Après l'attentat d'Arras, les élus formulent des propositions pour renforcer la sécurité des établissements scolaires
Les élus des collectivités locales ont formulé des propositions mercredi 18 octobre 2023, auprès de Gabriel Attal, pour renforcer la protection physique des établissements scolaires, cinq jours après l'attentat d'Arras, en souhaitant des formations pour l'ensemble de la communauté éducative.
"Le message qu'on a tous fait passer, c'est que nous partageons les objectifs d'unité républicaine et souhaitons apporter une réponse aux Français sur la sécurité des abords des établissements et dans les établissements", a déclaré Jérôme Dumont (DVD), président du conseil départemental de la Meuse, à l'issue d'un déjeuner de travail avec le ministre de l'Education. "Il y aura certainement un nouveau point avant la Toussaint pour voir où agir sur les failles potentielles dans les établissements", a-t-il ajouté.
Enquête flash
Le ministre de l'Education avait annoncé mardi 17 octobre le lancement d'une "enquête flash" auprès des directeurs d'écoles et chefs d'établissements sur l'état d'équipement des établissements en matière de sécurité. "On est en train de cibler, avec les forces de sécurité, les lycées où le risque est majeur", a indiqué mercredi Carole Delga (PS), présidente de Régions de France, tout en ajoutant que les dispositifs de sécurité "sont déjà très élevés".
Parmi les mesures proposées, figure une meilleure articulation entre les établissements scolaires et les forces de l'ordre. "Je souhaite que nous puissions améliorer la transmission des images de vidéosurveillance" et installer "des bornes d'appel dans les lycées pour avoir en urgence le contact avec les forces de police ou de gendarmerie", a souligné Carole Delga. Actuellement, les régions se sont surtout concentrées selon elle sur la mise en place de "clôtures, de caméras de vidéoprotection aux entrées des lycées avec des dispositifs de contrôle, que ce soit des sas, des tourniquets, des cartes d'accès". Carole Delga va également demander au ministre la formation "de tous les agents des lycées, collèges, écoles en matière de sécurisation" et sur "les bons réflexes à avoir en cas d'intrusion". Interrogée sur la proposition du président LR d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, d'utiliser à titre expérimental des "logiciels de reconnaissance faciale" aux abords des lycées pour pouvoir identifier des personnes "suivies pour radicalisation terroriste", elle a estimé que ce type de mesure demandait à être "beaucoup plus affinée".
Ne pas "bunkériser" les collèges
"Il faut à la fois répondre aux nouvelles menaces tout en s'inscrivant dans le temps long", avait estimé mardi le président de Départements de France (DF) François Sauvadet. Depuis 2015, les départements ont mis en place des portiques, des caméras de vidéoprotection et de vidéosurveillance à l'entrée des collèges, dont ils assurent la gestion, mais aussi des systèmes d'alerte confinement et évacuation. "Il y a un phénomène de montée du fait terroriste dans le pays, il faut se protéger. Il ne s'agit pas de "bunkériser" (les collèges, ndlr) mais de faire en sorte que ça reste des lieux de sérénité où l'apprentissage doit se faire dans les conditions les plus apaisées possibles dans un contexte anxiogène", avait-il explicité lors d'un point presse consacré plus généralement à l'actualité des départements en amont de leurs Assises de novembre. Pour ce faire, des concertations sont selon lui "nécessaires" entre les représentants de l'Etat, de l'Education nationale, des forces de police et gendarmerie et des élus, car les réponses "doivent être apportées en fonction des sollicitations, en fonction des spécificités de leurs établissements et du territoire".
"Le ministre nous a écoutés, il ne nous a fait aucune proposition concrète à ce stade", a affirmé le mercredi de son côté, André Laignel (PS), premier vice-président de l'Association des maires de France (AMF). André Laignel dit avoir particulièrement insisté sur la "nécessité de disposer de moyens financiers pour renforcer la sécurité, si c'est nécessaire, parce que la plupart de nos écoles sont déjà sécurisées et il ne s'agit pas de faire des écoles des bunkers".
Des formations en matière de sécurité et de laïcité
Interrogé au Sénat, Gabriel Attal a assuré que l'Etat allait "continuer à accompagner les collectivités locales dans ces investissements pour la sécurisation". L'AMF demande par ailleurs au gouvernement de ne pas supprimer le fonds de soutien aux activités périscolaires, une mesure prévue dans la loi de finances pour 2024. L'arrêté du 20 septembre 2023 qui diminuait de moitié les montants alloués aux communes bénéficiaires du fonds de soutien au développement des activités périscolaires (FSDAP) pour l'année scolaire 2023-2024 a été abrogé par le gouvernement, selon plusieurs sources concordantes (voir notre article du 2 octobre).
Pour renforcer les mesures de prévention, les collectivités souhaitent enfin que des formations en matière de sécurité et de laïcité soient mises en place pour l'ensemble des agents de la fonction publique des établissements.
Soutien financier et expertise de l'Etat
Ce mercredi soir, le ministère de l'Education nationale a diffusé un communiqué cosigné avec huit associations d'élus locaux (Régions de France, Départements de France, AMF, Intercommunalités de France, France urbaine, Villes de France, APVF, AMRF). L'idée d'un tel communiqué commun n'était pas acquise d'avance. Il s'agissait de marquer le fait que "l'État et les collectivités locales sont unis dans le soutien unanime qu’ils expriment à l’ensemble de la communauté éducative" et dans "leur volonté absolue de garantir, en tous lieux, la sécurisation de nos établissements scolaires et des activités périscolaires à la charge des collectivités locales".
Le texte rappelle que les "efforts" entrepris depuis 2015 pour mettre en place "des dispositifs de sécurisation du bâti et les plans particuliers de mise en sûreté" ont été "portés par les collectivités", avec "un soutien financier de l’État". Aujourd'hui, l'heure est donc à "la mise en œuvre de dispositifs techniques supplémentaires qui exigeront un effort financier significatif dont la charge ne pourra pas être portée par les seules collectivités". Soutien financier... et accompagnement "par une expertise dédiée à la sécurité de la part des services de l’État".
Il est en outre confirmé que les futurs diagnostics de sécurité concerneront "les bâtiments scolaires, leurs abords immédiats", ainsi que, comme le demandent les élus, "la formation de l’ensemble des personnels intervenant dans les établissements, qu’ils soient agents de l’Education nationale, des collectivités territoriales ou de leurs prestataires".
Une nouvelle réunion est prévue "d'ici à la reprise des cours" après les vacances scolaires, donc à partir du 6 novembre.