Astrid Panosyan-Bouvet : "Un effort sera demandé aux missions locales, je me battrai pour qu'il soit acceptable"
Lors des Rencontres nationales du réseau des missions locales au Havre ces 8 et 9 octobre, la ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a assuré se battre "pour que l’effort demandé soit acceptable". Parmi ses priorités, l’emploi des jeunes, et des décrocheurs en particulier.
"Vous le savez, le contexte budgétaire est difficile, a averti Astrid Panosyan-Bouvet. Le Premier ministre l’a dit : Il va falloir faire plus avec moins." Mais la ministre du Travail et de l’Emploi l’a assuré, lors des Rencontres nationales du réseau des missions locales qui ont accueilli plus de mille participants, ces 8 et 9 octobre au Havre : "Vous pouvez compter sur moi." Car si la situation de l’emploi s’est améliorée depuis 2017, a-t-elle rappelé, "cette amélioration ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt de grandes inégalités territoriales, sociales, ou générationnelles. Nous avons plus d’1 million de décrocheurs."
L’objectif fixé aux missions locales avec le dispositif Contrat d’engagement jeune a été dépassé en 2023, avec 200.000 jeunes. "Notre ambition ne changera pas", a déclaré la ministre. Mais il reste à relever "le défi de la qualité des contrats. Le contrat doit notamment accompagner les jeunes les plus en difficulté, où qu’ils vivent, notamment ceux qui ont été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. Et la formation est essentielle". Autres dispositifs que veut mobiliser Astrid Panosyan-Bouvet : les vingt internats gérés par l’Etablissement pour l’insertion par l’emploi, le réseau des écoles de la deuxième chance, les contrats d’insertion ou encore le service civique. Enfin, "il faut que le parcours soit adapté afin de rapprocher rapidement les bénéficiaires du monde du travail".
Astrid Panosyan-Bouvet s'est voulue rassurante : "Un effort sera demandé l’année prochaine et je me battrai pour qu’il soit acceptable. Cet effort ne portera en aucun cas sur les jeunes que vous accompagnez, mais uniquement sur le réseau en prenant garde à ne mettre aucune structure en difficulté." Le président de l’Union nationale des missions locales (UNML), Stéphane Valli, a de son côté déploré que "pour la première fois, le dispositif contrat d’engagement jeune (CEJ) a été contingenté et l'allocation du Pacea (parcours contractualisé d'accompagnement vers l'autonomie) passée de 100 à 47 millions d'euros". Or, "la précarité sociale et financière des jeunes reste très alarmante, avec plus de 4 millions de métropolitains de moins de 30 ans, soit un jeune sur cinq, qui ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté". Le bilan de 2023 établit que plus de 400.000 jeunes accompagnés par les missions locales sont entrés en emploi, 130.000 en formation et 53.000 ont bénéficié de contrats en alternance. Une satisfaction pour l'UNML, dans ce contexte de restrictions budgétaires, "le réseau a su résister à la logique de rationalisation des espaces d’accueil du service public, en conservant plus de 6.800 points d’accueil, partout sur le territoire national".
Alors, assure-t-il, "nous nous battons pour obtenir des financements afin que le million de jeunes que nous accompagnons ne soient pas pénalisés". Le budget consolidé des 435 structures comptant plus de 15.000 salariés contre 12.000 en 2019 s’élève à plus de 1 milliard d’euros. Le montant des allocations dédiées aux jeunes dans le cadre du Pacea s’est élevé en 2024 à 47 millions d’euros, et l’enveloppe dédiée au dispositif Contrat d’engagement jeune à environ 900 millions d’euros. Pour 2025, Stéphane Valli espère "la poursuite de la mise en œuvre de notre accompagnement, sans dégradation conjoncturelle de la situation sociale et de l’emploi qui nous obligerait à accompagner plus de jeunes, compte tenu des restrictions budgétaires". Le réseau poursuit par ailleurs sa démarche de labellisation, avec 80 structures déjà labellisées et 230 en cours et travaille à répartir une répartition géographique des financements entre les structures régionales et locales, en cohérence avec la réalité du terrain.