de l’investissement industriel durable

Société de capital-risque orientée ESG (environnemental, social et gouvernance), Demeter investit de 1 à 30 millions d’euros pour accompagner des entreprises à tous les stades de leur développement : amorçage, jeunes pousses, PME et ETI en croissance, et projets d’infrastructure. Demeter gère 1,2 milliard d’euros et a réalisé plus de 200 investissements depuis sa création en 2005, date à laquelle elle s’est dotée d’un rapport annuel de gestion extra-financière. Par ailleurs, Demeter est membre de la Commission Transition Écologique de France Invest et a reçu plusieurs prix « Impacts et ESG » pour ses méthodes. 

Jean-Nicolas Béasse

Chargé d’investissement Territoires d’innovation à la Banque des Territoires

Diplômée de l’Essca en finance et entrepreneuriat, Jean-Nicolas Béasse a travaillé entre 2002 et 2010 comme Consultant en inclusion financière (microfinance) - notamment pour la Société générale et l’Agence française de développement -, avant de collaborer neuf années avec Proparco comme Responsable de financement puis d’investissement dans les marchés émergents. Il a rejoint la Caisse des Dépôts en 2019.

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Christophe Desrumaux

Associé, responsable de Demeter Lyon

Diplômé de l’INSA et de HEC, Christophe Desrumaux a travaillé comme Chef de produits chez STM puis comme Responsable du développement commercial chez Soitec, avant de devenir Directeur commercial de Mu-Test, et Directeur d’investissement chez Supernova Invest.  

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Lara Prunenec

Chargée de projets Territoires d’industrie à la Banque des Territoires 

Diplômée de l’École d’architecture de Paris-Malaquais et de l’université de Paris-Est Créteil (en urbanisme), Lara Prunenec est entrée en 2011 à la Caisse des Dépôts, y occupant successivement des fonctions de Chargée de développement territorial investisseur et de Responsable thématique numérique.

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