Base Adresse : une association en appelle à l'Unesco pour sauvegarder "la toponymie bretonne"

Une association bretonne a adressé une requête à l'Unesco afin d'obtenir l'inscription "en extrême urgence de la toponymie bretonne (...) sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente", estimant que les lieux-dits en langue régionale sont menacés par le formatage des adresses postales imposé par la loi.

En vertu de la loi 3DS de 2022, les communes "doivent dénommer les voies et les lieux-dits, donner un numéro à chaque usager et fournir l'adressage au format Base Adresse Locale dans la Base adresse nationale", écrit l'association Koun Breizh ("Souvenir breton") dans un communiqué. Pour l'association, cet adressage "conduit de manière silencieuse à la débretonnisation" de nombreux lieux-dits, parfois sans que les élus ne le mesurent.

L'article 169 de loi 3DS concernant l'adressage "encourage la simplification des échanges de données", selon le site data.gouv.fr. "Les communes transmettront également les noms de lieux-dits, ce qui concourt à un renforcement de la qualité des adresses et respecte la toponymie locale", selon le site. "Bien des petites communes ne disposaient d'aucune adresse, ce qui pénalisait les services, au premier rang les administrés et les communes elles-mêmes", peut-on lire.

Cependant, selon l'association, "pour des raisons techniques, il arrive que les lieux-dits disparaissent au moment de la saisie dans la Base Adresse Locale gérée par La Poste" car "les règles fixées par le logiciel informatique privilégient les noms de rue et prennent le pas sur une toponymie ancestrale en langue bretonne, occasionnant une perte inestimable", considère Koun Breizh. "Il n'existe plus aucun lien entre le nom et la parcelle de territoire ainsi nommée, alors que le nom en langue bretonne indique toujours une caractéristique liée à l'histoire du lieu, à la nature du sol ou à sa situation dans son environnement", souligne l'association. "Avec la loi 3DS (...) c'est l'aboutissement de la politique de francisation" de la Bretagne, assure-t-elle. Dans ce contexte, Koun Breizh "sollicite un moratoire sur l'application de la loi 3DS, le temps que l'on puisse dresser un bilan fiable et précis des atteintes infligées" à cette toponymie bretonne "millénaire".

Les opérations d'adressage doivent se poursuivre jusqu'en juin pour les petites communes de moins de 2.000 habitants, rappelle l'association. Avec un peu plus de 200.000 locuteurs actifs, dont près de 80% de plus de 60 ans, la langue bretonne est considérée comme "gravement menacée" par l'Unesco.

 

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