Transports interurbains - Autocars Macron : plus de complémentarité que de réelle concurrence avec les services conventionnés
Deux ans après la libéralisation du transport régulier de voyageurs par autocar introduite par la loi Macron du 6 août 2015, les services librement organisés se sont développés sans porter atteinte aux services conventionnés, estime l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) dans son dernier rapport annuel sur le transport routier de voyageurs, portant sur 2017.
Avec environ 7,1 millions de voyageurs transportés sur des liaisons domestiques en 2017, les services de transport routier par autocar librement organisés (SLO) ont enregistré une hausse de 14,5% par rapport à 2016, selon le troisième rapport annuel sur le transport routier de voyageurs en France que vient de publier l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer). Le "gendarme" du secteur a complété ce bilan par 12 fiches régionales interactives qui fournissent les principales statistiques sur l’offre de transport interurbain de voyageurs dans les régions métropolitaines -infrastructures de transport, dessertes par les SLO et offres de transport alternatives.
Développement des liaisons infrarégionales
Deux ans après la loi Macron qui a libéralisé le transport régulier de voyageurs par autocar, les liaisons radiales (ayant pour origine ou pour destination Paris) ne représentent plus que la moitié de la fréquentation, alors qu’elles représentaient 71% des passagers en 2015. "Cette évolution s’explique notamment par le fort développement de la demande sur les liaisons infrarégionales qui représentent 22% des passagers en 2017", note l'Arafer qui estime aussi à 1,2 million le nombre de déplacements qui n’auraient pas été effectués sans cette offre de mobilité. "A défaut d’autocars, les 5,9 millions de déplacements restants auraient été réalisés essentiellement en train et en voiture (individuelle ou partagée via du covoiturage)", précise-t-elle.
303 villes desservies par un SLO
En 2017, 303 villes françaises ont été desservies par un SLO pendant au moins un trimestre soit 67 villes de plus que l’année précédente (+28%) et le nombre de liaisons commercialisées (1.666) a crû de 34% sur un an. Un peu plus de la moitié des villes desservies le sont toute l'année. A ces dessertes permanentes vient s'ajouter une offre saisonnière principalement constituée des dessertes de montagne en hiver et des communes littorales pendant la saison estivale. En moyenne, 707 départs quotidiens d'autocars ont été enregistrés l'an dernier, soit 36 trajets de plus par jour qu’en 2016. Environ 49% de ces départs ont été assurés par Ouibus, 34% par Flixbus, 14% par Eurolines/Isilines et 4% par les autres opérateurs.
Recettes en hausse pour les opérateurs
"Pour une grande majorité des liaisons commercialisées, les opérateurs ont procédé en 2017 à une modulation de la fréquence offerte, plus faible les jours de semaine et renforcée le week-end pour mieux s'adapter à la demande et ainsi optimiser le taux d'occupation", relève l'Arafer qui a en outre effectué une première estimation de la ponctualité des SLO sur la base de données relatives au second semestre 2017. Il en ressort qu'environ 1 autocar sur 5 rejoint son terminus avec un retard de 15 minutes ou plus et que le taux de retard augmente avec le nombre d'arrêts desservis par la ligne. Quant à la recette par passager aux 100 km, elle a atteint en 2017 4,7 euros hors taxes (+17,5%). Conjuguée à la hausse de la fréquentation de 14,5%, elle a permis aux opérateurs de dégager un chiffre d'affaires de 105,4 millions d'euros hors taxes l'an dernier pour des trajets réalisés en France, soit une hausse de 26% par rapport à 2016.
Services conventionnés : au plus près des territoires
Côté services conventionnés, l'Arafer a établi son bilan à partir d'informations (fiches horaires des lignes routières conventionnées) auprès des AOT régionales, auprès desquelles la compétence en matière de transport interurbain a été unifiée au 1er janvier 2017, en application de la loi Notre du 7 août 2015. Ces services, qui comprennent à la fois les cars TER et les lignes anciennement départementales, hors Corse, desservent 15.361 communes, soit 5 fois plus que le réseau ferroviaire national. "Cela fait de cette offre de transport celle qui irrigue le plus finement le territoire métropolitain", souligne l'Arafer. "En moyenne, 44 lignes conventionnées (chacune d’elles reliant en moyenne 8,5 communes) et 8 lignes de Cars TER circulent par département, indique le rapport. Les services routiers conventionnés permettent de relier en moyenne 153 communes par département (43% des communes du département), via 1.361 liaisons, permettant à 69% de la population de bénéficier d’un service routier conventionné dans sa commune de résidence."
Complémentarité des offres
L'Arafer a procédé à une analyse plus détaillée qu'en 2016 en effectuant une comparaison multimodale des offres existantes de transport interurbain, qu'elles soient conventionnées ou non, en intégrant les services ferroviaires, les services par autocars mais également avec les services aériens et le covoiturage. Résultat : près de 28% des liaisons d'autocars SLO commercialisées en 2017 sont également desservies par un service conventionné. Sur ces liaisons, la fréquence des trajets proposés par les opérateurs SLO est près de 4 fois moindre que celle des services conventionnés.
L'offre des opérateurs SLO se superpose davantage avec celle des services commerciaux puisque 56,6% des liaisons SLO possèdent des alternatives modales non conventionnées. "Ainsi, la majeure partie des voyageurs empruntant un service par autocar librement organisé avait également la possibilité de choisir un autre service commercial direct pour effectuer son trajet", souligne l'Arafer qui note également que près de 39% des liaisons SLO (642 liaisons) ne comportent aucune alternative modale directe (conventionnée ou non).
Concernant les liaisons de moins de 100 km, pour lesquelles la loi Macron a prévu un encadrement particulier visant à préserver les services conventionnés d'impacts susceptibles de compromettre leur équilibre économique, l'Arafer a publié en 2017 200 déclarations opérées par un SLO sur l'ensemble des régions de France métropolitaine. Ce développement est essentiellement porté par les dessertes d'aéroports (près du quart des déclarations).
Liaisons de moins de 100 km : les services conventionnés peu impactés
La baisse du nombre de saisines formées par les AOT sur des projets d’interdiction ou de limitation des services déclarés, amorcée en 2016, s'est poursuivie en 2017. "L’impact des services routiers librement organisés de moins de 100 km sur les services ferroviaires conventionnés, dont le juge a confirmé en 2017 la méthode d’évaluation, est le plus souvent insignifiant, estime l'Arafer. De plus, la moitié des saisines instruites en 2017 concernent l’impact des SLO de moins de 100 km sur des services routiers conventionnés."
Plus généralement, selon l’Autorité, les SLO dans leur ensemble auraient occasionné un manque à gagner pour le transport ferroviaire domestique de l'ordre de 50 à 100 millions d’euros. Ce manque à gagner affecterait essentiellement des liaisons de plus de 100 km, non régulées par l’Arafer, ou sur lesquelles SNCF Mobilités exploite des services de transport ferroviaire non conventionnés (services TGV). Le manque à gagner pour les activités TER, toutes distances confondues, resterait quant à lui très limité, entre 0,005% et 0,8% des concours publics.