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Assises du bois et de la forêt : une feuille de route "confortée"

Le Conseil supérieur de la forêt et du bois se réunissait ce 1er décembre pour discuter de l’avancement des mesures décidées lors des Assises de la forêt et du bois et "conforter" cette feuille de route, en tenant compte des récentes annonces présidentielles relatives à la lutte contre les incendies et l’accélération de la replantation de la forêt française.

Le Conseil supérieur de la forêt et du bois (CSFB), "le Parlement de la forêt", s’est réuni ce 1er décembre avec un double objectif affiché : faire un point sur l’avancement des actions décidées lors des Assises de la forêt et du bois (voir notre article du 17 mars) et lancer la feuille de route "forêt" de la planification écologique. Les deux sont fortement imbriqués – pour ne pas dire plus – a précisé le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui n’entend pas jouer les Pénélope : "On ne va pas réinventer des feuilles de route tous les ans ! La feuille de route, c’est celle fixée lors des Assises. Il s’agit simplement de la conforter, en intégrant des questions plus prégnantes", a-t-il exposé. Entendre, d’une part, "l’amplification" de la lutte contre les incendies, en prenant en compte la "nouvelle stratégie" fixée par le président de la République le 28 octobre dernier ; et, d’autre part, "l’accélération de la replantation", avec la plantation d’un milliard d’arbres dans les dix ans (pour mémoire, la Commission européenne en espère 3 milliards d’ici 2030), objectif également annoncé le 28 octobre par Emmanuel Macron (voir notre article).

La construction bois toujours dans l’expectative

"La question reste celle de la multifonctionnalité de la forêt : la capacité à produire du bois, à capter le carbone, à préserver la biodiversité… sans opposer les unes aux autres", synthétise le ministre, en ajoutant "qu’on a besoin d’une forêt gérée pour qu’elle soit valorisée". Marc Fesneau en veut pour preuve "une forêt qui, en dépit de l’augmentation de sa superficie, stocke moins de carbone, car elle dépérit" (voir notre article du 28 octobre sur l’inventaire forestier national 2022). Et de préconiser ainsi de "repenser le peuplement dans une logique de captation carbone", en "sortant d’une opposition stérile entre feuillus et résineux", jugeant que "ce sont les sols, le climat et l’utilisation qui président".

Le Conseil n’a par ailleurs pas fait l’économie des questions désormais usuelles, et toujours épineuses, comme celle des dégâts de gibier ou des normes anti-incendie qui entravent une construction bois pourtant souhaitée. "Il faut sortir de cette logique", exhorte le ministre, qui estime que "la Suède, la Norvège et d’autres ne se posent pas ces questions métaphysiques". La nouvelle règlementation tarde toutefois à venir, mais l’on n’en saura guère plus, si ce n’est que l’appel à projets lancé sur "la connaissance au feu du matériau bois" (l’une des actions prévues par les assises) devait être "relevé" hier.

Crise énergétique au menu

Sans surprise, la crise de l’énergie s’est également immiscée dans les discussions, alors qu’elle aiguise la question des "conflits d’usages". "La hiérarchie des usages est remise en cause", concède ainsi un conseiller du ministre, prenant l’exemple des difficultés d’approvisionnement en pâte à papier face à l’utilisation grandissante du bois-énergie. La pénurie de pellets a été également été évoquée, le gouvernement ayant été "alerté par de nombreux élus locaux". "L’amélioration est en vue", assure le conseiller, qui souligne que le simple fait de "parler de pénurie contribue à la créer". Reste que ce n’est pas, loin s’en faut, la seule cause, puisqu’il fait également état de l’explosion "des ventes de poêles (+45%) et de chaudières (+100%) à granulés". Le ministre a de son côté relevé la peur de l’interdiction de l’utilisation de la biomasse exprimée lors du conseil, tout en se voulant rassurant, évoquant "plusieurs millions d’hectares sous-valorisés". Les craintes sont notamment alimentées par l’adoption, par le Parlement européen, le 14 septembre dernier, d’amendements appelant à la réduction progressive de la part du bois primaire considérée comme une énergie renouvelable dans le cadre de la révision de la directive relative aux énergies renouvelables (dite RED).

L’AMI concertation locale "forêt/société" lancé ce 1er décembre

Pour le suivi des assises, le ministère a diffusé un tableau de mise en œuvre des mesures (voir document annexé). Parmi elles, on relèvera que l’élargissement du CSFB est désormais en bonne voie : "Les personnes appelées à le rejoindre étaient invitées à la présente session", indique le conseiller du ministre. Il précise que le décret actant l’élargissement devrait être publié prochainement, et que l’arrêté désignant les membres intuitu personae le sera début 2023.

On relèvera également le lancement ce jour de l’appel à manifestation d’intérêt visant la mise en place d’outils et d’espace de concertation locale dans des territoires pilotes "afin d’améliorer l’intégration de la société dans la gestion forestière au plus près des territoires". Une expérimentation qui avait été proposée par la Fédération nationale des communes forestières (FNCofor).

 

 

 

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