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Sécurité - Bernard Cazeneuve promet un projet de loi en partie consacré à la sécurité privée

Changement de paradigme au Parti socialiste : non seulement la sécurité privée n'est plus un tabou, mais elle est amenée de plus en plus à épauler les forces de l'Etat… et à pallier ses carences accrues avec la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui s'est traduite par la suppression de 13.700 postes. Aussi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a-t-il promis, vendredi 23 mai, un nouveau projet de loi de sécurité intérieure qui sera en grande partie consacré à ce secteur qui a connu un essor important ces dernières années. Le texte viendrait ainsi toiletter la loi du 12 juillet 1983 règlementant les activités privées de sécurité dont les effectifs sont passés depuis lors de 60.000 à 165.000 salariés pour environ 9.000 entreprises : vigiles, stadiers, opérateurs de vidéoprotection, transporteurs de fonds, personnels de sûreté des aéroports, des centrales nucléaires, des ambassades et d'immeubles…
"Le temps est désormais venu de traduire (vos) travaux dans un projet de loi sur la sécurité", a ainsi déclaré le ministre, cité par l'AFP, lors d'une réunion de travail du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps) à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Ce conseil, présidé par le criminologue/consultant, Alain Bauer, proche de Manuel Valls, a été installé le 9 janvier 2012 par Claude Guéant pour mettre de l'ordre dans la profession dont les effectifs dépassent aujourd'hui ceux de la police ou de la gendarmerie. La création du Cnaps avait été recommandée par un rapport de l'Inspection générale de l'administration de juin 2010, et intégrée dans la "Loppsi 2", la grande loi de sécurité du quinquennat de Nicolas Sarkozy (dont Alain Bauer était aussi un proche conseiller).
Le Cnaps est chargé délivrer les agréments, autorisations et numéros de carte professionnelle aux entreprises, dirigeants et salariés. Ses contrôles peuvent aboutir à des sanctions disciplinaires. Le conseil avait aussi été chargé d'élaborer une Code de déontologie.
On assiste donc à une véritable volonté de structurer le secteur. Alors ministre de l'Intérieur, Manuel Valls s'était doté en mars dernier d'un délégué aux coopérations de sécurité chargé de "conduire le dialogue" avec les acteurs concourant à la sécurité publique, notamment "les représentants des polices municipales et du secteur de la sécurité privée", ainsi que d'un délégué aux industries de sécurité, s'ajoutant au délégué interministériel à la sécurité privée qui existait déjà. C'est le préfet Jean-Louis Blanchou qui occupe ce dernier poste. Il a aussi été chargé par Manuel Valls de conduire la réforme des polices municipales annoncée pour le deuxième semestre 2014. La question se pose donc de savoir si le même texte regrouperait polices municipales et sécurité privée, les deux piliers de la coproduction de sécurité, aux côtés des forces de l'ordre. En ces temps de vaches maigres, d'aucuns ne manqueront pas d'y voir une privatisation de la sécurité.
 

 

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