Auvergne-Rhône-Alpes lance l'acte II de son "bouclier de protection"
La région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé d'intensifier son aide financière aux communes et intercommunalités pour qu'elles se dotent de caméras de vidéoprotection, de centres de supervision urbains ou d'équipements pour leurs polices municipales.
"Le couvre-feu a été prononcé hier soir et on sait sur qui la mesure va retomber. Nous faisons face à de plus en plus de demandes de l'État, mais il n'y a personne pour nous aider, à part la région", déplore le maire (et conseiller régional) de Pierre-Bénite (Rhône), Jérôme Moroge, lors de la conférence de presse présentant, le 15 octobre, l'acte II du "pacte régional pour la sécurité" porté par la région Auvergne Rhône-Alpes. Adopté dans la foulée, ce "bouclier de protection" renforcé prévoit d'intensifier l'aide financière aux communes (ou intercommunalités) "qui n'entendent pas se défausser de leurs responsabilités en matière de sécurité, mais qui n'ont pas toujours la surface financière pour agir", dixit Laurent Wauquiez, président de la région. Après avoir aidé 313 communes à installer 6.144 caméras en cinq ans (pour un total de 160 millions d'euros), la région va continuer en 2021 de co-financer (à hauteur de 50%) l'installation de caméras de surveillance (jusqu'à 50.000 euros par an et par commune ou intercommunalité, contre 30.000 euros jusqu'ici), mais désormais également participer à la mise en place de centres de supervision urbains (jusqu'à 100.000 euros par CSU) et à l'achat d'équipements (gilets pare-lame ou pare-balles, pistolet à impulsion électrique, caméras piétons, bâtons téléscopiques…) pour les polices municipales (jusqu'à 30.000 euros par commune ou intercommunalité). Trois millions d'euros ont été budgétés pour 2021. "Mais on ne se limitera pas à cette somme si nécessaire", précise le président de région.
Les maires, maître tailleur
Comme la région Île-de-France, la région Auvergne-Rhône-Alpes continue ainsi d'investir un champ pour lequel elle n'est pas compétente. Un argument balayé par Laurent Wauquiez : "La sécurité est l'affaire de tous. Elle est attendue par tous les Français, quelle que soit leur couleur politique", affirme celui qui entend "tendre la main à tous les maires", citant ceux de Lyon et de Grenoble. "On n'est pas là pour assister à la dégradation de la sécurité dans notre pays en expliquant que cela ne relève pas de nos compétences. On a tous des moyens d'agir", affirme l'élu. Qui souligne l'importance du rôle des maires en la matière : "La délinquance prend des formes diverses, d'où la nécessite de passer par les maires pour faire du cousu-main", assure-t-il. L'élu, en campagne, appuie sa démonstration sur des cas concrets, en présence (physique ou virtuelle) des maires concernés. De la "simple" lutte contre les incivilités – comme à Volvic (Puy-de-Dôme), où le maire, Laurent Thévenot, entend déployer la vidéoprotection pour lutter notamment contre les dépôts sauvages en recrudescence, dégradations et autres tags, qui font grimper le coût des primes d'assurances – à celle contre les trafics les plus lourds et le développement d'une économie parallèle, comme à Bron (Rhône), où le maire Jérémie Bréaud – qui fait l'objet de menaces – entend transformer ses onze policiers municipaux non armés opérant jusqu'à 20h seulement en vingt-quatre policiers armés (et quatre ASVP), avec des brigades de nuit officiant jusqu'à 2 heures du matin. En passant par la "délinquance importée" ou de transit, comme à Gannat (Allier), ville d'à peine plus de 6.000 habitants mais située en bordure de l'A71, sur la "route du trafic" Belgique – Espagne, où l'on procède "en moyenne à 3 à 4 réquisitions de stupéfiants par semaine", rapporte la maire Véronique Pouzadoux.
TER sous vidéoprotection en temps réel… et purificateurs d'air
De son côté, la région revendique une première : un système de vidéoprotection en temps réel dans le TER liant Saint-Étienne à Lyon. 110 rames devraient prochainement être équipées de ce dispositif. Au premier trimestre 2021, plus d'une centaine de gares devraient être placées sous l'œil de 1.800 caméras, le tout couplé à un doublement des effectifs de la police ferroviaire, souligne Laurent Wauquiez. Après avoir "sécurisé 350 lycées", le président de la région entend désormais s'attaquer au dossier de la purification de l'air, arguant d'études montrant le lien entre air pollué et dissémination du covid. Dans une approche similaire, il entend aider les communes à doter leurs écoles de purificateurs. Une enveloppe de 100 millions d'euros serait prévue à cet effet.