Culture - Audrey Azoulay et les collectivités se mobilisent pour sauver le festival international de BD d'Angoulême
Audrey Azoulay a réuni, le 26 octobre, des représentants de toutes les collectivités impliquées dans le Festival international de bande dessinée d'Angoulême (FIBD) : la ville, l'agglomération, le département de la Charente et la région Nouvelle-Aquitaine. Objectif : sauver le festival, profondément ébranlé depuis deux ans au point que les interrogations se multiplient sur son devenir. En termes officiels, il s'agissait de faire "un point sur la situation de cet événement culturel incontournable pour la vitalité du territoire angoumoisin, le secteur de la bande dessinée et le rayonnement international de la France".
Un festival modèle durant 40 ans
Créé en 1974 sous l'impulsion de la ville - qui n'avait pourtant aucun lien avec la bande dessinée - le festival d'Angoulême a longtemps incarné le modèle réussi d'un festival culturel porté par une collectivité. Non seulement la manifestation a rapidement acquis une reconnaissance nationale puis internationale (environ 200.000 visiteurs par édition), mais elle a aussi engendré des retombées durables. La plus connue est la création, en 1990, d'une Cité internationale de la bande dessinée et de l'image, avec musée, bibliothèque, écoles spécialisées, résidences d'artistes...
Mais, depuis deux ou trois ans, le festival multiplie déconvenues et dérapages : sentiment d'une absence de gouvernance, soupçon de sexisme dans la sélection des artistes et la distribution des prix, zizanies ouvertes entre les organisateurs, menace de certains grands noms de la BD de ne plus participer, dernière cérémonie de remise des prix totalement improvisée et catastrophique...
Devant cette situation - et dès lors que "le rayonnement international de la France" est en jeu - la ministre de la Culture a décidé de prendre les choses en main. En mars dernier, elle avait déjà reçu les éditeurs de bande dessinée, qui demandaient une "refonte radicale de l'événement". Ce même mois, Audrey Azoulay avait nommé un médiateur, qui doit rendre son rapport à la fin du mois de novembre.
Une reprise en main par l'Etat et les collectivités
Lors de la réunion du 26 octobre, la ministre et les collectivités sont tombées d'accord sur les conclusions du médiateur, et notamment la nécessité d'une refonte de la gouvernance du festival, "dans le respect de son indépendance éditoriale et au sein de laquelle chacun aura sa place". Dans le communiqué publié à l'issue de la rencontre, Audrey Azoulay estime que "c'est la condition qui permet de garantir l'équilibre indispensable à la pérennité, l'attractivité et la qualité artistique d'un festival au projet renouvelé, auquel l'ensemble des parties prenantes est attaché".
De leur côté, les collectivités ont proposé de créer une nouvelle association rassemblant l'ensemble des acteurs concernés. L'association actuelle "Festival international de la bande dessinée" (FIBD) aurait vocation à en faire partie et a déjà été sollicitée à cet effet. Pour l'Etat et les collectivités, "cette structure légère devra garantir aux acteurs historiques du FIBD, aux collectivités publiques et aux organisations professionnelles représentatives, une meilleure coordination et une implication plus forte dans les décisions importantes de la manifestation". En français courant, c'est ce qui s'appelle une reprise en main.
Les participants à la réunion sont également convenus de mettre en place une convention d'objectifs et de moyen (COM) dès l'édition 2018, qui "définira les objectifs que les collectivités publiques et les organisations professionnelles assignent à la manifestation, ainsi que les moyens financiers alloués en conséquence". En attendant, l'édition 2017 - qui se tiendra du 26 au 29 janvier - servira de premier test à la reprise en main.