Bâtiments scolaires : relever le défi de la rénovation énergétique
Aujourd’hui en France, plus de 52 000 bâtiments scolaires maillent notre territoire. Ecoles primaires, collèges et lycées font partie de notre vie quotidienne et leur architecture reflète bien souvent notre histoire. A l’heure de la transformation écologique et de l’adaptation au changement climatique, les bâtiments scolaires doivent s’adapter à de nouveaux enjeux. Représentant 50 % de nos bâtiments publics, leur rénovation énergétique est un levier majeur pour l'atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050, mais également pour l'amélioration du confort des élèves et des équipes pédagogiques. C'est pourquoi la Banque des Territoires se mobilise pour accompagner les collectivités dans cette démarche et les aider à concrétiser leur projet de rénovation énergétique de bâtiments scolaires.
Les enjeux de la rénovation énergétique des bâtiments scolaires
L’école, un lieu de vie pour tous
Qui n’a pas un jour fredonné ce célèbre refrain : « Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école, c’est ce sacré Charlemagne, sacré Charlemagne ! » Et oui, cela nous replonge immédiatement dans nos années d’école, que de souvenirs et d’anecdotes ! Qu’on soit petit ou grand, l’Ecole rythme ou a rythmé notre quotidien et fait partie de notre histoire personnelle et collective. Lieu symbolique de notre république et de ses valeurs, l’Ecole est un lieu d’enseignement pour la génération future, mais aussi un véritable lieu de vie pour tous les Français.
Service public du quotidien au cœur de nos territoires, l’Ecole publique rassemble 10,8 millions d’élèves :
- 5,61 millions en école primaire (écoles maternelle et élémentaire)
- 2,66 millions au collège
- 1,81 millions au lycée
Au total, plus de 52 000 bâtiments scolaires publics maillent notre territoire.
L’école primaire, son histoire, son bâti…
Comme nous l’avons tous appris, c’est Jules Ferry qui structure l’école primaire telle que nous la connaissons aujourd’hui en tant qu’institution. En effet, en 1881 et 1882, il met en place des lois qui rendent l’instruction obligatoire, gratuite et laïque pour les garçons et les filles. Pour permettre à tous d’accéder à l’école, chaque commune a alors l’obligation de construire un bâtiment scolaire pour les filles et un pour les garçons.
Les chantiers de construction se développent donc dans tout le pays avec un bâti uniforme pour répondre rapidement à ce nouveau besoin, comme le souligne Jules Ferry dans un discours : « Nous faisons des écoles aussi rapidement que le boulanger fabrique son pain ». Au total, ce sont 30 000 « maisons d’école » (terme employé à l’époque) qui sont construites ou rénovées en 7 ans.
La deuxième période charnière pour le bâti scolaire se situe dans les années 1960. En effet, suite aux destructions de la guerre, à la croissance démographique, une vaste période de rénovation et de reconstruction des bâtiments scolaires s’ouvre en France. Toujours pour répondre rapidement au besoin de construction, les écoles monoblocs sont privilégiées. Plusieurs dizaines de milliers d’écoles sont donc ainsi construites avec une architecture limitée et peu adaptée au territoire où est implantée l’école. 80% de nos écoles primaires datent de cette période
D’autres écoles, collèges et lycées suivront toujours emprunts des mêmes symboliques et la même volonté de massification : les écoles modernistes des années 1930 inspirées par les hygiénistes, les collèges de la reconstruction, des trente glorieuses et ses erreurs (le collèges Pailleron) ou les lycées géants des années 1990 assemblant plusieurs formes d’enseignement.
…. et son avenir ainsi que celui de l’ensemble des bâtiments scolaires
Aujourd’hui, nous amorçons une nouvelle période charnière pour les écoles. En effet, leur rénovation énergétique est devenue un enjeu majeur pour les collectivités locales. Comme nous l’avons vu précédemment, ce sont bien souvent des bâtiments anciens, énergivores, peu adaptés au changement climatique ce qui génère de l’inconfort pour les enseignants et les élèves qui les fréquentent au quotidien.
En effet, il y a des améliorations à réaliser notamment sur le confort d’été, les ilots de chaleurs et les changements d’usages pour trouver des alternatives aux:
- cours bitumées, fournaise en été ou lors des canicules et les
- fenêtres grandes ouvertes pour rafraîchir les classes
- les rideaux omniprésents pour laisser tourner les vidéo projecteur dans les classes.
Pour répondre à ces problématiques, se dessinent aujourd'hui des projets de cours-oasis : une cour végétalisée plus fraiche et surtout plus pédagogique pour réancrer un rapport à la nature y compris dans l’enceinte de l’école.
