Après la visite du chef de l'État, la Seine-Saint-Denis attend "un traitement d'urgence" face à la crise
Emmanuel Macron s'est rendu le 7 avril 2020 en Seine-Saint-Denis, département durement touché par l'épidémie de Covid-19. À la maison de santé pluridisciplinaire de Pantin puis au centre communal d'action sociale de La Courneuve, le chef de l'État a échangé avec des soignants, des professionnels sociaux et médicosociaux et des élus. L'occasion pour ces derniers de signaler le déficit d'équipements de protection – dont masques et surblouses – auquel ils font face dans la gestion de cette crise.
Parmi les 26 départements français où l'on a enregistré un "excès de mortalité" la semaine du 21 au 27 mars 2020 par rapport à l'année précédente, les deux départements du Haut-Rhin et de la Seine-Saint-Denis se distinguent par "des niveaux d'excès exceptionnels", a rapporté le directeur général de la santé lors de son point quotidien du 2 avril consacré à l'épidémie. Alors que la population de Seine-Saint-Denis est pourtant plus jeune que celle d'autres départements franciliens, "notre département risque de payer un plus lourd tribut que d’autres", a alerté Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis, dans une tribune du 5 avril (à lire ci-dessous). "La gravité de l’épidémie en Seine-Saint-Denis, c’est d’abord le prix de la pauvreté, c’est le prix des inégalités, à tous les niveaux, avec des répercussions évidentes sur la santé publique", poursuit-il. L'élu rappelle que le "moindre recours aux soins dans le contexte d’un système de soins sous-doté [rapproche] la Seine-Saint-Denis de certains déserts médicaux ruraux". Un désert médical très densément peuplé, où "les conditions de vie et de logement ont sûrement un impact dans les contaminations", où nombre d'habitants sont exposés parce qu'ils exercent "des métiers en première ligne" tels que caissier, livreur ou ambulancier.
Tout en saluant la visite d'Emmanuel Macron qui acte le fait que "la Seine-Saint-Denis souffre plus face au Covid-19", Stéphane Troussel a demandé sur Twitter que ce déplacement soit suivi de "solutions adaptées aux besoins", "pas des mesures homéopathiques mais bien un traitement d'urgence que nous demandons depuis si longtemps". Dans sa tribune, le président de département a ajouté que des actions devront être également déployées "après la crise", en agissant "sur tous les fronts des inégalités", santé, mais aussi éducation, économie, logement et services publics.