La Banque des Territoires, acteur de la transition alimentaire

En France, faire ses courses alimentaires a longtemps été aussi facile que de remplir un panier d’épicerie. Mais la crise du Covid-19 a ramené sur le devant de la scène la question de la sécurisation des approvisionnements alimentaires. 

En paralysant les transporteurs, en asséchant le flux de saisonniers nécessaires pour ramasser les fruits et légumes, la pandémie a mis en lumière la fragilité des chaînes d’approvisionnement, rappelant à chacun que l’autonomie alimentaire des grandes villes est extrêmement limitée : celle de Paris est estimée à trois jours seulement. 1

L’autonomie alimentaire est loin d’être la seule menace qui pèse sur le système alimentaire français, soumis aujourd’hui à un triple défi : environnemental (impacts du changement climatique, dégradation des sols…), énergétique (dépendance aux ressources fossiles et minières), et socio-économique et politique (précarité des agriculteurs, problématiques de santé publique…).  

Face à ces enjeux, il apparaît essentiel d’ancrer à nouveau le système alimentaire au cœur des territoires, d’œuvrer à le rendre à la fois plus durable et plus résilient. Partenaire des collectivités, la Banque des Territoires accompagne cet effort en soutenant des initiatives vertueuses.    
 

Un système alimentaire français en pleine mutation 

« Un aliment parcourt en moyenne 3 000 km2 avant d’arriver dans notre assiette. Un chiffre qui paraît incroyable, mais qui s’explique par nos chaînes alimentaires fortement centralisées et mondialisées, rappelle Linda Reboux, responsable du pôle Transition Ecologique et Sociale à la direction de l’investissement de la Banque des Territoires. Développer des circuits courts de proximité, favoriser l’alimentation locale plutôt que de faire venir les aliments par camions de pays lointain, apparaît dès lors comme du bon sens ».  

Pas de surprise, donc, à ce que le cadre réglementaire et législatif français pousse le système alimentaire à évoluer vers plus de durabilité. La loi EGALIM, issue des États généraux de l’alimentation, oblige par exemple les structures publiques à proposer 50 % de produits de qualité et durables – dont au moins 20 % de produits bio – dans la restauration collective à partir de 2022. « Un de nos objectifs principaux est d’aider les collectivités à faire face à ces nouvelles obligations réglementaires en finançant des projets leur permettant de mettre en place des modes de consommation et de production plus vertueux sur leurs territoires : développement de circuits courts de proximité, de filières locales de qualité… », confie Linda Reboux.   

Dans son plan de relance de l’économie, lancé en août 2020 dans le sillage de la crise Covid, l’État a fait de la transformation du système alimentaire une priorité stratégique, avec des moyens alloués conséquents. « Rebâtir un système alimentaire plus durable et résilient permet de participer au développement économique des territoires, de créer de la richesse mais aussi des emplois locaux non délocalisables. C’est donc un volet intéressant pour la relance, avec de nombreux bénéfices au niveau environnemental, social et sociétal… », estime Linda Reboux.  

La Banque des Territoires est extrêmement vigilante aux impacts extra financiers des projets qu’elle soutient, s’attachant à financer les projets les plus vertueux possibles. Animée par un souci d’équité et de justice sociale, la Banque des Territoires estime ainsi essentiel que les bienfaits de la transition alimentaire ne soient pas réservés aux plus aisés, capables de s’offrir une nourriture d’excellente qualité mais très chère. « Un Français sur cinq a du mal à se nourrir sainement aujourd’hui3, c'est pourquoi nous tenons à financer des projets destinés au plus grand nombre, ceux qui promeuvent l’accès pour tous à une alimentation de qualité, saine et équilibrée », souligne Linda Reboux. La Banque des Territoires cherche également à soutenir les projets les plus inclusifs, ceux qui favorisent le développement d’emplois en insertion ou pour les personnes en situation de handicap.  
 

Les territoires sensibilisés à la problématique alimentaire 

Les enjeux de la transition alimentaire sont importants, complexes et hautement transverses. Les territoires sont de plus en plus nombreux à se saisir de ces sujets cruciaux et à réaliser des PAT – Projets Alimentaires de Territoires – labélisés par le ministère de l’Agriculture. Ces PAT sont des moyens de concertation réunissant l’ensemble des parties prenantes du territoire (collectivités, agriculteurs, associations de consommateurs…) autour d’un objectif commun : réinventer le système alimentaire local, le rendre plus durable et résilient. De cette réflexion collective sur le terrain vont pouvoir émerger des actions concrètes que la Banque des Territoires pourra potentiellement financer. 

Les enjeux liés à la transition alimentaire suscitent l’intérêt de tous les territoires, y compris les Outre-mer où la capacité à limiter les importations d’aliments est cruciale pour limiter l’empreinte écologique et redévelopper l’emploi local.

Linda Reboux, Responsable du pôle développement économique local

La Banque des Territoires se positionne sur les enjeux alimentaires depuis relativement peu de temps, quelques années seulement, et ne prétend pas être en mesure de les résoudre dans leur ensemble. Mais elle est capable d’accompagner le déploiement d’une multitude d’actions concrètes sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’alimentation. « Nous ne sommes qu’un petit acteur sur ces sujets, mais nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice, et accompagner avec humilité certaines des mutations à l’œuvre aujourd’hui », estime Linda Reboux.  
     