De plus, l’objectif national de neutralité carbone fixé à 2050 et la lutte contre le changement climatique font de la rénovation des bâtiments publics, tous usages confondus, une priorité nationale. En effet, le dispositif Eco Energie Tertiaire impose une réduction des consommations d’énergie dans les bâtiments tertiaires de plus de 1000 m² de :
- - 40 % en 2030
- - 50 % en 2040
- - 60 % en 2050
Cela impacte les écoles primaires, mais pas seulement. En effet, l’ensemble des bâtiments scolaires doit se conformer à cette exigence, y compris les collèges et les lycées.
Le changement climatique s’accélère et la transformation énergétique et écologique des territoires devient chaque jour plus nécessaire. Les collectivités doivent donc engager rapidement des travaux massifs de rénovation de leurs écoles, collèges et lycées qui sont vieillissants et énergivores. Or, ces projets sont bien souvent perçus comme complexes et onéreux. Faute de moyens humains et financiers dédiés, les collectivités peinent à trouver les informations et les financements nécessaires à la réalisation de ces projets.
La Banque des Territoires, partenaire historique de l’Etat et des collectivités se mobilise donc pour simplifier la prise de décision des collectivités et augmenter massivement la concrétisation des projets de rénovation énergétique du bâti scolaire.
EduRénov, un programme porté par la Banque des Territoires pour encourager la rénovation énergétique du bâti scolaire
Pour accompagner la métamorphose des bâtiments scolaires qui représentent quasiment 50 % du parc public, Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires, a lancé, le 9 mai 2023, le programme de rénovation des bâtiments d’enseignement : EduRénov, en présence de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et des acteurs de l'écosystème.
Avec le programme EduRénov, nous mettons, au service des élus, toute notre force de frappe financière et la puissance de notre ingénierie y compris en matière d’innovation data. Rénover le bâti scolaire, c’est travailler pour l’avenir, à double titre : à la fois pour les élèves et les enseignants, et pour la nécessaire transformation écologique des territoires.
Ce programme a pour objectif d'accompagner, valoriser et financer la rénovation énergétique de 10 000 établissements scolaires d'ici 2027. Il s’adresse :
- prioritairement aux communes pour la rénovation énergétique de toutes leurs écoles primaires qu’elles soient impactées ou non par le dispositif Eco Energie Tertiaire
- aux départements pour la rénovation de leurs collèges
- aux régions pour la rénovation de leurs lycées
L’enjeu pour EduRénov est de massifier la rénovation énergétique du bâti scolaire. A cette fin, 10 000 projets totems seront accompagnés dans les territoires.
Ce programme porté par la Banque des Territoires, en partenariat avec l’Etat et les acteurs du secteur, prévoit :
- la création d’une ressourcerie qui mettra à disposition des collectivités des documents techniques, des rapports, des livres blancs et des outils pour les aider dans leur réflexion
- la mise en place d’un club pour animer, impulser, accélérer, et structurer la démarche et favoriser les échanges de pair à pair ainsi que le partage d’expérience, en articulation avec les partenaires publics et privés
- le financement de l’ingénierie des projets au profit du passage à l’action : audit énergétique, assistance à maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage déléguée
- un continuum d’offre de financement pour la réalisation du projet de rénovation énergétique (intracting pour les projets à gains rapides, prêts de moyen et long terme)
Ce qui compte c’est là où on veut aller massifier la rénovation énergétique du bâti scolaire : tous mobilisés !
Tiers de confiance, la Banque des Territoires souhaite, avec ce programme, massifier la rénovation énergétique du bâti scolaire en 3 phases :
- 2023 : lancement de 200 projets totems tests pour amorcer le mouvement
- 2024-2025 : passage à l’échelle et industrialisation avec 4200 projets totems accompagnés
- 2026-2027 : massification avec 10 000 projets accompagnés
Avec EduRénov, la Banque des Territoires souhaite accompagner les 10 000 projets totems de rénovation énergétique les plus urgents. De toutes types et de toutes tailles, les projets accompagnés devront cibler une diminution de leur consommation d’énergie de – 40 % minimum, qu’ils soient sujets ou non au dispositif Eco Energie Tertiaire.
Les bâtiments scolaires en quelques chiffres
- 44 900 écoles primaires
- 5 290 collèges
- 2 260 lycées
- soit 130 millions de m²
Les enjeux de la rénovation du bâti scolaire
- Probablement 10 à 15% du parc traité rénové énergétiquement actuellement
- Près de 60% des 44 900 écoles ont moins de 6 classes, donc moins de 1 000 m2
- Une rénovation annuelle dans les bâtiments scolaires estimée à 4 Md€
La parole est à vous
Elsa Pastor
Directrice générale des services de Montreuil-Juigné
Elsa Pastor nous présente le projet de rénovation énergétique du groupe scolaire Marcel Pagnol de Montreuil-Juigné.
