Arc atlantique et sud : les régions où les difficultés de recrutement seront les plus criantes d'ici à 2030
La Bretagne, les Pays de la Loire et la Nouvelle-Aquitaine sont les trois régions où les difficultés de recrutement à horizon 2030 risquent d'être les plus importantes, selon une étude de la Dares et de France stratégie, publiée le 24 janvier.
Les régions de l’arc atlantique et du sud sont celles qui risquent de manquer le plus de bras d’ici à 2030. C’est ce qui ressort d’une vaste étude publiée par France stratégie et la Dares, mardi 24 janvier, intitulée "Les métiers en 2030 : quelles perspectives de recrutement en région".
Il s’agit en fait de la déclinaison régionale d’un travail de prospective publié en mars dernier, dans lequel les deux organismes - respectivement rattachés au Premier ministre et au ministère du Travail - montraient que 760.000 postes seraient à pourvoir chaque année en France dans les dix ans, essentiellement du fait des départs en retraite des baby boomers, pour seulement 640.000 jeunes entrants sur le marché du travail. Soit un déséquilibre de 120.000 emplois en moyenne (voir notre article du 10 mars 2022). Au plan national, un quart des emplois vont voir les difficultés de recrutement s’accentuer dans les prochaines années. Ces difficultés seront "particulièrement marqué dans les métiers où la part des seniors est élevée" et qui sont peu attractifs pour les jeunes, tels que les conducteurs de véhicules ou les aides à domicile, ou pour ceux qui sont "très dynamiques en termes d’emploi" : cadres commerciaux et technico-commerciaux...
Si les taux de départs à la retraite sont assez homogènes et varient entre 26 et 31% selon les régions, le niveau de dynamisme de l’emploi local et l’attractivité des régions crée des écarts importants entre elles, éclaire ce nouveau travail inédit.
Record des difficultés de recrutement en Bretagne
Ainsi, les régions de l’ouest et du sud sont celles qui affichent des déficits de main d’oeuvre les plus élevés. "Elles sont dynamiques en termes d’emploi et attractives pour les professionnels venant d’autres aires géographiques mais moins de jeunes y débutent en emploi qu’en moyenne nationale", explique l’étude. Les difficultés de recrutement devraient concerner 42% des emplois en Bretagne, 35,3% dans les Pays de la Loire et 32,9% en Nouvelle-Aquitaine, 30,4% en Occitanie ou 31,1% en Corse. Les régions de l’arc atlantique "sont à la fois agricoles et industrielles et les départs en fin de carrière devraient être très nombreux dans ces domaines professionnels".
L'Occitanie et l'Auvergne-Rhône-Alpes se caractérisent par un fort dynamisme des métiers de cadres de conception et de recherche (personnels d’études et de recherche, ingénieurs et cadres de l’industrie, cadres du BTP) du fait du poids de l’industrie de pointe et de l’implantation d’usine européennes, de type Airbus. Elles attirent aussi de nouveaux travailleurs en provenance d’autres régions, sous l’influence des grandes métropoles, du climat et de la présence de littoraux… Mais ces flux seront insuffisants pour équilibrer le marché du travail local, en raison du manque de jeunes débutants (à l’exception d’Auvergne-Rhône-Alpes). "Le sud-ouest bénéficie, en effet, d’un afflux de retraités ou de ménages sans enfants et peut souffrir dans certains territoires d’un départ des jeunes qui vont étudier ou chercher un premier emploi ailleurs", explique l’étude.
À l’inverse, la part des emplois risquant de connaître des difficultés de recrutement n’est que de 11,4% en Île-de-France, de 13,6% en Bourgogne-France-Comté ou de 15,8% dans les Hauts-de-France. Les prévisions de la région capitale s’expliquent en partie par sa démographie : plus de débutants et moins de seniors. Pour les régions du nord-est c’est le faible dynamisme de l’emploi qui expliquent cette moindre exposition aux difficultés de recrutement. "C’est dans ces territoires que les difficultés actuelles de recrutement pourraient se réduire le plus fortement."