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Approvisionnement en électricité : les centrales à charbon rappelées en renfort pour l'hiver prochain

Compte tenu de la faible disponibilité des centrales nucléaires (confrontées à des problèmes de corrosion) et des risques sur l’approvisionnement en gaz résultant de la guerre en Ukraine, la sécurité d’approvisionnement en électricité de la France pour l’hiver à venir sera "sous forte vigilance", indique le ministère de la Transition énergétique, qui s’apprête à appeler les centrales à charbon à la rescousse. Pour pallier cette situation exceptionnelle, un projet de décret est soumis à consultation publique, jusqu’au 21 juillet prochain, et prévoit le rehaussement de leur plafond actuel d’émissions à "2,500 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de plus". Deux centrales à charbon, celle de Cordemais (Loire-Atlantique), encore en activité, et celle de Saint-Avold (Moselle), dont l’activité s’est arrêtée fin mars, pourraient ainsi produire "pendant environ 2.500 heures supplémentaires" sur la période entre le 1er octobre 2022 et le 31 mars 2023. Pour rappel, le seuil actuel de 0,7 kilotonne d’équivalent CO2 émis annuellement par mégawatt de puissance installée (qui correspond à environ 700 heures de fonctionnement annuel pour une centrale) est fixé par un décret d’application (n°2019-1467du 26 décembre 2019) de la loi Energie-Climat, et a déjà permis, souligne le ministère, "la mise à l’arrêt de 2 des 4 dernières centrales thermiques utilisant du charbon en France métropolitaine". Afin de sécuriser le passage de l’hiver dernier, et déjà dans un contexte d’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire, un décret (n°2022-123 du 5 février 2022) avait modifié une première fois le plafond d’émissions. 

Ce redémarrage "s'inscrit dans le plan de fermeture", a toutefois assuré le ministère, confirmant que l'engagement d'Emmanuel Macron de fermer l'ensemble des centrales à charbon en France "demeure inchangé". Le gouvernement prévoit également d'intégrer des "ajustements législatifs" dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat qui sera discuté cet été, pour que le plan social concernant la centrale de Saint-Avold ne soit pas annulé, ce qui montre sa résolution "à fermer définitivement cette centrale à charbon". Des zones de flou persistent néanmoins sur la réouverture du site prévu le 1er octobre suscitant l’inquiétude des syndicats réunis cette semaine à un Comité social et économique (CSE) extraordinaire. 

Pas question de dépasser la barre  d'1% d'électricité produite par le charbon, fait valoir le ministère, précisant qu' "aucun charbon russe ne serait utilisé". Cela aura d’ailleurs un coût, puisque le redémarrage de Saint-Avold est chiffré à 300 millions d’euros, dont un peu plus de 200 millions d’euros d’approvisionnement en charbon issu d'autres continents. 

Enfin, le projet de décret prévoit en contrepartie la compensation carbone de ce rehaussement correspondant grosso modo à 4,5 millions de tonnes CO2 supplémentaires. Un fonds sera ainsi dédié au financement des projets de boisement, d’accompagnement à la transition vers des pratiques agricoles vertueuses, plantation de haies, utilisation de matériaux issus du réemploi dans la rénovation énergétique des bâtiments, etc. 

 

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