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Pourquoi avoir engagé une rénovation énergétique du groupe scolaire Marcel Pagnol ?
Le groupe scolaire Marcel Pagnol accueille 210 élèves répartis dans 10 classes. Construit en 1975, ce bâtiment était vieillissant et démontrait de nombreux signes de faiblesses thermique et énergétique.
Plus concrètement, c’est l’audit énergétique réalisé par le syndicat intercommunal d’énergie du Maine-et-Loire qui nous a fait passer à l’action. En effet, il a mis en avant les faiblesses du bâtiment en matière d’isolation et la déperdition forte d’énergie avec un ratio de 110W/m². Les deux plus grands postes de déperdition étaient les vitrages simple ou doubles vieillissant sans joint à rupture de pont thermique donnant une sensation de parois froides et les murs en bêton brut.
L’éclairage était également ancien et énergivore, avec une gestion des commandes d’allumage non-optimisée dans la majorité des locaux. Il y avait aussi un enjeu fort concernant le déficit de ventilation impactant la qualité de l’air et la pérennité du bâtiment compte tenu du taux important d’humidité dans les classes (entre 75% et 85%). Enfin, il a été constaté que les rayons du soleil et l’importante occupation dans les classes sont les deux principales causes de la montée en température dans les locaux et donc d’un inconfort important en juin et septembre.
C’est pour toutes ces raisons que nous avons souhaité rénover l’école avec pour objectif d’améliorer le confort des enfants, des enseignants et du personnel communal.
Ce projet s’inscrit dans un plan à moyen et long terme de rénovation énergétique des 3 écoles publiques de notre territoire. Il illustre aussi la volonté de Monsieur le Maire, Benoît Cochet, et de son équipe de rénover le patrimoine communal sans créer de nouveau bâtiment durant ce mandat.
Les deux plus grands postes de déperdition étaient les vitrages simple ou doubles vieillissant sans joint à rupture de pont thermique donnant une sensation de parois froides et les murs en bêton brut.
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Quels sont les travaux réalisés pour améliorer la performance énergétique de l’école ?
Nous avons donc réalisé plusieurs types de travaux pour traiter à la fois les pathologies du site et les surchauffes estivales. Tout d’abord des travaux d’amélioration du bâti comme l’isolation par l’extérieur des murs avec un matériau bio-sourcé, le remplacement de l’ensemble des fenêtres, le renforcement de l’isolation des planchers hauts ou encore la mise en place de casquettes, de brises solaires et de film solaire sur les fenêtres.
Concernant la ventilation, nous avons installé une VMC double flux. Pour la partie installation électrique, nous avons optimisé les sources d’éclairages.
Compte tenu du besoin en rénovation thermique, ce projet vise également à valoriser les énergies renouvelables et à réduire la dépense énergétique. A cette fin, nous avons procédé à l’installation d’un système de chauffage à pompe à chaleur géothermique et à la mise en place de panneaux photovoltaïques sur la toiture.
Ce projet vise également à valoriser les énergies renouvelables et à réduire la dépense énergétique.
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Quels sont les gains réalisés ?
Ces travaux d’un montant total de 3 278 344 € et financé par un prêt de 1,35 M€ de la Banque des Territoires nous permettent une réduction des consommations d’énergie de l’ordre de 41 %, une diminution des gaz à effet de serre de près de 83 % et une économie annuelle estimée à un près de 18 k€.
Cela nous permet, dans le cadre du diagnostic de performance énergétique (DPE), de passer de l’étiquette D à l’étiquette C en matière de consommation énergétique et de l’étiquette D à l’étiquette B en matière d’émission de gaz à effet de serre.
Ces travaux nous permettent une réduction des consommations d’énergie de l’ordre de 41 %, une diminution des gaz à effet de serre de près de 83 % et une économie annuelle estimée à un près de 18 k€.
Découvrez en images 4 projets que nous avons accompagnés
Nous vous proposons de découvrir, en vidéo, 4 établissements scolaires dont nous avons accompagnés la rénovation énergétique :
- Ecole élémentaire Georges Rascol à Saint-Jean-de-Védas (34)
- Collège Les Allobroges à La Roche-sur-Foron (74)
- Groupe scolaire René Jouglet à Gommegnies (59)
- Groupe scolaire Paul Langevin à l’Ile-Saint-Denis (93)