Avec le 17Cyber, l'Etat promet de parler d'une seule voix aux victimes de cyberattaques
Les plus hauts responsables de la gendarmerie, de la police nationale et de Cybermalveillance ont lancé le 17 décembre 2024 la plateforme 17Cyber. Un dispositif qui promet de répondre 24h/24 aux victimes de cyberattaques, avec la possibilité d'échanger avec des policiers et gendarmes formés. Une initiative qu'il faudra articuler avec les CSIRT qui peuvent aussi proposer des plateformes d'appels.
C'est en prenant pour hypothèse une commune victime d'un rançongiciel que la nouvelle plateforme 17Cyber a été présentée le 17 décembre 2024 à la presse. C'est dire si les collectivités sont pleinement concernées par ce guichet unique qui associe les trois entités aujourd'hui en charge du cyber au niveau de l'Etat : gendarmerie, police nationale et le GIP Cybermalveillance.
La première vocation de la plateforme 17Cyber, annoncée en janvier 2022 par le président de la République, est du reste d'afficher une "marque commune" sur l'accompagnement cyber, a précisé Jérôme Notin, directeur du GIP. Car, comme en témoignait encore l'enquête Data publica (notre article du 13 novembre 2024), les collectivités - et a fortiori l'immense majorité des Français – ne savent pas où frapper en cas de cyberattaque.
Des agents derrière le tchat
Particuliers, entreprises, collectivités peuvent donc depuis le 17 décembre se connecter à https://17cyber.gouv.fr pour obtenir une aide. Une plateforme uniquement web faut-il préciser, même si le 17 évoque le numéro d'appel d'urgence de la police. Accessible 24h/24, 7J/7, la plateforme propose "un parcours" qui s'inspire de ce qui existait déjà sur Cybermalveillance. Avec une différence majeure : il offre la possibilité à la victime de poser des questions via un tchat. "Avec derrière un agent en chair et en os pour répondre", a précisé le général Marc Boget, en charge du commandement cyber de la gendarmerie nationale. De fait, le dispositif s'appuie sur 45 policiers basés à Bordeaux et sur 39 gendarmes de l'unité cyber de Rennes, rejoints dès janvier 2025 par 19 agents installés à Poitiers. Des effectifs qui peuvent interroger face aux quelque 750 infractions/jour dénombrés par le GIP. "Tous les demandeurs ne nécessiteront pas un accompagnement humain", ont fait valoir les promoteurs de la plateforme. En fonction de la nature des demandes, certains seront orientés vers les prestataires référencés par Cybermalveillance.
En pratique, c'est en fonction de la commune indiquée par la victime, située en zone de gendarmerie ou de police, que seront dispatchés les appels. Quelles sont les synergies entre le 17Cyber et les 12 centres de réponses aux incidents cyber (CSIRT) des régions ? Interrogé sur ce sujet par Localtis, Vincent Strubel le DG de l'Anssi, a concédé que pour le moment, "l'articulation n'était pas effective", imaginant que les CSIRT jouent davantage sur le registre de la "proximité".
Faire connaître la plateforme
La plateforme permet également de prendre rendez-vous pour un dépôt de plainte, une procédure qui s'appuiera sur les éléments recueillis lors des échanges sur la plateforme et qui n'auront pas à être ressaisis. Elle aiguillera aussi les victimes vers la Cnil en cas de vol ou de perte de données personnelles. Pour le moment, la plateforme gère une cinquantaine d'incidents cyber, un périmètre susceptible d'être étendu en fonction des premières remontées de la plateforme et des partenaires qui la rejoindront.
A court terme, les parties prenantes du dispositif souhaitent faire connaître la plateforme le plus largement possible. Avec 3 voix pour porter la marque 17Cyber, ses promoteurs espèrent réussir là où Cybermalveillance est à la peine : la notoriété. A cette fin, en attendant une très hypothétique campagne de communication nationale, un "widget" est proposé à toutes les entités volontaires pour diffuser l'information via leur site internet.