Transition alimentaire : agir sur toute la chaîne de valeur, de la ferme à la fourchette   

Quand la Banque des Territoires a sélectionné un projet prometteur – modèle économique robuste, bénéfices extra-financiers importants – elle le finance en capital, en fonds propres ou quasi fonds-propres. Et peut le faire sur le temps long, jusqu’à 8 à 10 ans. La Banque des Territoires est un investisseur patient.  

Nous n’octroyons pas de subventions, nous apportons des moyens financiers à des structures qui travaillent à construire un modèle viable et pérenne afin de maintenir et développer les impacts recherchés le plus longtemps possible.

Linda Reboux, Responsable du pôle développement économique local

Le champ d’action de la Banque des Territoires est vaste. Elle investit dans des structures situées tout le long de la chaîne de valeur, de la ferme à la fourchette.  

Ainsi, pour faire face à l’enjeu majeur qu’est le renouvellement des générations d’agriculteurs – près de la moitié des agriculteurs vont prendre leur retraite d’ici 20304 – la Banque des Territoires investit de manière intermédiée dans des projets de foncières telles que Terre de Liens, qui détient des terres agricoles et aide des agriculteurs à s’installer en bio. Aujourd’hui, Terre de Liens est un vrai succès avec une collecte de plus de 100 millions d’euros et des fermes partout en France.     

La Banque des Territoires cherche également à soutenir de nouveaux modes de production alternatifs et innovants : exploitations de grande taille en permaculture et en agroforesterie, fermes aquaponiques… Elle a aussi financé La Ceinture Verte – une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) qui vise à installer autour des villes des maraîchers bio pour réapprovisionner au plus proche et limiter les transports – ainsi que le Réseau Cocagne, qui compte plus d’une centaine de jardins maraîchers bio sur toute la France et constitue un des plus importants employeurs de personnes en insertion du pays.  

Pour recréer des circuits courts de proximité, l’investissement dans des outils de transformation locaux – légumeries, conserveries, fromageries, brasseries… – est essentiel. Ces outils sont parfois le chaînon manquant entre le producteur et le consommateur, notamment dans la restauration collective. « Il y a de très importants besoins d’ateliers de transformation pour valoriser les productions locales. Installer une légumerie, c’est permettre aux cantines scolaires des alentours d’acheter des produits locaux lavés et découpés, c’est aussi permettre aux agriculteurs locaux de trouver plus facilement des débouchés pour leur production », explique Linda Reboux. La Banque des Territoires a récemment financé une légumerie en Haute-Saône portée par l’association AFSAME qui emploie des travailleurs handicapés et des personnes en insertion. Elle accompagne également un projet de transformation de produits issus de la baie d’açaï en Guyane.  

La Banque des Territoires investit aussi dans des projets liés à la distribution : magasins de producteurs, supermarchés coopératifs, plateformes logistiques, places de marché digitales… Elle a ainsi financé Comptoirs de Campagne, un réseau de commerce multiservices de proximité en milieu rural, dont 80 % des produits proviennent de circuits courts de proximité.  
 

Plus qu’un simple pourvoyeur de fond, un facilitateur 

La Banque des Territoires ne se contente pas de financer les projets qu’elle a sélectionnés : elle accompagne leur développement, cherche à les faire changer d’échelle, essaimer sur d’autres territoires. « Nous encourageons au maximum les interactions entre les différents projets et acteurs que l’on soutient pour favoriser la fertilisation croisée. Nous apportons également la force de notre réseau et de nos compétences pour aider les projets à croître et se développer », commente Linda Reboux.  

Si elle n’est pas un acteur historique de la transition alimentaire, la Banque des Territoires enrichit et renforce régulièrement son offre d’investissement. Elle a lancé dernièrement un appel à manifestation d’intérêt (AMI) doté d’une enveloppe de 23 millions d’euros sur trois ans. « Un AMI au fil de l’eau qui montre que la Banque des Territoires se positionne comme un financeur du temps long », conclut Linda Reboux. 

 

1 Alimentation durable, L’ADEME en Île-de-France.  
2 Rapport d’information parlementaire n°2942 sur les circuits courts et la relocalisation des filières agricoles et industrielles, Brigitte Allain, 7 juillet 2015.  
Baromètre de la pauvreté, Ipsos et le Secours Populaire Français, 2018.  
4 « La MSA inquiète du départ massif d’agriculteurs à la retraite », Previssima, 24 juin 2019.  

Linda Reboux

Responsable du pôle développement économique local Direction de l'investissement, Banque des Territoires

Diplômée de l’ESSEC, Linda Reboux a intégré le groupe Caisse des Dépôts en 2012 après une première expérience en fusions-acquisitions. Passionnée par la finance à impact, elle a d’abord travaillé sur un projet de fonds de préservation des espaces naturels, avant de rejoindre le pilotage des participations stratégiques pour suivre Bpifrance, la Société Forestière et CDC Biodiversité. Depuis 2017, elle développe les investissements innovants du département Cohésion Sociale et Territoriale de la Banque des Territoires, notamment dans le domaine de la transition alimentaire des territoires.  

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